Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parti de Washington après son entretien avec son homologue américain Joe Biden "pratiquement les mains vides".
C'est ce qu'écrit le journaliste Mark Episkopos dans son article pour The National Interest.
D'après ce dernier, M. Zelensky n'a réussi à atteindre aucun des objectifs principaux de Kiev aux pourparlers aux États-Unis. Il a déclaré que le président ukrainien devait marquer un progrès dans l'obtention du plan d'action de l'Ukraine pour adhérer à l'Otan, or il n'a reçu aucune réponse claire de la part de l'administration Biden.
Jen Psaki, porte-parole de la Maison Blanche, a déclaré dans une conférence de presse que l'Ukraine devait remplir plusieurs conditions pour correspondre aux critères de l'Alliance.
"Pour des raisons évidentes l'administration Biden ne souhaite pas accepter l'Ukraine dans l'Otan, compte tenu d'un immense risque politique, mais elle n'a pas de volonté politique pour le dire directement, c'est pourquoi elle continue de reporter le règlement de ce problème sous prétexte d'exigences floues de procéder aux réformes", souligne Mark Episkopos.
L'objectif de M. Zelensky consistait également à persuader les États-Unis à se joindre aux négociations au format Normandie ou d'y participer activement. Néanmoins, pendant l'entretien Joe Biden restait sur la même position qu'avant. "La Maison Blanche déclinait immuablement les invitations" de participer aux négociations au format Normandie, écrit l'auteur, selon lequel la position exprimée par les autorités américaines pendant la visite de M. Zelensky "ne fait pas exception".
Mark Episkopos a également souligné que la dernière mission importante de M. Zelensky était d'obtenir des concessions majeures de la part de l'administration américaine en échange de l'achèvement de la construction du gazoduc Nord Stream 2, mais là aussi le dirigeant ukrainien a échoué.
En outre, ajoute The National Interest, à l'occasion de la visite du dirigeant ukrainien les États-Unis ont annoncé l'allocation à l'Ukraine de fonds supplémentaires, dont 60 millions de dollars d'aide militaire et 45 millions de dollars pour les besoins humanitaires. Cependant, en comparaison avec l'aide accordée par Washington à Kiev depuis 2014, ces sommes ne sont pas grandioses.
Plus tôt, Melinda Haring, directrice adjointe du Centre eurasiatique du Conseil de l'Atlantique, a parlé d'un "acte étrange" du président ukrainien Volodymyr Zelensky pendant sa visite aux États-Unis. Il est question du plan de transformation qui a été présenté pour la première fois à Washington. Selon le journaliste, les Ukrainiens ont été surpris par sa présentation d'abord aux experts américains, et pas aux concitoyens.
Le 1er septembre, Joe Biden et Volodymyr Zelensky se sont rencontrés à la Maison Blanche pour s'entretenir pendant près de deux heures. A l'issue de leur rencontre les deux dirigeants se sont prononcés contre la construction du gazoduc Nord Stream 2 parce qu'ils y ont vu une menace pour la sécurité énergétique de l'Europe. De plus, les deux dirigeants sont convenus de poursuivre les tentatives de sanctionner la Russie pour une prétendue agression.
La rencontre entre Joe Biden et Volodymyr Zelensky a débouché sur la publication d'un document commun. En même temps, tous les deux se sont abstenus de communiquer avec la presse: il n'y a eu ni conférence de presse ni réponses aux questions au début de la rencontre, où des journalistes ont été admis pour quelques minutes.
Aujourd'hui, les pourparlers avec l'Allemagne et la France sont bien plus importants pour l'Amérique, ainsi que la confrontation avec la Russie et la Chine. Washington a besoin de l'Ukraine en tant qu'instrument pour endiguer Moscou, sachant qu'à la tête de l'État ukrainien se trouvent des russophobes ardents sous la présidence de M. Zelensky. C'est sur cet aspect que Joe Biden mettait l'accent pendant son entretien avec son homologue ukrainien.
Alexandre Lemoine
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