12.12.2022
Le fossé actuel qui existe entre Berlin et Paris ne peut être caché. Il est présent dans tous les domaines, de la géopolitique à la défense, en passant par la politique énergétique et les finances publiques. Au final, rien n'avance dans l'UE .
Les relations entre Paris et Berlin sont si détériorées que cela menace toute l'économie européenne. L'agacement est, donc, bien présent en géopolitique, dans la défense, pour la question énergique ou encore dans le domaine de la finance. Il est présent dans tous les domaines de l'économie et de la politique, écrit Politico. Les relations entre les deux principales locomotives de l'économie de l'UE se sont tellement détériorées qu'en octobre dernier les deux pays ont dû annuler le Conseil des ministres franco-allemand.
Observateur Continental signalait que «de grosses tensions entre Paris et Berlin ont été annoncées» et qu'au moment de la rencontre entre Emmanuel Macron et Olaf Scholz à Paris, la France a envoyé un signal offensant avec «l'absence de conférence de presse conjointe». «Refuser une conférence de presse à un dirigeant en visite est une tactique politique généralement appliquée pour adresser une réprimande», traduit Politico. Les graves difficultés entre la France et l'Allemagne peuvent entraîner des problèmes économiques pour l'ensemble de l'UE puisque l'Allemagne et la France sont les principales forces de l'économie européenne.
Le média anglophone observe que «ces dernières semaines, Olaf Scholz et Emmanuel Macron se sont affrontés sur la manière de faire face à la crise énergétique, de surmonter l'impuissance de l'Europe en matière de défense et de la meilleure approche pour traiter avec la Chine». Lors de la visite du chancelier allemand, Olaf Scholz en Chine, Emmanuel Macron avait même proposé à Olaf Scholz d’effectuer une visite en tandem, afin de présenter une diplomatie européenne plus unie, mais Berlin a refusé.
A Paris, ils ont insisté sur la nécessité d'un front européen uni pour les négociations avec le président chinois Xi Jinping - plus tôt dans ce format, les dirigeants de l'UE ont rencontré le président russe Vladimir Poutine et le dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky. Olaf Scholz s'est rendu seul à Pékin avec une délégation d'industriels cherchant à conclure des accords commerciaux, irritant Emmanuel Macron. Mais, il n'est pas le seul: la visite d'Olaf Scholz a inquiété Washington.
Berlin est scandalisé que la France ait refusé de prolonger le gazoduc MidCat existant à travers les Pyrénées pour pomper le gaz indispensable de l'Espagne vers l'Allemagne. Paris a, également, conclu un accord séparé avec Madrid et Lisbonne pour un nouveau pipeline sous-marin pour transporter le gaz. Le Parisien titre: «Un pipeline sous-marin entre Barcelone et Marseille acheminera du gaz, dans un premier temps, puis de l’hydrogène vert»; «Le projet MidCat (abréviation de Midi-Catalogne) qui devait relier les réseaux gaziers français et espagnol par les Pyrénées est abandonné».
Les différences en matière de politique énergétique sont encore plus profondes, écrit Politico citant la députée du Bundestag, Sandra Weeser: «Paris est irrité par le fait que l'Allemagne fasse cavalier seul sur la question du prix du gaz et par le manque de soutien aux projets européens conjoints de technologie de défense». Le conflit en Ukraine et la crise de l'inflation et de l'énergie ont mis à rude épreuve les alliances européennes, juste au moment où elles étaient le plus nécessaires. Ce qui a toujours été une alliance vitale entre Paris et Berlin a semblé au mieux discordant.
Cependant, cette année, de nombreuses centrales électriques françaises sont fermées pour maintenance, obligeant la France à importer de l'électricité d'Allemagne. La France et l'Allemagne ont signé à la fin du mois de novembre dernier un accord bilatéral pour «sécuriser les capacités d'importation d'électricité».
La France est, également, choquée de voir que l'Allemagne, qui a créé un fonds spécial de 100 milliards d'euros cette année pour moderniser la Bundeswehr, ait dépensé la majeure partie de l'argent pour acheter des avions aux Etats-Unis plutôt qu'à la France. Dans le même temps, Berlin a ralenti un certain nombre de projets de défense communs franco-allemands, ce qui a étourdi Paris. «Les responsables français et les experts de la défense sont furieux de la récente décision allemande de remplacer la partie dite de la ''part nucléaire'' de son armée de l'air, censée pouvoir larguer des bombes nucléaires américaines en cas de guerre avec la Russie, par des avions de chasse F-35», a tenu à faire savoir Politico, rajoutant que le projet SCAF ne décollera littéralement pas et que «la priorité de l'Allemagne n'est pas de construire une défense européenne», mais «de reconstruire son armée qui s'effondrait en retrouvant son statut de bon élève de l'Otan».
Du temps d'Angela Merkel, des formules diplomatiques ont permis de réduire le degré des tensions, cette époque est révolue.
Pierre Duval
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