20.06.2023
Pour la France, un immense effort de remise en ordre est aujourd’hui nécessaire pour sortir du chaos migratoire et reprendre le contrôle. À cette fin, un nouveau cadre juridique national est désormais indispensable. Une proposition de loi constitutionnelle, présentée en application de l’article 89 de la Constitution, afin qu’elle soit approuvée en termes identiques par l’Assemblée nationale et le Sénat puis, le moment venu, soumise à l’approbation du peuple français par référendum a été présentée pour mener des modifications constitutionnelles nécessaires. «Pour arrêter l’immigration de masse, nous avons besoin d’une Europe puissante», stipule la proposition de loi constitutionnelle.
La France est en guerre pour se protéger contre les migrants? «Souveraineté de la France, nationalité, immigration, asile: dans ces quatre domaines qui sont essentiels pour l’avenir de la nation, des modifications constitutionnelles sont nécessaires», signale la proposition de loi constitutionnelle. Déjà des pans entiers de l'économie en France ne peuvent plus se passer des migrants, et certaines professions cesseront d'exister sans eux. Ainsi, des amendements radicaux concernant les lois sur les migrants sont en cours de discussion jusqu'à initier des changements dans la constitution du pays.
Le gouvernement français, après avoir provoqué un certain chaos en repoussant par la force l'âge de la retraite, celui-ci a décidé de régler d'un coup le problème des migrants. Cependant, la nouvelle loi, qui est censée combler les lacunes existantes dans la législation et assouplir certaines conditions pour les migrants dans les secteurs à problèmes de l'économie, est déjà devenue une pierre d'achoppement entre les macronistes et la droite - et pas seulement pour le parti de Marine Le Pen du Rassemblement National (RN) - dont les représentants sont traditionnellement hostiles à toute concession en matière d'immigration, mais aussi avec Les Républicains (LR) qui ne s'attendaient même pas à cette décision.
Olivier Marleix, président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale, dénonce le système d’accueil des migrants en France. «Aujourd’hui, il y a une confusion totale. On ne sait plus qui on accueille». Il souhaite faire primer le droit français sur le droit européen «quand les intérêts fondamentaux de la nation sont en jeu». Bruno Retailleau, le président du groupe LR au Sénat, explique qu’avec le texte de Gérald Darmanin qu’il voudrait créer pour régulariser les clandestins sur les métiers en tension, «on n’ajoutera pas une autre pompe aspirante, après le droit d’asile, le regroupement familial, sur les soins gratuits et la naturalisation».
Sans se limiter à une phrase, Les Républicains (LR) ont fait appel à des avocats et des experts pour rédiger un document correspondant. Son objectif est désigné comme «réaffirmer le droit de la France à décider souverainement qui elle souhaite accueillir et qui elle souhaite refuser sur le territoire national».
Le projet propose, entre autres, de modifier l'article 55 de la Constitution qui stipule que les traités et obligations internationaux sont placés au-dessus des lois locales, et l'article 88-1 sur la suprématie du droit européen suite au traité signé à Lisbonne le 13 décembre 2007, un traité qui, par ailleurs, n’avait pas été accepté par les Français lors du référendum de 2005. Le projet d’une proposition de loi constitutionnelle parle également de l'assimilation de ceux qui veulent devenir citoyens, de quotas pour les migrants, de l'expulsion de ceux qui deviennent une menace pour l'État et de la modification de la procédure d'octroi de l'asile en cas de persécution politique ou autre.
En un mot, le projet est carrément une bombe qui remet en cause les fondements de l'Union européenne. Si la loi proposée par le gouvernement Macron, d'une part, permet la légalisation des migrants illégaux existants dans les domaines de l'économie où ils sont indispensables, et d'autre part, met des obstacles face aux nouveaux migrants, les propositions du groupe Les Républicains (LR) ne peuvent que conduire à un durcissement des règles existantes. En fait, c'est tout le contraire de ce que propose le gouvernement.
Pourquoi les républicains ont-ils un tel courage? Le fait est que emmanuel Macron et la Première ministre, Elisabeth Born, n'ont aucune chance de faire passer leur projet de loi au parlement en juillet s'ils ne sont pas soutenus par Les Républicains (LR). Ces derniers, ayant affiché une position dure (au moins au stade initial), gagnent, d'une part, des points politiques, et d'autre part, ayant effectivement intercepté l'agenda du parti de Marine Le Pen, ils tirent ses électeurs de leur côté.
Les Républicains (LR) auraient dû faire remarquer que pour leur projet personne ne permettra à la France d'aller au-delà des limites prévues par l'Union européenne. Sans l’actualité, Les Républicains (LR) auraient fait un peu de bruit, auraient donné un certain nombre d'entretiens très médiatisées, auraient négocié certaines préférences pour eux-mêmes et, en fin de compte, auraient, peut-être, voté comme le gouvernement le souhaite. Mais, quelques jours après avoir rendu leur projet audacieux, il y a eu un attentat à Annecy où un réfugié syrien a poignardé des petits enfants dans un parc et sur une aire de jeux avec un couteau, en leur infligeant de graves blessures.
Cet incident a profondément indigné la société française, et même le médecin, Guillaume Mortamet, qui a déclaré: «C’est la première fois que j’interviens sur une attaque au couteau chez de si jeunes enfants. Généralement, il s’agit d’adultes ou d’adolescents. Ce qui est aussi inédit, c’est qu’il y en ait autant et dans un état si critique. J’ai beau essayer de faire abstraction du contexte, je suis ému. On n’est jamais préparé à affronter un tel drame». La conséquence directe de l'attentat d'Annecy est la montée en puissance de partis, dont celui de Marine Le Pen, qui infléchissent la ligne anti-immigrés et appellent non pas à affaiblir, mais à durcir les règles existantes. Cette actualité est un autre casse-tête pour les partisans d’Emmanuel Macron et ses soutiens.
Peu importe le nombre de belles paroles prononcées par les Français à propos des migrants, en réalité, il s'agit toujours d'économie, et non du désir d'aider quelqu'un. Dans les pays développés (et pas seulement), il existe toute une gamme d'emplois (généralement mal rémunérés), que leurs propres citoyens hésitent à accepter. Les migrants sont rentables car ils sont sans prétention et sont satisfaits de tout travail.
Cependant, tous ne respectent pas les règles de l'État d'accueil et ne veulent pas se contenter d’être des personnes de seconde classe. Cela explique les gangs ethniques, le trafic de drogue et d'autres types de crimes qui ne passent pas inaperçus dans les faits divers, surtout quand il s'agit d'une affaire aussi médiatisée que l'agression d'enfants à Annecy.
Or, du point de vue des partisans d’Emmanuel Macron, c'est une situation qui tombe mal car la loi légalisant les migrants doit encore être adoptée. Après avoir attendu une pause pour que les passions se calment, le parti au pouvoir a lâché le ministre du Travail, Olivier Dusso, dans l'arène. Il a attiré l'attention des citoyens sur le fait qu’ un certain nombre de secteurs professionnels «ne fonctionnerait pas» en France sans l'immigration, et que dans certains métiers, «comme commis de cuisine ou femme de ménage, il y a 25% de travailleurs étrangers non communautaires», comparativement à une moyenne nationale «d'environ 3%». «La France ne fonctionnerait pas sans l'immigration», a-t-il martelé. «Il faut regarder la réalité en face (...) Ces métiers n'existeraient pas sans eux (...) Dans un certain nombre de secteurs professionnels, notre pays ne fonctionnerait pas sans immigration», a-t-il précisé.
Le sujet s'est avéré tellement brûlant que les lecteurs du Figaro ont développé la pensée du ministre dans les commentaires. La majorité des lecteurs n'a pas du tout commenté dans le sens escompté des autorités. Un lecteur a fait remarquer qu’ «il est plus rentable pour les patrons d'embaucher des étrangers que d'augmenter les salaires des Français. Les propriétaires et le gouvernement répètent qu'il n'y a pas assez de travailleurs, et qu'il faut donc des migrants... comment peut-il ne pas y avoir assez de travailleurs alors que nous avons trois millions de chômeurs?»
Un autre commentateur «anonyme» a répondu à l’article du Figaro et à la position du gouvernement pour favoriser l’immigration choisie car l'ambition de l'un des volets du futur projet de loi immigration permettrait de régulariser des travailleurs sans papiers qui travaillent déjà dans les métiers «en tension» comme l'hébergement-restauration, la santé ou le BTP: «Cher Monsieur [Olivier Dussopt], les restaurateurs ont très souvent pas mal d'argent, idem pour les promoteurs immobiliers. Ces métiers sont pénibles mais peuvent être mieux rémunérés. La formation pour ces métiers peut également être revue. Dans ce cas, ils trouveront preneurs sans aucun problème. Enfin, nous pouvons aussi redonner un peu de culture d'efforts. Bientôt, d'autres métiers seront en tension (éducation, hôpital pour le public, restauration, agriculture, bâtiment, abattoirs) et déjà vous prévoyez de faire appel à l'immigration sans avoir revalorisé ces métiers. Pas de problèmes, vous dégagerez donc et porterez une lourde responsabilité. Enfin, est-ce à l'Etat de prendre en charge entièrement le coût de l'immigration illégale, sachant qu'il la tolère uniquement pour que cela bénéficie aux entreprises?»
Mais, le gouvernement français ne va en aucun cas reculer. Et, pour occulter le fait divers d'Annecy, les médias français exagèrent depuis plusieurs jours sur plusieurs meurtres domestiques, choisis pour que les accusés ne rappellent pas les aspects indésirables de l'immigration. Si Emmanuel Macron parvient à légaliser le nombre de migrants prévu par le ministre du Travail, cela signifiera aussi gagner de nouveaux partisans qui voteront pour son parti. En outre, la légalisation signifie également l'inclusion des migrants dans le système fiscal. Ce sont de solides avantages, quoi qu'on en dise.
Quant aux Les Républicains (LR) avec leur projet audacieux, c'est un coup tactique intéressant, mais il n'a aucune chance d’aboutir, car aujourd'hui tout est dicté par l'économie. Et, tant que le modèle économique sera basé sur le fait que les migrants sont les plus rentables, leur nombre augmentera, pas seulement en France, mais dans toute l'UE. Et, l'attentat d'Annecy, du point de vue des autorités, n'est qu'un cas malheureux qui peut être négligé.
Pierre Duval
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