Le président fédéral de l’Allemagne, Frank-Walter Steinmeier, a appelé les démocraties du monde entier à défendre leurs acquis contre les attaques venant de l'espace numérique et des média sociaux.
A cette fin, il a également appelé à mettre en place des règles claires à destination des opérateurs de plateformes Internet durant le Forum Bellevue zur Zukunft der Demokratie (Forum Bellevue sur l'avenir de la démocratie) organisée par la fondation Bertelsmann.
Selon le site de la fondation Bertelsmann, le «Forum Bellevue sur l'avenir de la démocratie est destinée à apporter une contribution au débat critique» et il est «ouvert sur les questions actuelles et fondamentales et donc sur notre démocratie libre». «Lors des événements du Forum, le président fédéral discute régulièrement, avec des partenaires allemands et internationaux issus de la science, de la politique, de la culture, des affaires et de la société civile, sur des sujets tels que les effets de la numérisation, l'influence du changement démographique et [sur] le degré d'inégalité qu'une démocratie peut gérer».
Ce 1 mars 2021 a eu lieu une rencontre de l'élite allemande sur le thème Démocratie et public numérique - Un défi transatlantique. C'était le onzième événement de la série. Le site de la fondation Bertelsmann écrit qu' «avec ses invités, le président fédéral a abordé l'une des questions les plus urgentes pour notre avenir en tant que démocratie: comment faire face au changement structurel numérique de notre public?» et que «l'accent était mis sur les opportunités d'une nouvelle coopération transatlantique pour renforcer le public démocratique à l'ère des plateformes de communication numérique».
Frank-Walter Steinmeier s'est entretenu avec des invités sur les perspectives transatlantiques, européennes et nationales comme la danoise Margrethe Vestager, commissaire européenne à la concurrence depuis 2014 et également vice- présidente exécutive et commissaire chargée du numérique depuis 2019, Armin Nassehi, professeur de sociologie à l'université Ludwig Maximilians de Munich, auteur du livre Muster: Theorie der digitalen Gesellschaft (Modèle : Théorie de la société numérique) publié 2019 et l'Américain, Ben Scott, directeur général du groupe de réflexion Luminate qui développe des concepts de solutions pour les défis du changement structurel numérique».
Le business basé sur les réflexes de l'attention devient un danger pour la démocratie. «Les démocraties du monde doivent également garantir leur constitution dans le monde numérique, contre des ennemis de l'intérieur et de l'extérieur», a déclaré Frank-Walter Steinmeier ce lundi dernier à Berlin, en rajoutant en particulier que «le business de l'attention devient une menace pour la démocratie». Pour l'homme politique, les grands opérateurs de plateformes ont longtemps résisté au contrôle et à leur propre responsabilité ce qui concerne l'espace public qu'ils ont créé avec leur infrastructure. Les problèmes ont ainsi été mis en perspective ou minimisés et aucune responsabilité n'a été acceptée pour le contenu, tient à souligner Die Welt dans son article traitant de ce forum organisé par la plus puissante fondation allemande, connue pour avoir des liens proches avec les Etats-Unis, mais aussi pour écrire les discours et les livres des hommes politiques agissant en Allemagne comme au Bundestag ou au Parlement européen. «La réglementation a longtemps été déclarée l'ennemie de la liberté. Le contraire est le cas: des règles sont nécessaires pour préserver la liberté et la démocratie», a articulé l'actuel président allemand durant ces conversations.
La vice-présidente de la Commission européenne, Margrethe Vestager, a souligné que le problème était débattu dans de nombreux pays européens. On a le sentiment que «nous devons reprendre le contrôle». Puisqu'il s'agit d'un phénomène mondial, il faut une approche européenne commune et non un «patchwork». «Cela nous permettrait de faire pression sur nous pour adopter une norme mondiale. Je pense que nous pourrions jouer un rôle de leadership ici avec les Américains, créer une alliance de démocraties. Elle a insisté sur le point que, cependant, l'Europe ne devrait pas attendre les Etats-Unis car «il est très important d'avancer en Europe maintenant, de faire pression». De son côté Frank-Walter Steinmeier a supposé que ce projet de régulation «sera certainement une composante importante de la réorganisation des relations transatlantiques».
Le président allemand, qui a essentiellement une figure morale dans la structure politique dans ce pays, a martelé que «en ce qui concerne la cause de la démocratie, la révolution numérique est à la fois - une malédiction et une bénédiction, une opportunité et un danger». Il a a énuméré les attaques numériques qui sont menées contre la démocratie, en particulier, celles qui ont eu lieu autour des élections américaines, mais dans un second temps, il a souligné l'importance du réseau numérique pour, par exemple, les manifestations qui existent sur le Net pour le combat pour la démocratie en Russie et en Biélorussie.
Pierre Duval
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