Le 23 août, Kiev a accueilli le sommet constitutif de la Plateforme de Crimée, une tribune de discussion internationale appelée à faire revenir la Crimée en Ukraine. Ce sommet s'est déroulé à la veille des 30 ans de l'indépendance de l'Ukraine.
Des représentants de 46 pays y ont participé: outre l'Ukraine, il s'agit des États-Unis, de tous les pays de l'UE et de l'Otan. Neuf présidents, quatre premiers ministre, 17 ministères et vice-ministres des Affaires étrangères, ainsi que des ambassadeurs en Ukraine ont participé à cette conférence.
L'absence des plus éminents dirigeants de l'UE, de la chancelière allemande Angela Merkel et du président français Emmanuel Macron, a montré que ce sommet était principalement perçu comme une activité inutile organisée dans le but d'échanger des idées et d'exprimer des positions, et que la participation au forum ne valait pas le risque de susciter l'irritation et l'hostilité du président russe Vladimir Poutine.
Les États-Unis étaient représentés à ce sommet par la secrétaire à l'Énergie Jennifer Granholm. L'Allemagne a envoyé son ministre de l'Économie et de l'Énergie Peter Altmaier. Le 22 août, la chancelière allemande Angela Merkel s'est rendue à Kiev pour rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky, sans pour autant rester pour le sommet.
Les autorités ukrainiennes ont organisé la Plateforme de Crimée pour faire de la Crimée l'une des priorités de la politique nationale et la remettre à l'ordre du jour. Le président Zelensky y a songé après sa première rencontre avec son homologue russe en décembre 2019.
Selon l'idée des autorités ukrainiennes, la Plateforme de Crimée travaillera sans cesse, jusqu'au retour de la Crimée en Ukraine. Il est prévu d'ouvrir des filiales de la Plateforme de Crimée dans plusieurs pays. "Nous n'organisons pas ce sommet pour un sommet. La Crimée ne doit pas disparaître de l'ordre du jour pendant encore sept ans", a déclaré M. Zelensky à l'ouverture du forum. Il a appelé les participants au sommet à régler les problèmes concrets de la Crimée, notamment le "durcissement des sanctions, la protection des droits de l'homme, surmonter les conséquences écologiques et économiques de l'occupation".
La Russie n'y était pas présente, bien qu'elle ait été invitée au sommet. En janvier 2021, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a déclaré que la Russie pouvait assister à la Plateforme de Crimée mais uniquement pour évoquer la "modalité de la sortie de la Russie de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol, et le rétablissement de la souveraineté et de la juridiction de l'Ukraine sur ce territoire".
Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a déclaré en décembre 2020 que la Russie n'était pas opposée à la coopération avec la Plateforme de Crimée si ce forum soulevait le "rétablissement de l'approvisionnement en eau et en électricité de la Crimée, la levée du blocus commercial et de transport imposé par Kiev contre la péninsule". Mais au final, la Russie n'a pas été invitée au sommet.
Pendant cet événement, les participants ont condamné "l'occupation temporaire et l'annexion illégale de la Crimée". Les pays participants ont accepté de continuer à prendre des "mesures politiques, diplomatiques et restrictives" contre la Russie à cause du rattachement de la Crimée Ils ont également appelé la Russie à "tenir ses engagements en tant qu'État-occupant", à cesser d'enfreindre les droits de l'homme en Crimée et à laisser des observateurs internationaux et des organisations des droits de l'homme à se rendre dans la région.
Lors du sommet, Volodymyr Zelensky a appelé la Russie à participer à la Plateforme de Crimée "pour élaborer ensemble des solutions de désoccupation de la Crimée et corriger son (de la Russie) erreur historique tragique". Le président ukrainien a promis que la déclaration du sommet, outre les participants, pourrait être signée par d'autres pays et qu'il y aurait "toujours une ligne pour la signature d'un représentant de la Russie".
Alexandre Lemoine
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