20.04.2022
Une guerre nucléaire entraînerait un changement global du climat et la famine, avertit l'ONU. Cela fait longtemps que les chercheurs et les politiciens mettent garde contre les conséquences d'un conflit même avec l'usage d'une arme nucléaire tactique.
Les experts américains admettent la possibilité d'une frappe nucléaire de la Russie en Ukraine si les activités militaires dans le Donbass échouaient. En particulier, cela a été mentionné dans une interview à CNBC par Niall Ferguson de l'institut Hoover à l'université Stanford.
Changements climatiques et famine
Les représentants de l'ONU ont écrit sur Twitter au sujet des conséquences d'une guerre nucléaire pour le climat mondial. Un tel conflit ferait chuter les récoltes ou les champs seraient contaminés par la radiation, selon eux.
"Même une guerre nucléaire limitée à l'échelle régionale provoquerait une désorganisation significative du climat qui engendrerait la famine causée par l'arme nucléaire affectant plus de 2 milliards de personnes. Les médecins et les collaborateurs des services opérationnels ne pourraient pas travailler dans les régions contaminées", indique le communiqué.
La guerre en Ukraine pourrait dès maintenant provoquer la famine parmi 1,7 milliard de personnes, dont un tiers vit dans la pauvreté, déclarait l'ONU plus tôt. Selon l'organisation, 36 pays, y compris les États les plus pauvres et vulnérables, reçoivent plus de la moitié de leurs importations de blé de Russie et d'Ukraine. À cause de la guerre, plus de 30% des champs agricoles ukrainiens ne seront pas utilisés pour semer du blé, de l'orge, du tournesol et du maïs, affirmait l'ONU.
Catastrophe humanitaire
En février déjà, Ira Helfand, docteur ès sciences médicales et prix Nobel de la paix de 1985, songeait aux différents scénarios d'une guerre nucléaire dans un article pour Nation.
Le conflit avec l'usage d'armes conventionnelles pourrait provoquer une catastrophe humanitaire avec des milliers de victimes et des millions de réfugiés, écrivait-il. "En cas de débordement du conflit" au-delà des frontières ukrainiennes, les forces de l'Otan s'engageraient dans les hostilités, ce qui ferait éclater une "grande guerre" avec l'usage de forces nucléaires et un "véritable risque d'usage de l'arme nucléaire", a supposé le scientifique. D'après lui, l'explosion d'une bombe nucléaire de 100 kilotonnes au-dessus de Moscou ferait 250.000 morts, et une telle frappe sur Washington ferait 170.000 tués. Cependant, le conflit ne se limiterait pas à des évènements ponctuels et des ogives plus puissantes seraient lancées.
Ira Helfand a estimé que le nombre de victimes aux États-Unis pourraient atteindre 78 millions de morts dans les 30 premières minutes si la Russie lançait ne serait-ce que 300 ogives. De plus, l'infrastructure du pays serait pratiquement anéantie. "En l'espace de quelques mois après l'attaque, la grande majorité de la population américaine mourrait de faim, des radiations et des maladies épidémiques", suppose le chercheur. Les mêmes conséquences auraient lieu en cas d'une attaque contre la Russie.
La destruction de l'humanité
Les conséquences d'une éventuelle guerre nucléaire avaient déjà été évoquées. En 2021, le secrétaire général de l'Onu Antonio Guterres disait que l'humanité se trouvait trop près du seuil d'une destruction nucléaire. "Près de 14.000 armes nucléaires sont stockées à travers le monde. L'humanité reste trop proche d'une destruction nucléaire. L'heure est venue de dissiper le nuage d'un conflit nucléaire, de détruite les armes nucléaires dans le monde, d'ouvrir une nouvelle ère de confiance et de paix", écrivait-il.
Simulateur de frappe
En 2019, les participants au projet Science and Global Security (SGS) à l'université de Princeton (États-Unis) ont élaboré une simulation de conflit armé avec l'usage de l'arme nucléaire entre Washington et Moscou. Selon leur scénario, dans ce cas, plus de 90 millions de personnes pourraient mourir ou être blessées au cours des premières heures des hostilités. Les résultats de l'expérience ont été publiés par l'auteur de la simulation Alex Glaser dans une vidéo de quatre minutes intitulée Plan A.
Les chercheurs estiment qu'un conflit pourrait éclater (le pronostic a été fait avant la guerre en Ukraine) avec l'usage des armes conventionnels, mais qu'ensuite la Russie lancerait une frappe nucléaire préventive contre le territoire frontalier de l'Allemagne et de la Pologne. Cela serait fait pour contenir les forces des États-Unis et de l'Otan en Europe, après quoi l'Alliance riposterait par une frappe nucléaire contre la région de Kaliningrad. Selon ce scénario, après cela, le conflit dégénérerait en guerre nucléaire tactique sur le territoire de l'Europe, puis s'étendrait sur le territoire de la Russie et des États-Unis. Les auteurs du projet disaient qu'il était "motivé par la nécessité de souligner les conséquences catastrophiques éventuelles des plans actuels de guerre nucléaire des États-Unis et de la Russie".
Alexandre Lemoine
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