Observateur Continental a remarqué une analyse parlante de Stavros Atlamazoglou qui est un journaliste spécialisé sur la défense et des opérations spéciales. C'est, aussi, un vétéran de l'armée hellénique (service national avec le 575e bataillon de marines et le QG de l'armée) et diplômé de l'Université Johns Hopkins.
Stavros Atlamazoglou avertit, indirectement, l'Occident sur sa volonté de toujours cibler la Russie comme une menace et évoque les conséquences désastreuses que cette politique voulue par Washington pourraient avoir sur le monde. L'expert obnubilé par le danger russe construit un scénario apocalyptique dont la Russie en serait, bien sûr, la responsable. Il nous révèle, en somme, les rêves les plus fous de l'Otan.
Le Pentagone cherche, avec l'arrivée de la concurrence des grandes puissances, à se concentrer une fois de plus principalement sur les menaces proches de la Chine et de la Russie, avertit Stavros Atlamazoglou: «Ainsi, des organisations et des alliances comme l'Otan se sentent à nouveau pertinentes». Le journaliste invite à explorer les chiffres derrière l'Otan et la Russie et de voir comment une guerre terrestre entre l'Alliance de l'Atlantique Nord et Moscou pourrait se dérouler.
Selon l'auteur, le Pentagone a acquis une expérience précieuse et durement acquise, au cours des vingt dernières années de guerre au Moyen-Orient, apprenant plusieurs leçons et perfectionnant des tactiques, des techniques et des procédures, en particulier celles liées aux opérations spéciales. «Mais, ces leçons ne se traduiraient pas nécessairement directement par un conflit potentiel contre la Russie ou la Chine», avertit-il.
Moscou et Pékin peuvent déployer des armées modernes collaborant d'une manière proche qui nécessiteraient une toute nouvelle approche à contrer. Stavros Atlamazoglou invite l'armée américaine à reprendre son Cold War playbook (livre utilisée pour les règles durant la guerre froide) et d'y rajouter les chapitres les plus pertinents de la guerre mondiale contre le terrorisme, et développer une nouvelle façon moderne de se battre. Pour Stavros Atlamazoglou, alors que les Etats-Unis étaient obsédés par l'Afghanistan, l'Irak et la Syrie, leurs concurrents rattrapaient leur retard: «L'armée russe, par exemple, traverse un processus de modernisation depuis quelques années».
Selon Stavros Atlamazoglou, «tout conflit entre les deux aurait très probablement lieu dans la région de la Baltique ou de la mer Noire», car «l'Otan vient de sortir une nouvelle stratégie pour faire face à l'agression russe en Europe et ailleurs, présentée le 21 octobre 2021 appelée Concept for Deterrence and Defense in the Euro-Atlantic Area (Concept de dissuasion et de défense dans la zone euro-atlantique). La stratégie aborde les menaces cyber, nucléaires, hybrides et conventionnelles de Moscou. Mais, comme l'expert grec le souligne, l'approche de l'Otan vis-à-vis de Moscou est toujours centrée sur une dissuasion et une défense crédibles, ce qui signifie que l'Alliance de l'Atlantique Nord n'assumerait aucune opération offensive, ou du moins ne déclencherait pas de guerre». Il est à remarquer que la cible d'un conflit potentiel et réaliste se précise, comme Observateur Continental vient de le faire remarquer, avec la Turquie qui a décidé de s'approprier de la moitié de la mer Noire.
En cas de guerre terrestre, la rapidité et la violence de l'action seront, selon l'expert publiant dans 19FortyFive, déterminantes et la Russie aurait un avantage car elle serait la force d'attaque. Stavros Atlamazoglou imagine que «Moscou tentera très probablement de s'emparer des Etats baltes (Lituanie, Estonie et Lettonie), un peu comme elle l'a fait avec la Crimée en 2014», mais tient à dire qu' «il y a bien sûr des différences entre les deux cas». En conséquence, Stavros Atlamazoglou déclare que «la puissance de blocage de l'Otan dans les premières heures et les premiers jours serait la clé et que «si les membres locaux de l'Otan, aidés par les Etats-Unis et d'autres forces de l'Otan, peuvent bloquer ou même suspendre l'avance russe, ils donneront le temps aux renforts d'arriver». Stavros Atlamazoglou, se faisant un visionnaire d'une Russie envahissant ses voisins alors que jusqu'à maintenant, c'est l'Otan qui n'a pas respecté sa parole de ne pas envahir les pays au-delà de l'Oder-Neisse, il s'imagine que «si l'armée russe parvient à faire plier les piquets de l'Otan et à passer au travers, la situation serait grave pour l'Alliance du Nord»: «Après la capture des Etats baltes, les forces russes tenteraient d'empêcher ou de se défendre contre une contre-attaque de l'Otan dirigée par les Etats-Unis».
Le Monde diplomatique retrace cette violation de l'accord avec Moscou par les Etats-Unis et l'Otan: «Des documents récemment déclassifiés permettent de reconstituer les discussions de l’époque et de prendre la mesure des engagements politiques occidentaux envers Mikhaïl Gorbatchev en échange de ses initiatives pour mettre fin à la guerre froide».
L'expert grec, pourtant, n'en démord pas, la Russie est le seul danger: «Il y a quelques années, le Human Security Center, un groupe de réflexion britannique, a estimé que dans une guerre terrestre entre l'Otan et la Russie, Moscou pourrait «s'engager dans des frappes conventionnelles guidées avec précision en utilisant des missiles de croisière et balistiques contre des attaques militairement, économiquement et politiquement sensibles, ciblant des endroits à travers l'Europe, y compris le Royaume-Uni» et même essayer de couler des navires transportant des troupes et des chars des Etats-Unis». Ainsi, «le conflit pourrait également s'intensifier dans la région arctique où l'Otan bénéficie d'un avantage maritime».
Mieux encore, le journaliste militaire présente l'ordre de bataille des membres et partenaires locaux de l'Otan dans la région: «Sur le terrain, les Etats baltes (Lituanie, Estonie et Lettonie) peuvent déployer environ 20 500 soldats en service actif et 80 000 soldats de réserve, 247 véhicules de combat d'infanterie et environ 300 pièces d'artillerie de tous diamètres. En mer, les trois pays baltes ont une force combinée de 14 navires alors qu'ils ne disposent pas d'une flotte d'avions considérable et s'appuient sur l'Otan pour leur défense aérienne. Sur le terrain, les pays scandinaves (Danemark, Norvège, Finlande et Suède - qui n'est pas membre de l'Otan) peuvent déployer environ 72 000 soldats en service actif et 380 000 soldats de réserve, 415 chars, 783 véhicules de combat d'infanterie et environ 1 730 pièces d'artillerie de tous diamètres».
Les Scandinaves peuvent aligner 55 navires de surface de différentes tailles et capacités en mer et 11 sous-marins. Dans les airs, la force combinée des Scandinaves est d'environ 250 appareils, dont le JAS 39 Gripen (Suède), le F-16 (Norvège et Danemark), le F-35 (Norvège et Danemark) et le F-18 Hornet (Finlande). Inversement, l'armée russe peut déployer 900 000 soldats en service actif et deux millions de soldats de réserve, 2 800 chars - avec des dizaines de milliers en réserve - 4 500 véhicules de combat d'infanterie et 3 900 pièces d'artillerie. Dans les airs, Moscou peut déployer 1 800 avions, tandis qu'en mer, 115 navires de surface de toutes tailles et rôles et 60 sous-marins.
Ces chiffres d'après l'auteur, qui envisage l’agression russe, ne sont pas inclusifs et ne tiennent pas compte de la force opérationnelle de l'Otan déployée dans la région, des forces armées polonaises ou de toute formation américaine en Allemagne: «De plus, les scénarios ci-dessus supposent que ni l'Otan ni Moscou ne chercheraient à déployer des armes nucléaires - pas même des armes nucléaires tactiques - dans un conflit potentiel, garantissant ainsi qu'il reste une affaire locale ou régionale et ne dégénère pas en quelque chose que personne ne veut».
Olivier Renault
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