Tout est bien huilé dans le discours lié à l'agenda de l'armada de l'Otan. Ce plan militaire d'attaque ou d'intimidation d'un Etat souverain, la Russie, est soutenu par un puissant relais d'articles dans les média pour préparer la population occidentale, qui ne connaît en majorité rien de la vie en Russie et de la réalité de ce pays, au lancement de l'idée d'une guerre frontale.
Les médias occidentaux présentent la Russie comme l'agresseur. Pourtant, ce pays reste dans ses frontières et ne va pas mettre des troupes de son armée en France ou en Allemagne ou en Pologne. L'évolution du discours belliqueux contre la Russie explique la rencontre foireuse à Paris quand la diplomatie russe a fait le voyage pour discuter avec les homologues français.
La France, qui aurait pu agir comme un Etat souverain, ne voulait pas respecter les accords internationaux en suivant les directives de l'Otan et de Washington. Les populations en Europe sont bombardées d'informations à charge contre la Russie, pendant que ces mêmes médias ne rapportent rien sur les actions militaires de l'Otan sur les pays de l'UE, utilisant la Covid-19 comme un écran de fumée.
Une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Otan a eu lieu dans la capitale lettone Riga du 30 novembre au 1er décembre 2021. Le 1er décembre, le ministre géorgien des Affaires étrangères, David Zalkaliani et, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, y ont participé. Ce dernier avait un emploi du temps particulièrement chargé. Il prévoyait, entre autres, des négociations avec la ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, la même responsable politique qui se laissait filmer fièrement en train de parader dans un char britannique devant la frontière russe.
Sous nos yeux, les Britanniques deviennent les lobbyistes les plus actifs pour élargir la coopération entre l'Otan et l'Ukraine, prenant le relais dans ce domaine aux Polonais et aux Etats baltes. A cette occasion, Liz Truss, publiait un article contre la Russie, laissant transpirer l'ambiance de cette rencontre qui eut lieu dans ces territoires de ces si jolis pays baltes, en accusant la Russie de vouloir envahir l'Ukraine tout en menaçant: «La Russie paiera le prix si elle envahit l'Ukraine». Elle a déclaré: «Nous montrerons notre détermination à défendre les frontières de la liberté».
La ligne rouge est en passe d'être dépassée dans une frénésie irresponsable chez les décideurs politiques des pays occidentaux et de l'Otan alors que les populations souhaitent vivre dans la paix surtout avec la crise sanitaire actuelle qui continue de s'étendre sur les populations civiles.
De plus, l'Ukraine allait soulever une question qui devient déjà éternelle dans ses relations avec l'Occident: celle des paramètres de rapprochement avec l'Alliance. Le pays n'a jamais reçu de plan d'action pour l'adhésion à l'Otan. Alors que le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, refuse le soutien de l'Ukraine en cas de guerre, dès le premier jour de la réunion à Riga, celui-ci,a annoncé qu'en cas d'offensive des troupes russes de nouvelles sanctions seraient introduites. Dans le même temps, il a fait deux déclarations, semble-t-il, adressées à la fois à l'Ukraine et à la Russie.
L’Otan dicte à la Russie comment vivre. Premièrement, Stoltenberg a précisé que l'Otan ne combattrait pas sur le territoire ukrainien en cas d'invasion russe. Le secrétaire général de l’Otan a rappelé que les garanties de sécurité de l'Alliance ne s'appliquent qu'à ses membres, donc, avec l'article 5 de l'Otan qui entraîne l'action militaire des autres membres de l'Otan. Deuxièmement, le représentant de l’Alliance a rejeté, sans équivoque, l'option selon laquelle l'expansion de l'Otan vers l'Est serait exclue en principe. «La Russie n'a aucun droit de s'ingérer dans ce processus. L'Ukraine est une nation souveraine et indépendante», a-t-il martelé, soulignant que «la Russie n'a pas le droit de veto» sur l'entrée de l'Ukraine dans l'Alliance.
Et le 1er décembre, il a développé son affirmation, déclarant que l'Otan ne permet pas «même l'idée» que la Russie puisse avoir sa propre sphère d'influence sur ses voisins - des Etats souverains: «La Russie a une sphère d'influence. Ils essaient de rétablir une sorte d'acceptation que la Russie a le droit de contrôler ce que ses voisins font ou ne font pas»; «Et c'est le genre de monde dans lequel nous ne voulons pas retourner, où les grandes puissances avaient leur mot à dire, ou une sorte de droit, d'imposer des limites aux nations souveraines et indépendantes». La chose est sidérante. L’Otan, provoque un malaise en demande à la Russie de respecter des Etats souverains comme l’Ukraine, mais lui retire la qualité d’Etat souverain en lui dictant comment se conduire.
Jens Stoltenberg a bien affirmé qu' «il y a une différence entre un partenaire proche et très apprécié, l'Ukraine, où nous apportons notre soutien, et les Alliés de l'Otan, où nous avons en fait notre clause de défense collective, où nous fournissons des garanties de sécurité inscrites dans le Traité de Washington pour tous les Alliés de l'Otan». Il a précisé: «L'Otan apporte un soutien à l'Ukraine, un soutien politique pour son intégrité territoriale et sa souveraineté, mais aussi un soutien pratique en matière de renforcement des capacités – les Alliés de l'Otan assurent la formation»; «Nous avons des formateurs de l'Otan qui les aident là où ils construisent leurs forces maritimes (Odessa)»; «Certains Alliés de l'Otan fournissent également des équipements».
Pour ce qu'il en est de la rencontre foireuse de Paris avec la diplomatie russe, il est intéressant de rapporter que Moscou a décidé de publier des échanges diplomatiques entre Paris et Berlin afin de montrer aux journalistes et à la population occidentale que si la situation est aussi mauvaise actuellement entre la Russie et le commandement de l'Otan, c'est à cause, simplement, du non respect des traités internationaux par des membres de cette Alliance. La France, a encore, manqué sa chance d’agir comme un Etat souverain, une qualité justement promue par l’Otan.
Philippe Rosenthal
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