12.01.2023
Le terme dystopie a été forgé à la fin du XIXe siècle par John Stuart Mill par opposition au terme eutopie ou utopie de Thomas More et serait «une utopie négative où la réalité se déroule dans des termes antagonistes à ceux d'une société idéale».
Les dystopies se situent dans des environnements fermés ou claustrophobes encadrés dans des systèmes pseudo-démocratiques où l'élite dirigeante (l'establishment) se croit investie du droit d'envahir tous les domaines de la réalité dans ses plans physiques et virtuels, n'hésitant pas à restreindre les droits fondamentaux de la citoyenneté et stigmatiser tous les secteurs réfractaires à la doctrine officielle de l'establishment par un anathème récurrent.
Manipulation des médias. L'Américain Harold Lasswell (l'un des pionniers de la «recherche sur la communication de masse»), a étudié les techniques de propagande après la Première Guerre mondiale et a identifié un moyen de manipuler les masses (théorie de «l'aiguille hypodermique ou balle magique»), une théorie incarnée dans son livre Propaganda Technique in the World War (1927). Cette théorie consisterait à «injecter dans la population une idée spécifique avec l'aide des médias de masse pour diriger l'opinion publique à son profit et qui permette d'obtenir l'adhésion des individus à leur politique idées sans avoir recours à la violence».
A cela contribue l'encéphalogramme plat de la conscience critique de la société actuelle, favorisée par une pratique journalistique dangereusement médiatisée par l'absence d'exégèse ou d'objectivité dans les articles d'opinion. De même, nous avons assisté à la mise en place de la déontologie journalistique qui se traduirait par la mise en place de l'autocensure et par la soumission «nolis volis» à la ligne éditoriale de son média et qui aurait fait du journaliste une simple courroie de transmission des postulats de l'établissement ou du système dominant.
La liberté d'expression est-elle en train de mourir? La liberté d'expression en Espagne serait sérieusement construite par l'application du soi-disant «crime de haine» couplé à la survivance de «crimes contre la Couronne» qui contraindra la liberté d'expression à son paroxysme. Ces éléments constitueraient la soi-disant «perfection négative», terme utilisé par le romancier Martin Amis pour désigner «la justification obscène de l'usage d'une cruauté extrême, massive et préméditée par un supposé Etat idéal».
La dérive totalitaire susmentionnée de l'Etat espagnol sera protégée par la «spirale du silence» des médias de masse de l'establishment, une théorie formulée par la politologue allemande Elisabeth Noelle-Neumann dans son livre au début des années 70: «La spirale du silence: l'opinion publique - notre peau sociale». Une telle théorie symboliserait «la formule de chevauchement cognitif qui établit la censure par une accumulation délibérée et suffocante de messages d'un seul signe», produisant ainsi un processus en spirale ou une boucle de rétroaction positive.
En attendant, l'opinion publique continuera d'ignorer la gravité de l'application de ces mesures régressives, endormie par le consumérisme compulsif ou la dictature invisible des sociétés occidentales. Mais, pour que personne ne puisse alléguer l'ignorance due à la myopie intellectuelle comme atténuation, je voudrais paraphraser le poème Quand les nazis sont venus du pasteur protestant allemand Martin Niemöller (1892-1984):
«Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste. Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate. Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste. Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester».
Germán Gorraiz López, analyste politique
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