21.04.2023
Des images satellite montrent que la Chine reprend la construction de sa cinquième base antarctique, interrompue en 2018. Les États-Unis et l'Europe craignent que Pékin puisse utiliser cette station pour espionner.
La Chine élargit sa présence en Antarctique et reprend la construction de sa cinquième station chinoise sur le continent. Le journal The Guardian le rapporte se référant aux images satellite publiées par le Centre d'études stratégiques et internationales de Washington (CSIS).
La nouvelle station chinoise située sur l'île Inexpressible, près de la mer de Ross, comprendra un observatoire avec une station terrestre pour satellites et devrait aider la Chine à "combler une importante lacune" dans sa capacité à accéder au continent, selon un rapport du CSIS.
Le Centre cite des images satellite prises en janvier de cette année, et rapporte que de nouvelles installations auxiliaires, des bâtiments temporaires, une aire d'atterrissage pour hélicoptères et des fondations pour un bâtiment principal plus grand de 5.000 m² ont déjà été construits sur le site de la station.
Selon les estimations du CSIS, la construction de la cinquième station chinoise pourrait être achevée d'ici 2024. Selon le journal, Pékin cherche à développer de nouvelles routes maritimes dans l'Arctique et à étendre ses recherches en Antarctique.
Ces efforts suscitent des inquiétudes parmi les gouvernements occidentaux, car une présence croissante dans les régions polaires pourrait donner à la Chine davantage d'opportunités d'espionnage. "Bien que la station puisse assurer le suivi et la communication d'un nombre croissant de satellites chinois pour surveiller le pôle, son équipement peut également être utilisé pour intercepter les communications satellitaires d'autres pays", indique le rapport du CSIS.
Les experts du centre précisent que la station a de bonnes capacités pour collecter des signaux au-dessus de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, ainsi que des données télémétriques sur les missiles lancés depuis le nouveau centre spatial australien d'Arnhem. On s'attend à ce qu'un quai pour les brise-glaces chinois Xuelong soit construit sur la station une fois la construction achevée.
L'agence Reuters, citant le même rapport, souligne que bien que les États-Unis continuent de maintenir une présence scientifique plus large en Antarctique, avec la plus grande station du continent McMurdo, l'influence de la Chine dans cette région du monde augmente rapidement.
La cinquième station chinoise sera située à seulement 320 km de McMurdo. Conformément au Traité sur l'Antarctique de 1959, dont la Chine est également signataire, les activités de tous les pays sur le continent se limitent à des "fins pacifiques".
Les militaires sont autorisés à mener des recherches scientifiques, mais il leur est interdit de créer des bases, de mener des manœuvres ou de tester des armes. Un rapport du Pentagone de 2022 indique que la nouvelle infrastructure antarctique de la Chine est probablement en partie destinée à renforcer ses futures revendications sur les ressources naturelles et l'accès à la mer, ainsi qu'à améliorer les capacités des forces armées chinoises.
La Chine rejette les allégations selon lesquelles ses stations seront utilisées pour l'espionnage.
Comme l'avait écrit Observateur Continental, les documents divulgués du Pentagone ont montré que Pékin avait développé et testé en février 2023 un nouveau missile hypersonique à longue portée, probablement capable de franchir les systèmes de défense antimissile américains.
Le Washington Post rapporte que l'Armée populaire de libération chinoise (APL) a réussi en février à tester un nouveau missile balistique hypersonique à moyenne portée, le DF-27. "Le DF-27 est conçu pour renforcer la capacité [de la Chine] à menacer des cibles au-delà de la deuxième chaîne d'îles et a une forte probabilité de franchir la défense antimissile américaine", indique le bulletin quotidien des renseignements.
Selon le document divulgué, le missile balistique à moyenne portée a volé pendant 12 minutes et parcouru 2.100 kilomètres. Un rapport du Pentagone de 2021 précise que la portée du DF-27 varie entre 5.000 et 8.000 km, ce qui signifie qu'il peut frapper n'importe quelle cible en Asie de l'Est ou en Asie du Sud-Est, ainsi que dans une grande partie du Pacifique, y compris Guam, où se trouve une base militaire américaine.
Alexandre Lemoine
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