25.01.2023
Le chancelier allemand Olaf Scholz a vite changé de position pour l’envoi des chars Leopard en Ukraine. Il a confirmé cette livraison à l'Ukraine au Bundestag ce mercredi, confirmant l’annonce du Der Spiegel de la veille.
Ainsi, Berlin entraîne les membres de l’Otan, dont la France, dans un conflit plus large alors que pendant la réunion de Ramstein du 20 janvier dernier, le chancelier allemand n’avait pas pu permettre de faire avancer ce dossier. Ce qui lui a, d’ailleurs, valu une nouvelle salve de critiques. Sous pression, il devient, ainsi, le chancelier renforçant le chemin de la Troisième Guerre mondiale.
«La possibilité que le conflit puisse échapper au contrôle de quiconque reste élevée». Lors de la réunion de vendredi dernier à la base de Ramstein, l'Allemagne n’avait pas donné son aval pour l’envoi de chars Leopard. Boris Pistorius, le nouveau ministre de la Défense de l'Allemagne, qui a été nommé juste un jour avant le début de cette réunion, avait cependant laissé entendre le jour même un début d’accord: «L'impression qui a parfois été donnée qu'il y a une coalition fermée et que l'Allemagne fait obstacle - cette impression est fausse». Il avait bien expliqué qu’à «l'issue probable de ce bras de fer tourmenté est que l'Ukraine recevra finalement des chars Leopard de fabrication allemande». Il avait déjà affirmé que «Berlin se prépare déjà à toute vitesse à cette éventualité».
Dès la réunion de Ramstein, Berlin savait qu’elle allait donner son accord pour l’envoi de ses chars Leopard en Ukraine. L’Allemagne n’ a rien appris de son histoire récente. Elle est passée du statut de pays démilitarisé portant des slogans pacifiques à un pays belliqueux qui réarme et qui s’engage dans un conflit qui va contre ses intérêts économiques. Au même moment, pourtant, l'horloge de l'Apocalypse annonce au monde qu’ «il est 90 secondes avant minuit», et que le conflit avec l’Ukraine «pourrait entrer dans une deuxième année terrifiante», avertissant que «l'escalade du conflit - par accident, intention ou erreur de calcul - est un risque terrible», et que donc: «La possibilité que le conflit puisse échapper au contrôle de quiconque reste élevée».
Des pressions des Etats-Unis, de Pologne, d’Ukraine. Le gouvernement d’Olaf Scholz s'était opposé dans un premier temps à livrer des véhicules de combat d'infanterie Marder. Toute l'année dernière, des pressions diplomatiques agressives sur Berlin ont été exercées par les autorités ukrainiennes. En septembre dernier, malgré les critiques de l’opposition, mais aussi des partis au pouvoir Olaf Scholz avait continué de refuser la livraison de chars de combat occidentaux à l'Ukraine. Depuis octobre, l'administration Biden s'est jointe à la pression. Washington a commencé à insister pour envoyer des chars de combat allemands Leopard 2. Berlin a répondu en proposant aux Etats-Unis d'envoyer d'abord ses chars Abrams en Ukraine. La discussion semblait être dans une impasse, mais maintenant la décision a été prise. L’escalade vers le conflit mondial avance.
Le choix des Leopard s’explique par le fait qu’il est plus facile de les entretenir en livrant des pièces de rechange et des munitions car il est présent dans plusieurs pays occidentaux et de l’Otan. Enfin, ce modèle serait conçu spécifiquement pour combattre avec les chars principaux de l'armée russe. Cela évoque inévitablement le souvenir des batailles de chars de la Seconde Guerre mondiale sur le sol russe.
Situation critique en Ukraine. Les récents succès militaires de la Russie ont provoqué une inquiétude croissante dans les capitales occidentales. Les politiciens et les experts militaires parlent de plus en plus de l'approche d'un autre «moment critique» dans les combats . Le conseiller de Joe Biden en déplacement en Ukraine a estimé dès le mois de novembre dernier que le moment était «critique» en Ukraine.
Observateur Continental faisait savoir que «Kiev a besoin d'une centaine de chars occidentaux pour organiser une offensive à part entière». Dans ce contexte, comme le rapportait Observateur Continental, le premier ministre britannique Rishi Sunak a officiellement annoncé le 15 janvier 2023 la décision de transférer à l'Ukraine des réserves des forces britanniques 14 chars Challenger 2 et près de 30 obusiers automoteurs AS90 de 155 mm calibre 39. Il a dit qu'un escadron (compagnie) de 14 chars Challenger 2 serait envoyé en Ukraine d'ici quelques semaines et que dans les jours à venir le Royaume-Uni entamerait la formation de militaires ukrainiens pour utiliser des chars et des armes d'artillerie.
La France soutient l’escalade dans le conflit. Le président français, Emmanuel Macron, a signalé qu'il était prêt à envoyer des chars Leclerc en Ukraine. RFI rapporte que l’Elysée se félicite de la décision d’Olaf Scholz: La France «se félicite» de ce feu vert allemand, estimant qu'il «prolonge et amplifie» le soutien «engagé» par Paris avec la livraison de blindés plus légers AMX10-RC. C’est ce qu’a déclaré mercredi l'Elysée».
La Pologne se réjouit aussi. «Merci Bundeskanzler Olaf Scholz. La décision d'envoyer des Leopard en Ukraine est un grand pas vers l'arrêt de la Russie. Ensemble, nous sommes plus forts», a tweeté le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki. Le média polonais RFM24 souligne que «dans trois mois, les premiers chars allemands pourraient être livrés à l'Ukraine» en se félicitant de «la pression sur le gouvernement du chancelier allemand Olaf Scholz pour qu'il remette les chars Leopard 2 à l'Ukraine et en autorisant leur transfert».
Le média norvégien TV2 rappelle que l'état-major ukrainien a estimé qu'au moins 300 chars sont nécessaires pour mener à bien une contre-offensive contre les forces russes, qui contrôlent désormais 18% de l'Ukraine.
L’Otan se prépare à une contre-offensive contre la Russie. La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, voit l'Allemagne et ses partenaires dans la guerre contre la Russie et a appelé à la coopération, ce mardi à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe à Strasbourg.
A l’annonce de l’envoi des Leopard, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba a écrit sur Facebook: ««Maintenant [des] F-16? Oui! Je prends ça».
Est-ce que l’Otan a l’objectif de rentrer en Russie en allant sur Moscou? Pour Emmanuel Todd, «la Troisième Guerre mondiale a commencé».
Pierre Duval
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