30.01.2023
Le retour au pouvoir de Benjamin Netanyahou en coalition avec plusieurs partis d'ultra-droite et ultra-orthodoxes serait un missile dans la ligne de flottaison des accords d'Oslo tant il entend poursuivre la campagne systématique des colonies illégales, dont l'avant-dernier épisode serait l'annonce de la création des nouvelles colonies d'Asif et de Matar dans le but avoué de «doubler la population des hauteurs du Golan».
De même, ce gouvernement représente une menace sérieuse pour la démocratie israélienne sui generis en tentant de liquider l'actuelle séparation des pouvoirs dans le sillage de Viktor Orbán en Hongrie. Ainsi, une lettre adressée à la Cour suprême et signée par près de 1.200 vétérans militaires de l'armée de l'air met en garde contre le danger que représente l'exécutif de coalition dirigé par le Likoud de Benjamin Netanyahou et qui compterait sur le sionisme religieux, le pouvoir juif et Noam comme ses principaux alliés.
Selon les signataires de la lettre: «Nous venons de toutes les couches de la société et de tout l'éventail politique et ce que nous avons en commun aujourd'hui, c'est la crainte que l'Etat démocratique d'Israël soit en danger». De même, un communiqué signé par les dirigeants des partis d'opposition, dont Yair Lapid, exprime leur rejet du nouveau gouvernement de Benjamin Netanyahou, déclarant que: «Lorsque nous reviendrons au pouvoir, nous promettons d'annuler toute législation extrémiste qui porte atteinte à la démocratie, à la sécurité, à la l'économie ou la société israélienne».
La menace à la séparation des pouvoirs dans la démocratie libérale israélienne serait marquée par l'annonce par plusieurs membres du nouveau gouvernement d'approuver la soi-disant «clause d'annulation» qui permettra au nouveau Parlement juif d'appliquer des lois contraires à la Magna Carta et d'éliminer la capacité de la Cour suprême de l'annuler, ce qui signifierait la fin de la séparation des pouvoirs d'une démocratie libérale et la mise en place d'une démocratie libérale aux accents autocratiques clairs.
Ainsi, selon Yohanan Plesner, Président de l'Institut israélien de la démocratie, «le paquet législatif avancé par le ministre de la Justice conduira à un pouvoir judiciaire contrôlé par l'exécutif, décimera la séparation des pouvoirs dans notre démocratie et empêchera la Cour suprême de faire respecter les droits des citoyens, donc les Israéliens de tous horizons devraient s'élever contre ces réformes unilatérales».
Pour sa part, le chef du pouvoir juif et nouveau ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir a visité le complexe de la mosquée al-Aqsa à Jérusalem, considérée dans le statu quo actuel comme «le lieu exclusif de prière des Palestiniens» dans une claire provocation au Hamas auquel il a averti que «les Juifs ont le droit d'utiliser cet endroit et que le nouveau gouvernement ne cédera pas aux provocations du Hamas».
Le but ultime serait de provoquer une nouvelle Intifada palestinienne pour servir de prétexte à l'expulsion des Palestiniens du site et à la construction subséquente d'un nouveau temple juif, mais l'administration américaine a fermement condamné cet acte comme une «provocation inacceptable» et a exhorté Benjamin Netanyahou à maintenir intact le statu quo actuel car une nouvelle et sanglante Intifada mettrait fin à l'accord entre les Etats-Unis, Israël, les Emirats arabes et l'Arabie saoudite pour la prochaine attaque contre l'Iran.
Par conséquent, si le gouvernement de Benjamin Netanyahou poursuit sa politique autocratique, un affrontement entre lui et Joe Biden, qui voudrait entrer dans l'histoire comme l'auteur d'un nouvel accord d'Oslo qui rendrait possible l'utopie de «Deux peuples, deux Etats», pourrait pas être exclu.
Germán Gorraiz López, analyste politique
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