07.07.2022
La suppression de la redevance audiovisuelle en France sera finalement effective dès l'automne prochain, avec, selon le slogan officiel, un gain pour les ménages de 138 euros. Mais, cela signifie un manque à gagner de plus de trois milliards d'euros pour l'Etat et, selon les syndicats, une menace pour la qualité de l’information.
Comme l'avait promis Emmanuel Macron lors de sa campagne présidentielle, la contribution à l'audiovisuel public s’apprête à être supprimée cette année pour, officiellement, favoriser le pouvoir d’achat des Français. D'un montant de 138 euros en 2021, la contribution à l'audiovisuel public concerne France Télévisions, Arte-France, Radio France, France Médias Monde et l'INA. Elle est payée chaque année par 23 millions de foyers possédant une télévision. Elle représente un montant total de 3,2 milliards d'euros. Les syndicats des médias concernés évoquent un projet qui menace l'existence même de l'audiovisuel public car supprimer la redevance, ressource affectée, c'est, selon eux, précariser l'audiovisuel public en le basculant sur le budget général de l'Etat et, ce faisant, le rendre tributaire d'arbitrages aléatoires et de pressions politiques incessantes.
L'Etat «doit trouver une alternative pour financer un service public audiovisuel fort», a réagi le SNJ (Syndicat national des journalistes) de Radio France dans un communiqué.
Le SNJ déclare que «Radio France affiche des records en termes d’audience radio et aussi sur le numérique, qui, pour certains, sont inégalés en Europe» et est d'avis que l'Etat veut la briser car c'est peut-être là le problème». Pour les syndicats de Radio France, «nous faisons de l’ombre au privé et il est urgent de nous briser les ailes». Ainsi, «l’objectif réel qui est clair» a pour but «de regrouper pour réduire les coûts et donc assez vite, supprimer des postes».
Pourtant, les arguments du syndicat ne tiennent pas trop la route. Les rédactions affiliées à Radio France ronronnent sur le politiquement correct depuis des années et en aucun cas elles n'apportent un plus réel dans le paysage médiatique en France en ce qui concerne l’existence d’une information inédite.
Certes, le projet d'Emmanuel Macron est, sous couvert de faire des économies, de concentrer tout simplement les médias sous une même entité pour en finir d'étouffer la liberté de travail du journaliste. Les journalistes en France ont, déjà depuis des années peur de perdre leur emploi et écrivent ce que leur direction souhaite voir. Comme le SNJ, avertit, «il est question de créer une gigantesque news-room où nous cohabiterions avec les camarades de la télévision» et le SNJ est totalement impuissant face au pouvoir politique et financier de l'Etat. En effet, les journalistes du service public sont des fonctionnaires de l'Etat, des pions qui ne font que rapporter l'information officielle.
Pour remplacer la redevance, le gouvernement souhaite intégrer le financement des médias publics dans le budget de l'Etat, où le budget sera soumis à la validation du Parlement comme l’a fait l’Espagne ou les Pays-Bas. Dans ce cas, ce seront les responsables politiques qui décideront du budget alloué aux médias publics. Ils pourront ainsi avoir une main sur le fonctionnement des médias. Les syndicats des médias publics s’inquiètent d’une perte d’indépendance du service public et d'une réduction budgétaire sur le long terme. Un nouveau gouvernement pourra, par exemple, baisser le financement à sa guise dans les années à venir. La liberté de la presse en France est déjà mise à mal depuis plusieurs années en France.
Selon le Conseil de l'Europe, les médias de service public doivent relever un certain nombre de défis pour pouvoir exercer leur rôle. Ils doivent, notamment, conserver un juste degré d’indépendance vis-à-vis des détenteurs de pouvoir économique et politique, obtenir un financement approprié, s’adapter à l’ère numérique et maintenir une qualité éditoriale élevée dans un marché compétitif.
Les médias de service public (MSP) ont le rôle important pour défendre le droit fondamental à la liberté d’expression et d’information, conformément à l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme. Ils permettent à chacun de rechercher ou de recevoir des informations et permettent la promotion les valeurs de la démocratie, de la diversité et de la cohésion sociale. Ainsi, qu'en est-il de la défense du droit fondamental de la liberté d'expression en France et de la promotion des valeurs démocratiques avec cette nouvelle réforme?
Pierre Duval
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