13.10.2022
En 2011, la Chine a évacué de Libye 36.000 de ses concitoyens travaillant dans le secteur pétrolier et ferroviaire après le changement de pouvoir dans le pays et le début d'une guerre civile. Depuis, Pékin a considérablement élargi sa présence en Afrique dans le cadre de l'initiative Nouvelle route de la soie (ou la Ceinture et la Route). Mais la Chine est contrainte de régler de plus en plus souvent les conflits entre les dirigeants africains et créer des services de protection afin de protéger son personnel et ses investissements.
L'évacuation de Libye demeure à ce jour la plus grande opération pacifique de ce genre dans l'histoire de la Chine contemporaine. Mais puisque le rôle de la Chine en Afrique a grandi, elle se retrouve de plus en plus souvent impliquée dans les conflits intérieurs sur le continent. Comme le souligne le quotidien South China Morning Post, cela remet en question la politique de non-ingérence dans les affaires intérieures des États à laquelle Pékin est officiellement attaché.
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken et d'autres politiques occidentaux accusent la Chine d'utiliser les crédits et les prêts pour soumettre les États africains à son influence et évincer les concurrents du continent. Selon cette version, plusieurs pays émergents se seraient même retrouvés dans le fossé de la dette creusé par la Chine.
Tim Zajontz, de l'université Stellenbosch en Afrique du Sud, n'est pas aussi catégorique. Selon lui, la Chine assume le fardeau en matière de sécurité et de règlement de conflits sur le continent.
D'après le groupe d'études sur l'Afrique de l'Institut des économies en développement du Japon (IDE), la Chine participe au travail de projets d'infrastructure dans 35 pays d'Afrique. Ils sont presque équitablement répartis entre deux secteurs: l'énergie (notamment les centrales hydroélectriques) et le transport, essentiellement des chemins de fer. Suivis de fourniture d'équipements informatiques.
En termes de commerce avec l'Afrique, la Chine occupe la deuxième place derrière l'UE et devance les États-Unis. Les investissements de la Chine sont également très élevés. Quant aux dettes, en effet, les pays africains tombent dans la dépendance. Mais la Chine a mis au point un système de restructuration et d'annulation d'une grande partie des dettes afin qu'elles ne ressemblent pas à un néocolonialisme financier.
C'est à cela que ressemble la situation à en juger par les commentaires des experts et les rapports préparés par des instituts de recherche. Mais Pékin est contraint parfois d'envoyer des spécialistes de lutte contre le crime pour enquêter sur des incidents impliquant des citoyens chinois. Ainsi, la République démocratique du Congo satisfait 60% des besoins de la Chine en cobalt. Mais il y a eu des kidnappings de travailleurs chinois.
Dans ces conditions, la Chine est obligée d'appliquer une politique basée sur deux éléments. Premièrement, aider les gouvernements africains à perfectionner le système de sécurité. Deuxièmement, créer des sociétés militaires privées. En 2017, la Chine a créé sa première base militaire étrangère à Djibouti, près du détroit de Bab el-Mandeb.
Au XXIe siècle, en période de réformes, sous la présidence de Jiang Zemin, le gouvernement chinois a commencé à motiver activement les entreprises à conquérir les marchés des pays émergents. Par conséquent, il a été ordonné aux ambassades de défendre les citoyens chinois.
Il y a peu d'informations sur les sociétés militaires privées chinoises. En revanche, on sait que pour assimiler l'expérience américaine la Chine a invité Erik Prince, fondateur de la société Blackwater, dont les mercenaires ont joué un rôle notable dans les guerres en Irak et en Afghanistan. Selon la presse britannique, en 2019, Erik Prince a créé à Hong Kong une nouvelle société, Frontier Services Group, qui promettait d'assurer la sécurité et la logistique dans des "régions à risque".
Cet exemple indique que les Chinois utilisent activement l'expérience des sociétés militaires privées américaines et en créent leurs propres. Elles ont pour mission de protéger la vie et la propriété des citoyens chinois dans différents pays du monde.
Alexandre Lemoine
Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs
Abonnez-vous à notre chaîne Telegram: https://t.me/observateur_continental