Une nouvelle conférence internationale sur le règlement de la crise libyenne s'est déroulée le 12 novembre, cette fois à Paris, en soutien au processus de paix sous l'égide de l'ONU.
Ses coprésidents étaient les dirigeants de la France, de l'Allemagne et de l'Italie, le secrétaire général de l'Onu, ainsi que le chef du Conseil présidentiel libyen Mohamed Al-Manfi et le premier ministre du Gouvernement d'union nationale provisoire Abdelhamid Dbeiba. Près de 30 États et organisations internationales ont participé à la conférence.
En prévision des élections présidentielle et législatives, prévues conformément à la feuille de route du Forum de dialogue politique libyen pour le 24 décembre 2021, le message principal de la conférence de Paris a été la confirmation de la nécessité de les organiser dans les délais prévus. Une décision fondamentale a été prise concernant l'imposition de sanctions contre tout acteur libyen ou extérieur qui tenterait de saboter le processus électoral. Les participants à la conférence ont également réitéré leur attachement au retrait au plus vite des forces militaires étrangères du territoire libyen. En même temps, malgré la pression internationale exercée sur le gouvernement provisoire du pays, l'enregistrement des électeurs et des candidats qui a commencé ainsi que l'aspiration générale de la société libyenne à participer au processus électoral se décrivent par une incertitude grandissante à un mois de la date prévue.
L'enregistrement des demandes des candidats pour participer à la présidentielle s'est terminé le 22 novembre 2021. Selon la commission électorale, leur nombre s'élève à 55 candidats.
Il est évident qu'aucun des candidats ne peut être certain de l'issue des élections à son avantage. La liste définitive des participants reste inconnue, tout comme l'on ignore si les élections ne seront pas reportées. La situation d'incertitude s'exacerbe à mesure que la date du vote approche. Aucun des candidats ne veut jouer le rôle de "spoiler" en insistant sur son attachement à la feuille de route du processus de paix. Par ailleurs, cela donne l'impression qu'Aguila Saleh, Khalifa Haftar et Abdelhamid Dbeiba occupant des postes influents sont parfaitement satisfaits par le statu quo. Des contacts sont activement établis en coulisse pour créer des coalitions non seulement parmi les acteurs principaux, mais également des acteurs plus réduits de la scène politique libyenne, ce qui pourrait jouer un rôle important, voire décisif. Dans ces conditions s'aggravent les craintes concernant non seulement l'organisation des élections, mais surtout le "lendemain" et l'éventualité d'une nouvelle escalade armée.
La division politique qui persiste, qui se transforme de plus en plus en confrontation personnelle entre les acteurs politiques, ainsi que la fragmentation de l'espace de sécurité ne contribuent pas à l'organisation du processus électoral aux élections à venir.
Ainsi, la campagne entre dans sa dernière ligne droite et commence à ressembler de plus en plus aux combats sans règles, et les règles en soi sont sérieusement critiquées et contestées. Sans oublier la "guerre d'informations compromettantes" et des menaces des islamistes radicaux des Frères musulmans de saboter les élections et de replonger le pays dans l'abîme d'une guerre civile. De cette manière, le pays pourrait manquer de force pour atteindre la ligne d'arrivée. Sachant que les différentes organisations internationales et la plupart des pays intéressés, à l'exception de la Turquie, expriment leur soutien à l'idée d'organiser absolument les élections d'ici la fin de l'année.
Alexandre Lemoine
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