05.04.2022
L'agence de presse Bloomberg a prédit à la Russie des revenus record de la vente de pétrole et de gaz. Si la Russie continuait d'exporter ses hydrocarbures, cela pourrait lui rapporter la somme record de 321 milliards de dollars en 2022.
Selon les prévisions de Bloomberg, malgré la situation autour de l'Ukraine et les sanctions occidentales, la Russie pourrait gagner plus de 320 milliards de dollars grâce aux exportations pétrolières et gazières en 2022. Soit environ 35% de plus que l'an dernier.
Goldman et l'Institut de la finance internationale (IIF) s'attendent à un solde positif record du compte des opérations courantes en Russie en 2022 à hauteur de 205 milliards de dollars.
L'économie russe éprouvait des difficultés au cours du premier mois de l'opération spéciale en Ukraine, mais elle pourrait encore s'en tirer avec d'excellents indicateurs du solde commercial et de paiement, à moins que tous ses plus grands partenaires commerciaux ne coupent les robinets pour ses exportations.
Bloomberg Economics estime que malgré toutes les difficultés rencontrées par les consommateurs dans le pays et la pression étrangère qui se renforce sur ses finances, en 2022 la Russie gagnera presque 321 milliards de dollars des exportations d'hydrocarbures, soit plus d'un tiers de plus qu'en 2021. Selon un pronostic de l'IIF, en 2022 la Russie pourrait s'attendre à un solde positif record du compte des opérations courantes, jusqu'à 240 milliards de dollars.
"Le plus grand moteur du solde positif des opérations courantes de la Russie continue de paraître très solide", indique dans son rapport un groupe d'économistes de l'IIF mené par Robin Brooks. Même compte tenu des sanctions actuelles, un afflux important de la monnaie forte devrait se poursuivre en Russie."
Cependant, ces estimations pourraient changer en cas d'embargo total sur la vente d'hydrocarbures russes. Même sans cela, la production et les exportations du pétrole russe diminuent déjà, et l'Agence internationale de l'énergie (AIE) prédit qu'en avril la Russie pourrait perdre presqu'un quart de sa production pétrolière.
Plusieurs pays acheteurs traditionnels cherchent également d'autres options et préfèrent ne pas signer de nouveaux contrats de livraisons de Russie sur fond de condamnation générale de l'opération spéciale russe en Ukraine. D'autres grands importateurs, tels que l'Inde, bénéficient d'une grande ristourne.
L'opération spéciale en Ukraine a bouleversé l'Allemagne et ses alliés de l'UE, les forçant à changer foncièrement leur politique énergétique. L'UE s'empresse de réduire sa dépendance de la Russie. Mais il est révélateur dans ce contexte qu'à l'heure actuelle l'Allemagne, la première économie de l'UE, s'oppose aux sanctions ou à la pression politique pouvant conduire à un embargo énergétique total. Seulement quelques pays, dont les États-Unis et le Royaume-Uni, ont instauré des interdictions directes sur les importations d'hydrocarbures de Russie.
Le pétrole et le gaz représentent près de la moitié des exportations russes et ont rapporté environ 40% des revenus budgétaires l'an dernier.
Scott Johnson de Bloomberg Economics déclare: "Les revenus des hydrocarbures sont une véritable bouée de sauvetage pour l'économie russe qui permet d'amortir les conséquences des sanctions sévères et empêcher une crise de la balance des paiements. Or l'inflation augmente rapidement dans le pays même sans embargo énergétique, et une profonde récession est attendue."
Néanmoins, d'après l'agence de consultation TS Lombard, la dévaluation du rouble couplée au baril plus cher en dollars rapportera au budget russe cette année 103 milliards de dollars supplémentaires.
Goldman Sachs Group Inc. a revu à la hausse le pronostic du surplus du compte des opérations courantes de la Russie et estime son solde positif à 205 milliards de dollars. Goldman Sachs pense que cela pourrait suffire à la Banque de Russie pour satisfaire la demande du secteur privé de la devise étrangère et lui permettre d'assouplir les mesures de contrôle du mouvement des capitaux.
La capacité de la Russie de vendre du pétrole et du gaz à l'étranger pourrait être la seule chose qui préserve l'économie contre des troubles financiers encore plus graves.
L'IIF estime qu'un embargo énergétique total de l'UE, du Royaume-Uni et des États-Unis contre la Russie entraînerait une réduction de la production dans le pays de plus de 20% et pourrait coûter à la Russie jusqu'à 300 milliards de dollars de manque à gagner en fonction de la fluctuation des prix.
Alexandre Lemoine
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