L'Union européenne représente 7 organes institutionnels, 6 non institutionnels, 15 agences et comités spécialisés. L'UE compte plus de 40.000 fonctionnaires qui reçoivent entre 2.654,17 (premier échelon, premier niveau) et 18.370,84 euros (troisième échelon, 16e niveau).
36.000 personnes travaillent dans l'appareil de la Commission européenne, au Parlement européen siègent près de 5.000 personnes, 3.500 au Conseil de l'UE, 2.000 à la Cour de justice de l'UE, 1.200 à la Banque centrale européenne (BCE), 700 personnes au Comité économique et social, 500 personnes au Comité des régions.
Il ne faut pas croire que les fonctionnaires européens dirigent des secteurs concrets de l'économie des Etats membres ou sont tenus pour responsables, par exemple, des pires résultats des concessionnaires allemands en 2020depuis 25 ans. Ou qu'ils indemniseront les 1 milliards d'euros de perte des agriculteurs italiens à cause des contremesures alimentaires russes en réponse aux sanctions européennes. Non. Ce sont des gérants, et les résultats de leur gestion sont à la surface. A tel point que le ministre adjoint chargé des affaires européennes au Ministère allemand des Affaires étrangères, Michael Roth, déclare: "Nous avons perdu [pendant l'année "covidale"] une grande partie de la confiance des Etats membres."
Les Etats qui ont perdu la confiance en l'UE sont avant tout la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie (Groupe de Visegrad). Ce quartet désapprouve le fait que la "machine bruxelloise" leur impose des principes inappropriés pour ces pays. Alors que les Danois, les Français et les Allemands (la vieille Europe) critiquent le fait que 15-20% du PIB de ces quatre pays soient constitués grâce au budget de l'UE, c'est-à-dire avec la cotisation des Danois, des Français et des Allemands. Et si l'idée française d'une "Europe à deux vitesses" s'imposait à Bruxelles, plus personne ne partagerait les revenus avec la jeune Europe.
Le trio actuel de présidents du Conseil de l'UE (Allemagne, Portugal, Slovénie) tente de créer deux mécanismes supplémentaires "de protection et de renforcement de la primauté du droit de l'union européenne". Le premier de ces mécanismes est censé réguler l'accès aux fonds de l'UE en fonction du respect de la primauté du droit (européen, pas national). Bruxelles a déjà ouvert une enquête contre la Hongrie et la Pologne les accusant d'enfreindre le principe de séparation des pouvoirs et de discrimination des opposants politiques et des minorités.
Le second mécanisme a pour but de rendre le dialogue sur la primauté du droit "ouvert, positif et constructif" à la bruxelloise, c'est-à-dire de permettre de prendre des mesures coercitives collectives contre les "transgresseurs" en UE. En déclarant que "désormais la primauté du droit est la plus importante" Michael Roth se réfère à la pandémie. Mais il faut dire que maintenant cette dernière sert de prétexte très pratique pour tout et n'importe quoi.
En mai, les bureaucrates européennes ont validé un nouveau "mécanisme de protection civile" en UE. Comme le stipule la résolution du Conseil de l'UE, "les nouvelles règles permettront à l’UE et aux États membres de mieux se préparer aux catastrophes naturelles ou d’origine humaine et de réagir plus rapidement lorsque ces catastrophes surviennent, y compris lorsqu’elles touchent simultanément de nombreux États membres, comme dans le cas d’une pandémie". Le texte prévoit un total de 1 263 millions d'euros sous forme de fonds pour la période 2021-2027.
L'attachement à la "lutte contre la pandémie" de chaque initiative bureaucratique trahit la volonté de Bruxelles d'afficher sa "compétence". Et puisque personne ne sait ce qui arrivera par la suite, les Etats membres de l'UE, oubliant les "frontières ouvertes", font pour l'instant le plus simple: ils se distancent, comme l'Allemagne et la Belgique. Ou encore ils accusent les partenaires de l'UE d'absence de solidarité, comme l'Italie.
Bruxelles est vexée contre la compagnie anglo-suédoise AstraZeneca, qui a dupé l'Europe avec son vaccin, exprime des craintes concernant la "démocratie libérale menacée", que "des leaders autoritaires de l'Est sapent activement les valeurs libérales démocratiques et les institutions dans certains pays de l'UE". Bruxelles dit que pour redonner aux gens la confiance en la démocratie "nous devons revoir fondamentalement la manière dont notre démocratie fonctionne". Il est clair que dans toute cette situation il y a bien plus de politique que de médecine.
Le 9 mai, à Strasbourg s'est ouverte a Conférence sur l'avenir de l'Europe où les discussions pourraient durer pendant un an. Et il est fort à parier que ces discussions ne déboucheront nulle part. "Nous devons reconnaître que nous ne deviendrons pas un acteur géopolitique, malgré toute notre volonté, tant que l'Europe parlera sur la scène internationale avec plusieurs voix, souvent contradictoires…", écrit Euractiv. Et c'est logique. Ne voit-on pas que l'Europe ne pourra plus parler d'une seule voix?
Alexandre Lemoine
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