Près de 500.000 personnes pourraient mourir en Europe durant l'hiver à cause de la pandémie de coronavirus si les pays de la région ne durcissaient pas les restrictions.
C'est ce qu'a déclaré dans une interview à BBC le directeur du bureau régional de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l'Europe Hans Kluge.
Pendant ce temps, l'Allemagne a reporté les livraisons de son vaccin BioNTech dans les pays pauvres à cause d'un manque de doses pour revacciner ses propres citoyens. C'est ce qui a été annoncé par le ministre de la Santé par intérim Jens Spahn. "Nous avons reporté une partie des livraisons de décembre à janvier et février", est cité le responsable allemand par le Frankfurter Allgemeine. Le journal reconnaît que la décision de Berlin "devrait horrifier l'OMS", qui a fixé à la communauté internationale l'objectif de vacciner contre le coronavirus au moins 40% de la population de la planète. Alors qu'il n'y a pas de consensus en Allemagne sur la nouvelle loi sur la protection contre les infections, qui a été approuvée après le Bundestag par le Bundesrat (conseil fédéral). Il explique dans quels cas doit s'appliquer la règle des 3G (geimpft, getestet, genesen, qu'il faut traduire par vacciné, testé et guéri), et dans quels cas la règle des 2G (seulement pour les vaccinés et les guéris). Sachant que les régions ne peuvent plus imposer un confinement total, c'est-à-dire fermer les maternelles et les écoles, les restaurants et les centres commerciaux. Les opposants jugent ces mesures trop souples.
En revanche, en Autriche voisine, les autorités ont durci davantage les règles sur fond de hausse du nombre de malades. Comme l'écrit le journal Die Welt, plusieurs services de réanimation du pays sont presque entièrement remplis de malades, et maintenant les spécialistes sont confrontés au choix très difficile de savoir quels patients peuvent rester dans les lits de thérapie intensive et à qui il faut le refuser. À cet égard, le chancelier Alexander Schallenberg a annoncé qu'à partir du 1er février 2022 l'Autriche deviendrait le premier pays de l'UE à imposer une vaccination obligatoire. Et d'ici là, au "confinement des non-vaccinés" pour une durée indéterminée s'ajoute un lockdown national pour tous les citoyens sans exception jusqu'au 13 décembre. Ce qui a poussé 35.000 personnes à descendre dans la rue pour manifester contre cette décision à Vienne ce week-end, paralysant le centre de la capitale. "Rendez-nous la liberté!", "Contrôlez la frontière, pas votre peuple!", disaient les slogans. Selon Spiegel online, des rumeurs circulaient sur les réseaux sociaux comme quoi les autorités auraient l'intention de "disperser du vaccin liquide depuis des hélicoptères", et leurs agents seraient cachés avec des seringues dans des canalisations pour "piquer les manifestants dans les pieds". La police a arrêté une dizaine de personnes pour le non-port du masque et l'affichage de symboles néonazis.
Alors que dans les plus grandes villes des Pays-Bas les interpellations ont été cinq fois plus nombreuses: les manifestations des dissidents anti-Covid y ont dégénéré en affrontements avec la police qui ont duré deux jours. Les manifestants incendiaient des voitures, jetaient sur les forces de l'ordre des pierres et des cocktails Molotov. Ces dernières ont dû réagir en utilisant des moyens plus dissuasifs que des canons à eau. Ainsi, des policiers de Rotterdam ont d'abord tiré en l'air, puis ont commencé à tirer sur des manifestants. Au final, trois personnes ont été hospitalisées avec des blessures par balle. Cinq policiers ont été blessés à La Haye. Pendant ce temps, le royaume a dû suspendre les opérations des malades cardiaques et oncologiques à cause d'un manque de lits. "La situation a affecté les malades de cancer qui devaient se faire opérer en l'espace de six semaines. La même chose concerne les patients ayant des problèmes cardiaques", cite l'agence Reuters l'Institut national de la santé.
Les autorités françaises compte envoyer plus de 2.000 policiers en Guadeloupe pour le maintien de l'ordre. Ce territoire d'outre-mer de la république dans l'océan Atlantique fait également face à des émeutes continues provoquées par la décision des autorités d'imposer une vaccination obligatoire pour les médecins et les pompiers. Le couvre-feu a été décrété sur l'île, des dizaines de casseurs ont été interpellés.
Pendant ce temps, aux États-Unis, le gouverneur de Floride Ron DeSantis a signé un décret interdisant à tous les employeurs particuliers et aux responsables d'établissements de la santé de forcer le personnel à se faire vacciner. Le document prescrit plusieurs raisons légales pour renoncer au vaccin, par exemple, "des problèmes de santé ou des convictions religieuses; une grossesse ou une éventuelle grossesse à court terme, une guérison du Covid-19". Le site du gouverneur rapporte que les transgresseurs de la nouvelle loi sont passibles de fortes amendes. Elle s'élèvera à 10.000 dollars pour les petites entreprises et 50.000 dollars pour les moyennes et grandes entreprises pour chaque infraction des droits du personnel. La nouvelle loi déjà en vigueur permet aux employés de passer, au lieu de la vaccination, un test au coronavirus et utiliser des moyens de protection individuels. Sachant que tout cela devra être pris en charge par l'employeur.
En Nouvelle-Zélande, des bandes de rue ont rejoint la campagne de vaccination, écrit The Guardian. La télévision nationale a récemment montré le leader d'un groupe criminel, qui avait été condamné plus tôt à trois ans et demi de prison pour trafic de stupéfiants. Le gangster tatoué avec un masque sur le visage s'est fait vacciner devant la caméra, après quoi il a adressé un message aux "collègues". "Que les membres de notre organisation dans tout le pays sachent que je l'ai fait", a fait preuve le bandit d'une conscience civile.
Alexandre Lemoine
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