La vice-présidente américaine devient de plus en plus chef de l'Etat . Mardi, la vice-présidente américaine , Kamala Harris, a entamé une visite de cinq jours en France.
Elle participera à de nombreuses cérémonies . Elle vient, d'ailleurs, de participer à la commémoration des victimes de la Première Guerre mondiale, et elle a rencontre mercredi le président de la Ve République Emmanuel Macron. Le dernier fait est remarquable par le fait que la conversation a eu lieu entre deux représentants des pouvoirs pas tout à fait comparables. Pourtant, Kamala Harris est la deuxième personne de l'Etat et Emmanuel Macron est la première. Le fait est surprenant, mais compréhensible. Joe Biden démontre trop souvent qu'en raison de son âge, il ne peut pas représenter efficacement les Etats-Unis dans de nombreux événements internationaux.
Kamala Harris prononcera un discours le 11 novembre lors de la 4ème édition du Forum de Paris pour la Paix. Cette fois, le forum sera inhabituel en termes de sujets. Comme en 2020, il se concentrera moins sur la menace de guerre que sur la lutte contre la pandémie. Kamala Harris participera, également, à une conférence sur la Libye le 12 novembre.
Cependant, l'événement le plus important et le plus attendu de la visite de la vice-présidente américain est sa rencontre avec Emmanuel Macron. Il a été question de mesures concrètes pour aplanir les problèmes des deux pays qui ont surgi après la création de l'accord avec les Etats-Unis, le Royaume-Uni et de l'Australie (AUKUS). Cet accord a choqué la France. Il faut se rappeler qu'elle a entraîné de grandes pertes matérielles pour Paris. Les constructeurs français de sous-marins ont perdu plus de 60 milliards de dollars de bénéfices en raison de la rupture du contrat avec l'Australie.
La rencontre de Biden-Macron au sommet du G20 est devenue la preuve symbolique que les pays dans leur ensemble se sont réconciliés. Là, le président américain a dit quelque chose pouvant ressembler à des excuses à l'attention de la France. Mais un certain euphémisme subsistait dans les relations entre les deux pays. Les excuses restent des mots, et il est souhaitable que les Américains appuient leur engagement dans l'alliance de la Maison Blanche avec l'Elysée par des actes.
Observateur Continental a souligné la déclaration de Joe Biden s'adressant à Emmanuel Macron: «J’avais l’impression que la France avait été informée très en amont que le contrat [de sous-marins qu’elle avait passé avec l’Australie] ne se ferait pas. Devant Dieu, je vous assure que je ne savais pas que vous ne l’aviez pas été».
A la veille de la visite de la vice-présidente, l'administration américaine a publié un communiqué indiquant que les sujets de conversation entre Emmanuel Macron et Kamala Harris seront la santé, le climat, la sécurité régionale et la possibilité de coopération dans l'espace. Il est possible que ce dernier soit un prix à payer pour un coup porté à l'autorité et à la bourse des Français. Cette rencontre permet selon la Maison Blanche d'exprimer son appréciation pour l'amitié étroite et les valeurs partagées entre les Etats-Unis et la France.
Dans le même temps, il convient de noter que les négociations sont menées par des politiciens pas tout à fait égaux. Emmanuel Macron est président et Kamala Harris n'est que vice-président. Cette violation des règles diplomatiques non écrites est justifiée en l'espèce. De nombreux Américains ont voté pour le tandem Harris-Biden lors des élections présidentielles, se rendant compte que le chef de l'Etat, en raison de sa vieillesse, ne devrait pas rester en fonction jusqu'à la fin de son premier mandat. Et durant l'année incomplète de son mandat, Joe Biden a donné beaucoup de raisons à ce genre de doute. En fait, Kamala Harris remplit déjà certaines des fonctions du président des Etats-Unis. Et, sa visite en France en est un parfait exemple.
Los Angeles Times note que la visite en France pourrait viser à la fois à augmenter la cote de Kamala Harris parmi les Américains et à introduire la vice-présidente dans le cercle des principaux politiciens européens.
Selon des observateurs, il semble évident de voir Kamala Harris obtenir certains pouvoirs, étant donné que Joe Biden, en raison de son âge, 78 ans, ne peut pas être impliqué dans tout. Cependant, les deux présidents auraient déjà discuté de quelque chose. De manière générale, le conflit entre les Etats-Unis et la France est toujours réglé. Les Américains ont exprimé leur volonté d'aider les Français au Sahel, et, en outre, d'autres concessions à Paris ne sont pas à exclure.
Même si les Français, qui ont encore de l'énergie pour réfléchir à la politique internationale à cause du poids de la vie quotidienne liée à la gestion de la Covid-19, regardent d'un mauvais œil la trahison de leurs alliés (Etats-Unis, Australie, Royaume-Uni), ils considèrent surtout l'Australie comme la grande responsable de cette affaire. Les Etats-Unis ne semblent pas être la cible principale d'une rancœur au sein de la société française.
Philippe Rosenthal
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