L'heure des compromis est venue au Parlement européen
La députée européenne maltaise Roberta Metsola du parti nationaliste pro-européen a été élue présidente du Parlement européen. Elle a été adjointe de l'ancien président David Sassoli, décédé ce mois-ci. Mme Metsola devrait poursuivre la ligne de son prédécesseur. À l'heure actuelle, les différentes fractions, dans le contexte de la pandémie et de la détérioration des relations avec la Russie, ne sont pas enclines à se confronter et ont choisi l'option modérée la plus évidente.
La victoire de Roberta Metsola fut facile. 458 des 616 députés ont voté pour elle. Sa candidature a été avancée par la plus grande fraction du Parlement européen, le Parti populaire européen, qui a été soutenu par la deuxième plus grande fraction, l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates. La victoire a coïncidé avec la date anniversaire de l'eurodéputée. Elle a fêté ses 43 ans. Elle est devenue la plus jeune présidente du Parlement européen. Sachant qu'à Malte Roberta Metsola ne représente pas le mainstream politique. Elle est membre du parti nationaliste, plus à droite que le parti travailliste au pouvoir à Malte. Ses opinions auraient pu causer un sérieux problème pour son élection au poste de présidente du Parlement européen.
D'un autre côté, son attachement aux valeurs d'unité de l'UE est incontestable. Mme Metsola incitait activement les Maltais à adhérer à l'UE en 2003. Elle est devenue députée européenne en 2013, après sa troisième tentative. Autrement dit, elle ne cherchait pas à associer sa carrière politique uniquement à Malte. Ainsi, malgré son appartenance au parti nationaliste, Roberta Metsola ne peut pas être qualifiée de nationaliste.
Elle est avocate de profession, spécialisée dans le droit européen. Elle est décrite comme bonne modératrice capable de trouver des compromis entre les différents groupes politiques. La nouvelle présidente a pu montrer ses capacités pendant les fréquentes absences de David Sassoli à son poste. Cela fait longtemps qu'il éprouvait des problèmes de santé et, en 2021, il ne participait pas à toutes les activités et réunions.
Roberta Metsola deviendra la troisième présidente femme de toute l'histoire du Parlement européen et deuxième au XXIe siècle. Deux Françaises avaient déjà été élues à ce poste prestigieux bien que cérémonial en grande partie: Simone Veil (1979-1982) et Nicole Fontaine (1999-2001).
En théorie, les socialistes devaient céder la place de président du Parlement européen à un représentant du Parti populaire européen, mais il s'avère à présent qu'il n'y a pas de représentants de la gauche à l'UE aux postes dirigeants que ce soit à la Commission européenne, au Conseil européen ou au Parlement européen. Cependant, la candidature de Mme Metsola ne résulte pas des concessions de la gauche mais d'un compromis entre eux et le Parti populaire européen.
La décision d'élire Roberta Metsola a certainement été influencée par le fait qu'elle représente un petit pays de l'UE, et surtout, ses opinions politiques sont éloignées du radicalisme et de l'euroscepticisme. Il existe une certaine cohésion au Parlement européen entre les politiciens libéraux, conservateurs et socialistes. Ils sont prêts à s'entendre pour empêcher la présence dans la direction du Parlement européen des Verts et qui plus est des nationalistes.
La pandémie a significativement recentré la ligne du Parlement européen. Il ne faut pas non plus oublier le contexte international, notamment l'aggravation des relations avec la Russie et la situation actuelle à la frontière ukrainienne. Tout cela pousse à chercher des compromis et à partager calmement le pouvoir.
Dans ce sens, le Parlement européen est plus stable que la situation politique dans les pays membres de l'UE. Néanmoins, l'issue du vote n'est pas toujours prédéterminée. Par exemple, le prédécesseur de Roberta Metsola n'avait réussi à obtenir les voix nécessaires seulement au second tour avec une légère avance.
Alexandre Lemoine
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