13.04.2023
De 2018 à 2022, la part d'Ankara dans le commerce mondial des armes est passée de 0,6% à 1,1%, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), faisant de la Türkiye le 12e exportateur d'armes au monde.
L'industrie de la défense turque a connu la croissance la plus rapide depuis près de deux décennies. Deux rapports récemment publiés montrent le niveau atteint par l'industrie militaire du pays. La liste des 100 meilleures entreprises de défense en 2022, un classement annuel du portail d'information mondial Defense News, comprend trois entreprises turques dans le top 100. Aselsan a la 49e place, Turkish Aerospace Industries (TAI) la 67e et Roketsan la 86e.
En 2020, sept entreprises turques figuraient sur la liste. Malgré le fait qu'il y a maintenant moins d'entreprises dans le TOP-100, les exportations d'armes turques au cours des trois dernières années, au contraire, ont fortement augmenté. Si en 2020 les exportations de défense s'élevaient à 2,28 milliards de dollars, le président turc a fait savoir qu’ «en 2022, les exportations de notre industrie de la défense ont dépassé les 4,4 milliards de dollars».
D'autre part, le rapport sur les transferts internationaux d'armes en 2022 préparé par le Stockholm Peace Research Institute (SIPRI) montre que les exportations d'armes de la Türkiye en 2018-2022 ont augmenté de 69% par rapport à 2013-2017.
La part mondiale de la Türkiye dans le commerce des armes est passée de 0,6% à 1,1% en 2018-2022, faisant du pays le 12e plus grand exportateur d'armes au monde. De plus, en comparant deux plans quinquennaux, on constate que la Türkiye a réduit ses importations d'armes de 49%.
Alors que le secteur de la défense continue de croître à l'échelle mondiale en ces temps difficiles, les entreprises de défense turques connaîtront des hauts et des bas de productivité. Cependant, la croissance progressive de l'industrie est presque inévitable. Si en 2004, l'armée turque n'a reçu que 20% des armes des entreprises de défense turques, alors en 2022, ce chiffre est passé à 80%.
Ce changement positif est dû à la décision du gouvernement turc au début des années 2000 de miser sur le développement de l'industrie militaire nationale. Depuis lors, les entreprises turques ont produit des fusils, des véhicules blindés, des systèmes portables de défense aérienne (MANPADS), des supports d'artillerie, divers types de missiles d'une portée allant jusqu'à 1000 km, des hélicoptères, des avions d'attaque à réaction légers et, surtout, des systèmes avancés de drones armés dont la réputation a atteint tous les coins du monde.
La production propre augmente. D'autre part, la Türkiye se prépare maintenant à commencer à produire ses propres chasseurs, chars et obusiers, ce qui peut générer plus de revenus. Selon les déclarations des entreprises manufacturières. D'ici 2028, toutes les armes de haute technologie seront produites en Türkiye.
Plus tôt ce mois-ci, Turkish Aerospace Industries (TAI) a dévoilé son drone armé le plus avancé, l'Anka-3, ainsi que l’avion d'entraînement avancé et le premier avion de combat léger Hurjet et l'avion TFX de 5e génération.
D'autre part, le constructeur de véhicules blindés, le groupe turc BMC, livrera deux chars Altay à l'armée turque en avril et commencera leur production de masse en 2025. BMC achète des moteurs à la Corée du Sud mais pourra utiliser son propre moteur Batu de 1.500 ch à partir de 2026.
Les fabricants turcs de missiles, de navires, de drones, de véhicules et de logiciels militaires vendent également leurs produits qui ne nécessitent pas de pièces étrangères.
Selon les médias, Aselsan, la plus grande entreprise de défense de Türkiye, a un carnet de commandes d'une valeur de près de 7,6 milliards de dollars, tandis que BMC a des commandes de deux ans pour des véhicules blindés Kirpi. Baykar Tech a également demandé à ses clients d'attendre quelques années avant de recevoir leurs drones.
En outre, BMC rapporte que de nombreux pays attendent avec impatience de pouvoir acheter des chars Altay turcs. De plus, un nouveau boom des ventes d'avions TFX est attendu après le lancement de leur production en série. Roketsan lance la production de missiles sol-air qui touchent une cible à une distance de 150 km.
Le secteur de la défense turque est déjà entré dans la course mondiale. D'un point de vue général, la Türkiye a progressé dans les statistiques mondiales de l'industrie de la défense en raison du fait qu'elle peut offrir des armes moins chères, dont la plupart des pièces sont produites dans le pays. Par exemple, les fabricants turcs de drones et de missiles sont tellement autosuffisants que les embargos étrangers ne peuvent plus arrêter leur production. Par conséquent, ils sont libres de fabriquer et de vendre leurs armes sur le marché international. Avec toutes les pièces produites en Türkiye – et de haute qualité – Ankara pourrait devenir un important exportateur d'armes avec plus de 4 milliards de dollars de revenus.
Ainsi, le coût d'un véhicule blindé de transport de troupes turc est de 500.000 dollars et le char Altay peut être acheté pour 15 millions de dollars, le drone Bayraktar TB2 coûte 5 millions de dollars et le tout nouveau drone Bayraktar Kizilelma (pomme rouge) coûtera au moins 30 millions de dollars. L'avion TFX devrait coûter environ 100 millions de dollars, ce qui signifie que la vente de seulement 40 unités de chasseurs TFX rapportera le même revenu que toutes les exportations de défense actuelles de la Türkiye.
On peut en conclure qu'Ankara pourrait bientôt entrer dans le top dix des exportateurs d'armes. Ses revenus dans cette industrie atteindront 20 milliards de dollars d'ici dix ans. Outre le fait que la Türkiye est complètement autosuffisante en armement, l'industrie créera également de nouveaux emplois et apportera une contribution significative au PIB du pays, sans parler de l'impact sur la politique étrangère d'Ankara.
Le plus grand navire de guerre de la Türkiye, par ailleurs le premier transporteur de véhicules aériens de combat sans pilote (Ucav) au monde, a été livré à la marine turque.Construit par le chantier naval Sedef d'Istanbul, le navire baptisé TCG Anadolu, peut transporter des hélicoptères, des véhicules terrestres, des véhicules de guerre légers et du personnel, avec des drones.
La Türkiye est devenue un leader mondial dans la défense avec les chars, les drones, les avions. Les entreprises de défense turques maintiendront le pays dans le peloton de tête des fabricants et vendeurs d'armes.
Olivier Renault
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