30.03.2022
Bagdad a décidé de construire un mur à la frontière syrienne afin de prévenir l'infiltration dans le pays de combattants de l'État islamique (Daech) depuis le pays voisin. Ces derniers temps, on parle sérieusement des risques de réapparition d'un noyau territorial de ce groupe terroriste. Les experts estiment que le gouvernement irakien est surtout préoccupé par la fuite éventuelle des djihadistes emprisonnés sur le territoire syrien contrôlé par les États-Unis.
La construction d'un mur par l'Irak sur une zone de 10 km près de la frontière syrienne a été rapportée par des sources de l'AFP des organes de sécurité locaux. Selon elles, le premier segment d’une hauteur de 3,5 mètres a été érigé dans le gouvernorat de Ninive. Sachant qu'il s'agirait d'une "première étape" d'une construction plus vaste pour se prémunir d'une intrusion.
L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) siégeant au Royaume-Uni affirme que ce premier pan se trouve au niveau de la ville syrienne d’Al-Chaddadi, au sud d’Hassaké.
Cette région est contrôlée par les Forces démocratiques syriennes, une alliance multinationale majoritairement kurde.
Il ne s'agit pas d'une première tentative d'ériger un tel mur. Il a été rapporté en 2018 que les forces de sécurité irakiennes avaient mis en place une barrière de fil barbelé dans la province d'Anbar, à la frontière avec la Jordanie et la Syrie. Ce dispositif était muni de caméras de surveillance thermiques avec des tours de garde le long du périmètre. Le commandant des forces frontalières de l'Irak, le général Hamad Abdallah Ibrahim, avait souligné à l'époque que la création d'un bouclier de sécurité était nécessaire dans cette zone le long de toute la frontière syrienne "pour se défendre contre toute menace".
Aujourd'hui, l'Irak est contraint de poursuivre des raids contre des éléments radicaux, bien que la coalition internationale menée par les États-Unis qui le soutient dans sa campagne antiterroriste ait annoncé plus tôt la fin de la mission opérationnelle.
À noter également que l'Irak demeure dans une situation politique instable. Comme l'ont montré les difficultés pour élire un président. Le vote prévu pour le 7 février a été annulé parce que les principales forces politiques du pays boycottaient la réunion au parlement. Les problèmes d'organisation des élections perdurent à ce jour, indiquent des médias régionaux.
Compte tenu des projets d'Irak d'ériger un mur à la frontière entre la Syrie et le gouvernorat de Ninive, Bagdad est surtout préoccupé par le problème de milliers de combattants et membres de leurs familles capturés par les Américains et les Kurdes syriens et détenus en prison ou dans des camps dans les régions du nord-est de la Syrie contrôlées par les Kurdes. C'est ces régions contrôlées par les Kurdes qui sont limitrophes avec le gouvernorat de Ninive.
Alexandre Lemoine
Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs
Abonnez-vous à notre chaîne Telegram: https://t.me/observateur_continental