02.08.2022
La situation, qui s'était soudainement aggravée à la frontière entre la Serbie et le Kosovo, se normalise. Après que, dimanche, le monde a été au seuil d'une nouvelle guerre des Balkans, la nuit de dimanche à lundi a été plutôt calme, les barricades ont commencé à être démantelées sur certaines routes.
Cependant, il sera impossible d'oublier les Balkans, une région, surnommée encore au début du siècle "poudrière de l'Europe", qui apporte des surprises en nombre. Il suffit de dire qu'il y a seulement deux semaines l'éclatement d'une autre partie de l'ex-Yougoslavie a été prédit. Et cette prédiction a été faite par Milorad Dodik, président de la Republika Srpska, qui fait partie de facto de l'État confédéré de Bosnie-Herzégovine.
D'après Milorad Dodik, l'État de Bosnie-Herzégovine ne peut pas être considéré comme un projet réussi puisqu'il s'est transformé en protectorat de l'Occident et, pour cette raison, dérive vers l'instabilité et la désintégration. Or en ce qui concerne la Republika Srpska, son président lui souhaite de devenir "indépendante, développée et heureuse".
La situation n'est pas non plus paisible en Croatie, où le premier ministre et le président se sont récemment accusés d'être prorusses. Sachant que le président Zoran Milanovic a reconnu par la suite que les relations entre son État et la Russie n'étaient pas amicales, et il estime que cela pourrait dégénérer en "quelque chose d'imprévisible".
Même si une estimation exacte est impossible, en moyenne le risque d'une nouvelle guerre survient dans les Balkans au moins une fois par an. Les Serbes et les Albanais du Kosovo font régulièrement parler d'eux, avant de faire preuve de disposition au compromis. Certains experts pensent même que de cette manière le Kosovo et la Serbie signalent aux partenaires occidentaux la nécessité de poursuivre l'aide économique. Ainsi que si la région ne recevait pas suffisamment d'investissements directs, les conflits deviendraient plus nombreux dans les Balkans, et la vie plus dangereuse.
À qui s'adressait cette fois ce "spectacle" capable à tout moment de dégénérer en une véritable guerre à cause d'un acte maladroit ou d'un tir accidentel? Probablement pas aux États-Unis (même si les Albanais du Kosovo remercient l'ambassadeur américain pour son intervention), mais avant tout à l'UE et notamment à l'Allemagne.
Depuis le 24 février, des politiques européens ont déclaré à plusieurs reprises qu'il leur fallait intégrer au plus vite les Balkans occidentaux (c'est ainsi que l'UE qualifie les anciennes républiques yougoslaves, qui ne font pas encore partie de l'UE, et l'Albanie). Le chancelier allemand Olaf Scholz s'était même spécialement rendu dans la région en promettant de nouveaux investissements majeurs et une adhésion rapide à l'UE.
Toutefois, cette intégration est promise sous réserve. Olaf Scholz a déclaré que l'Albanie et la Macédoine du Nord répondaient à toutes les exigences pour entamer des négociations sur l'adhésion à l'UE, et elles doivent commencer au plus vite. Mais les choses se compliquent avec la Serbie, qui doit d'abord s'entendre sur la démarcation de la frontière avec le Kosovo, car l'UE ne pourra pas accepter deux candidats qui ne se reconnaissent pas.
C'est aujourd'hui le principal problème sur la voie d'intégration de la région dans l'UE, à laquelle aspirent non seulement les Albanais, mais également les Serbes, malgré leur amitié traditionnelle avec la Russie et le refus d'adhérer aux sanctions européennes contre Moscou.
Le problème réside toujours dans le Kosovo du Nord principalement peuplé par des Serbes. Belgrade voudrait obtenir ce territoire et dans ces frontières adhérer à l'UE, où les frontières ne pourront plus être contestées. Alors que les Albanais du Kosovo veulent rejoindre l'UE dans leurs anciennes frontières administratives (dans lesquelles le territoire se trouvait au sein de la Serbie avant de proclamer son indépendance).
Toutefois, un compromis est également possible: un échange de territoires litigieux où les Serbes remettraient au Kosovo des enclaves albanaises en échange des "territoires du nord". Cependant, un tel échange est incompréhensible et douteux pour les médiateurs européens et américains, qui voudraient clore le problème sans changements radicaux. En fin de compte, selon eux, il importe peu au sein de l'UE où passent ces frontières, mais il est important quelle langue est parlée et si les droits de toutes les nationalités sont respectés au pied d'égalité.
Par conséquent, ce problème reste en suspens et le restera pendant encore longtemps. Bien évidemment, à condition qu'un dirigeant plus agressif n'arrive au pouvoir au Kosovo ou en Serbie et ne déclenche par accident ou intentionnellement une nouvelle grande guerre dans les Balkans.
L'information obtenue à partir de sources ouvertes
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