04.08.2022
L'émergence d'un troisième parti aux Etats-Unis a intensifié la discussion sur la nécessité de reformater le système politique. Peu de gens croient à la longévité de la nouvelle plateforme politique mais il n'y a presque aucun doute sur sa capacité à renverser radicalement la donne pour les élections de 2024.
Ce troisième parti politique, Forward [En avant], ayant une orientation centriste, est une réaction à l'aggravation de la crise de confiance dans le système bipartite aux Etats-Unis. Coprésidée par l'ex-candidat démocrate à la présidentielle, Andrew Yang, et l'ex-gouverneur républicaine, Christine Todd Whitman, du New Jersey, le nouveau mouvement politique a intégré d'autres mouvements politiques créés par d'anciens responsables des administrations de Ronald Reagan, George W. Bush, George W. Bush et Donald Trump, comme Observateur Continental l'avait signalé.
La nouvelle organisation, qui revendique un rôle national, ne peut pas encore se vanter d'un programme politique détaillé et se limite à des déclarations populistes sur la nécessité de «relancer l'économie» et de «donner aux Américains plus d'opportunités en termes de choix». L'accent principal mis par les représentants dans leurs communications avec la presse est le désir de satisfaire la demande publique de destruction du monopole administratif des partis démocrate et républicain aux Etats-Unis.
Les stratèges de Andrew Yang et Christine Todd Whitman citent principalement les résultats d'une enquête menée par le service de sondage Gallup de l'année dernière. Selon ses résultats, plus de la moitié des Américains (62%) ont exprimé leur confiance dans le fait que le pays a besoin d'une troisième force politique nationale. Les citoyens ont expliqué ces réponses car, selon eux, les partis systémiques actuels ne font pas face à leurs obligations et «font mal leur travail, ne représentant pas pleinement les intérêts du peuple américain». C'est un record.
Une tendance voit le jour aux Etats-Unis. Les électeurs souhaiteraient avoir plus que deux partis.
Ainsi, des observateurs ont observé que le paysage politique du pays est en fait quadripartite: l'électorat s'identifie le plus souvent à des personnalités spécifiques en compétition dans les primaires. Ils notent qu'il sera extrêmement important de savoir quels fonds les «alternatives» collectent et s'ils ont des sources de financement cachées. Cependant, dans le cas de l'idée originale de Andrew Yang et Christine Todd Whitman, beaucoup de choses seront connues, probablement seulement vers 2023, lorsque Forward tiendra son premier congrès. Durant l'Histoire des Etats-Unis, la plupart des actions «alternatives» ont été faites dans des conditions d'extrême impopularité du parti au pouvoir alors qu'il briguait à sa réélection. De ce point de vue, il n'est pas difficile d'expliquer la raison de l'émergence actuelle du mouvement politique Forward: les résultats de Joe Biden sont à un niveau extrêmement bas.
L'historien Michael Beschloss, commentant la situation autour de Forward, a attiré l'attention sur le fait que des partis tiers ont parfois une influence irréversible sur le processus électoral, ce qu’il a exprimé dans un tweet: «N'oubliez pas qu'historiquement, les partis tiers ont, parfois, pour effet de faire basculer une élection serrée vers le candidat d'un parti existant qui est à l'opposé de ce que le troisième parti représente». Ainsi, il a rappelé qu'une bonne performance en 2000 du représentant des Verts, Ralph Nader, avait créé un obstacle pour que le démocrate Al Gore remporte la course présidentielle contre le républicain George W. Bush. «Il est possible que si un tiers, qui s'occupe des ''centristes'', décide de nommer un candidat à la présidence en 2024, il pourrait diviser les électeurs anti-autoritaires et garantir l'élection d'un président autocratique», a averti Michael Beschloss, appelant à la prudence. Dans un entretien à MSNBC, il avait mis en garde les auditeurs de la station que la démocratie aux Etats-Unis et en danger en faisant un parallèle avec la période de la Seconde Guerre mondiale où selon ses termes «des fascistes se trouvaient dans le pays et souhaitaient à cette époque avoir un leader fasciste». Il faut remarquer que, selon son avis d’observateur de la scène politique américaine, Michael Beschloss n’hésite pas à montrer du doigt Donald Trump comme ce danger.
Philippe Rosenthal
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