30.01.2023
Entre mépris de la part du gouvernement français envers les salariés français et la crise sociale et économique d’une ampleur jamais vue dans le pays, sans oublier l’aide financière massive à l’Ukraine alors que le pays a besoin d’argent, l’examen du projet de la loi concernant la réforme des retraites a commencé en commission à l’Assemblée. Les observateurs annoncent encore plus de manifestants pour la manifestation du 31 janvier que celle du 19 janvier et craignent des heurts violents. C’est que le gouvernement français actuel a, également, activé la mise en place du travail forcé.
Des paroles du gouvernement qui ne passent pas. Lors de la manifestation du 19 janvier, Observateur Continental constatait que cela fut «une mobilisation importante dans la France entière» et un succès. Pour la CGT, ils étaient «plus de deux millions» en France, dont 400.000 manifestants à Paris. Les récentes sorties, de la Première ministre française, Elisabeth Borne et du ministre de l’Intérieur, Gerald Darmanin, sur la manifestation du 31 janvier, ont, rajouté de la colère.
L’âge légal de départ à 64 ans «n'est plus négociable», a lancé Elisabeth Borne, rappelle France 24, à la veille du début de l'examen du projet en commission à l'Assemblée nationale, et à deux jours d'une nouvelle mobilisation nationale contre la réforme de l'exécutif. Gerald Darmanin a, lui, jeté dans le débat une phrase-choc alors que les tensions en France sont largement palpables rappelant une bombe qui est sur le point de sauter: «La Nupes ne cherche qu’à bordéliser le pays».
Plus de deux millions dans les rues? Comme France24 le rapporte, «galvanisés par le succès de leur première mobilisation contre la réforme des retraites, les syndicats appellent à de nouvelles manifestations partout en France mardi et menacent de grèves en février. Un effet de masse espéré pour venir à bout d'une "réforme injuste"». Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT, a assuré: «Nous sommes bien partis pour être plus nombreux». Les syndicats veulent frapper plus fort. «La population est très défavorable au projet et cet avis tend à prendre de l’ampleur», constate aussi le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, qui, met en garde l’exécutif: ne pas tenir compte des mobilisations «serait une faute», a tweeté:
«Les militants CFDT le constatent: les travailleurs sont de plus en plus hostiles à la réforme. Le 31, soyons encore plus nombreux dans les mobilisations organisées partout en France pour nous opposer au report de l’âge légal à 64 ans, la mesure la plus injuste qui soit», ou «Le rejet du report de l’âge est massif et nous en ferons la démonstration mardi. Les arguments du gouvernement pour justifier sa réforme tombent les uns après les autres». Il dénonce, aussi, que «cette mesure fait peser tout l'effort sur les travailleurs les plus modestes».
Critère de pénibilité et les femmes. Observateur Continental apprend, par exemple, que la pénibilité n’est pas retenue pour celui qui travaille avec un marteau-piqueur. «Les ouvriers qui travaillent au marteau-piqueur ou une grande partie de ceux soumis à des produits cancérigènes sont tout simplement écartés», précise le syndicat Lutte ouvrière. Bruno Bothua, secrétaire général de la CGT Construction pointe «un recul considérable pour les salariés du BTP» et affirme que «cette réforme va pénaliser ceux qui ont commencé à travailler tôt, ceux qui exercent les métiers les difficiles et les moins bien payés». Avec la réforme des retraites, les femmes sont finalement «un peu plus impactées» que les hommes. «La réforme, c'est deux ans ferme pour tout le monde et c'est encore pire pour les femmes», a réagit Béatrice Clicq, secrétaire confédérale de Force Ouvrière (FO). D’ailleurs, le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Franck Riester, a concédé que les femmes sont «un peu pénalisées par le report de l'âge légal».
Vers une société féodale. La CGT s’insurge sur la mise en place du travail forcé dénonçant qu’ «avec cette réforme, le gouvernement revient sur le droit fondamental à l’emploi inscrit dans la Constitution de 1946» en introduisant le «RSA conditionné: le «travail forcé» version Macron». Avec la création de France Travail, qui remplace le Pôle emploi, cela «consiste à conditionner le versement du RSA à la réalisation obligatoire de 15 à 20h d’activités hebdomadaires. En cas de non-respect de cette condition d’activité, les bénéficiaires pourront voir leurs allocations diminuer voire disparaître», informe le site de la CGT. Les salariés français ne le savent pas encore, mais cette réforme se calque sur ce qui existe en Allemagne. C’est-à-dire que n’importe quel salarié qui se retrouverait au chômage et qui n’aurait pas retrouvé du travail au bout d’un certain temps, sera obligé de travailler de 15 à 20 heures par semaine pour environ 500 euros par mois. «Plutôt que d’embaucher des agents territoriaux, les collectivités concernées pourront donc se reposer sur le travail gratuit des allocataires du RSA, ou pire encore, des entreprises pourraient profiter du financement public (par l’impôt) du RSA pour disposer de main d’œuvre gratuite», dénonce Denis Gravouil.
En Allemagne, le système actuel oblige des salariés, qui ne trouvent pas de travail à accepter n’importe quel emploi pour un salaire de 1 euro par heure. De nombreuses femmes reçoivent des offres d’emploi dans des bordelles. Si, les chômeurs refusent l’offre, le système France Travail allemand les oblige à vendre leur voiture et des biens tout en les menaçant de perdre les aides sociales. C’est bien le retour de la société féodale. La journée du 31 janvier sera, donc, vue comme un test, à la fois pour le gouvernement et les syndicats français. Le point de rupture dans la société française est en passe d’être, dans un sens ou dans l’autre, atteint.
Pierre Duval
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