07.02.2023
Dans un entretien réalisé pour le média Formiche le général italien, Leonardo Tricarico, évoque les dangers de l’élargissement de l’Otan et propose des solutions. Leonardo Tricarico est président de la Fondation ICSA (Culture du renseignement et analyse stratégique) et ancien chef d’état-major de l’armée de l’air. Selon lui, c’est l’élargissement de l’Otan qui entraîne ces graves tensions entre la Russie et l’Occident, et, la volonté de cette organisation politique et militaire de pousser toujours aveuglément le bouchon encore plus loin va, encore, les accroître.
Un accord entre l’Otan et la Russie dans le contexte d’un Occident qui a perdu son bon sens. Pour le général italien, Leonardo Tricarico, il faut que l’Otan s’engage à s’arrêter à ses frontières actuelles en échange du retrait total des troupes russes d'Ukraine tout en protégeant les Russes d'Ukraine en octroyant un statut spécial reconnaissant tous leurs droits. C'est une hypothèse de solution au conflit russo-ukrainien, simple, rationnelle, tout à fait acceptable pour les parties concernées, selon lui. Formiche tente d'imaginer avec l’aide de l’expert italien les probables entraves d'une communauté internationale qui semble avoir perdu son bon sens et sa volonté de mettre fin à une guerre à mort.
Existence d’un document écrit prouvant la promesse du non-élargissement de l’Otan. Leonardo Tricarico invite à mettre en application la promesse du non-élargissement de l’Otan. Ainis, l’Otan doit revenir à sa promesse donnée à Mikhaïl Gorbatchev, l’ancien président de la Russie, après la chute de l’URSS stipulant que l’Alliance de l'Atlantique nord ne s'étendrait pas d'un pouce vers l'est. L’Otan n’ a pas respecté cette promesse, s’indigne le général italien.
Observateur Continental a, d’ailleurs, rapporté qu’ «un document prouve que l'Otan ne devait pas s'élargir vers l'est». Contrairement à ce que les Occidentaux affirment, il existe des preuves écrites. Le non-respect de cet accord a provoqué une véritable migration de désormais treize nouveaux membres, de la Pologne vers le dernier arrivé, le Monténégro, le tout avec les encouragements et les applaudissements de l’Alliance de l'Atlantique nord et avec l’application, toujours partagée et incontestée, de la politique de la porte ouverte.
Les nouveaux pays candidats de l’Otan sont un véritable champ de mines. Leonardo Tricarico, restant lucide sur la volonté de l’Otan, n’est pas dupe car «l'arrêt formel de l'élargissement de l'Otan ne rencontrerait pas l'enthousiasme - c'est un euphémisme - d'un groupe imaginable de pays membres et, surtout, de l'actionnaire majoritaire [les Etats-Unis]. Mais, pour l’expert italien, il est tout aussi vrai que ces mêmes pays devraient expliquer avec des arguments convaincants quel avantage l’Alliance de l'Atlantique nord a à intégrer la Macédoine du Nord, la Bosnie, le Kosovo ou encore la Géorgie, des pays constituants dans leur ensemble un véritable champ de mines sur la voie de la détente et de la stabilité dans la région.
D'autre part, la Russie, qui, à plusieurs reprises et à des moments différents, avait perçu, à tort ou à raison, l'élargissement de l'Otan comme une menace, dénonçant son immanence et le qualifiant de facteur décisif pour sa propre sécurité, devrait s'estimer pleinement satisfaite de fermer les portes aux autres candidats à ses frontières. Cela pourrait, à juste titre, rapporter un résultat plus que digne aux yeux de ses citoyens et de la communauté internationale.
Le vrai problème resterait la condition des Russes dans le Donbass et en Crimée, un problème qui, quoi qu'il en soit, restera central. Tôt ou tard donc, quel que soit l'arrangement final auquel aboutira le conflit en Ukraine, les minorités ethniques russes seront à l'abri des affrontements anciens et nouveaux, de la revanche des griefs anciens et récents. En d'autres termes, il faut développer pour eux un statut particulier qui concrétise toute attente et la transforme en protection, les protégeant ainsi de la discrimination, des représailles, de la persécution.
Il ne sera pas facile, mais il ne sera pas, non plus, difficile d'élaborer un protocole commun, garanti par les Nations unies et appliqué sous la surveillance d'une force multinationale qui sera déployée dans la zone par les pays les moins impliqués dans le différend russo-ukrainien.
L'alternative n'est, selon l’expertise de Leonardo Tricarico, actuellement, pas en vue, d'autant que personne n'a jusqu'à présent pu imaginer ou proposer un état final pour la Russie et l'Ukraine. Ou plutôt, si nous voulons rester unis sur la ligne indiquée par le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin le 26 avril à Ramstein et jamais niée ni modifiée, selon laquelle l'objectif est de réduire Vladimir Poutine à l'impuissance militaire, alors il faudra que nous, les Européens, entamions maintenant une réflexion approfondie sur les conséquences possibles d'avoir à nos portes une Russie à la merci d'évolutions imprévisibles et certainement difficiles à contrôler.
Philippe Rosenthal
Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs
Abonnez-vous à notre chaîne Telegram: https://t.me/observateur_continental