30.03.2023
Les États-Unis lancent une campagne visant à modifier le statut économique de la Chine. Washington souhaite que cette dernière soit reconnue comme un pays développé plutôt que comme un pays en développement. Les États-Unis chercheront à priver la Chine de son statut de pays en développement dans diverses organisations et accords internationaux.
Cette position est exprimée dans un projet de loi que la Chambre des représentants des États-Unis a approuvé à l'unanimité, avec 415 voix pour et 0 voix contre, ce qui est rare pour un Congrès américain polarisé.
Évidemment, les législateurs américains n'ont pas fait preuve d'une telle cohésion par désir de louer les succès économiques de la Chine. Comme l'affirme l'une des auteures du document, la républicaine Young Kim, le statut de pays en développement permet à la Chine de bénéficier "d'aide au développement et de prêts de la part d'organisations internationales", ce qui donne à son économie un "avantage injuste" par rapport à celle des États-Unis. "La Chine n'est devancée de par l'ampleur économique que par les États-Unis", a poursuivi Young Kim. "Puisque les États-Unis sont considérés comme un pays développé, la Chine doit également être considérée comme telle."
Le système général de préférences pour les pays en développement offre en effet des avantages considérables par rapport aux pays développés. Dans l'ensemble, tous les avantages sont concentrés dans la politique tarifaire préférentielle, c'est-à-dire des droits de douane d'importation plus bas pour les marchandises en provenance des pays les moins développés.
Les États-Unis créent de plus en plus d'obstacles à la croissance économique de la Chine.
Selon le document, le département d'État américain devra s'opposer à la désignation de la Chine comme "pays en développement" dans toutes les organisations internationales et les accords auxquels les Américains participent. Washington cherchera à faire en sorte que la Chine soit qualifiée de "pays à revenu supérieur à la moyenne, pays à revenu élevé ou pays développé".
Ce n'est pas la première fois que l'on entend des appels en Occident à revoir la définition de la Chine en tant que pays en développement, afin de freiner sa progression vers le statut de première économie mondiale. Par exemple, il y a deux ans, les médias et les milieux d'experts occidentaux appelaient à imposer des exigences environnementales plus strictes à Pékin, en justifiant cela par la croissance en Chine du PIB par habitant.
Le projet de loi, qui, à en juger par le soutien qu'il reçoit à la chambre basse, a toutes les chances d'être adopté, est une nouvelle tentative des États-Unis de créer des obstacles à la croissance économique de la Chine. L'administration de Donald Trump avait cherché à le faire en déclarant une guerre commerciale à Pékin. Malgré toutes les divergences avec son prédécesseur, l'équipe de Joe Biden a poursuivi cette politique. Sous divers prétextes, les États-Unis imposent de nouvelles restrictions aux entreprises chinoises. L'année dernière, Washington sondait la position de ses alliés concernant l'imposition de sanctions contre Pékin pour son refus de soutenir les mesures antirusses des pays occidentaux.
En janvier, la Chambre des représentants américaine a créé avec le soutien bipartisan un comité spécial (China Select Committee) sur les mesures de rivalité avec la Chine. L'équipe de Joe Biden a attisé l'affrontement économique par l'expansion de la présence militaire américaine dans la région Asie-Pacifique pour contenir la Chine, ainsi que par l'exacerbation de la situation autour de Taïwan.
Dans ce contexte, il est clair que les arguments concernant la taille du PIB chinois ou son montant par habitant ne sont qu'un instrument pour mettre en œuvre la politique déjà décidée des États-Unis visant à contenir la Chine. Après tout, il n'y a pas de définition universelle d'un pays en développement, et le PIB par habitant n'est que l'un des critères utilisés par diverses organisations internationales. Par exemple, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et l'ONU tiennent également compte de la structure économique et commerciale, du développement des infrastructures, de l'espérance de vie et d'autres paramètres dans leurs définitions des pays en développement.
Alexandre Lemoine
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