12.09.2023
«L’expansion de l’UE est de nouveau à l’ordre du jour pour Ursula von der Leyen», rapporte Politico qui avertit qu’ «une croissance rapide va lui nuire». Du côté de l’UE, il est évoqué, plus diplomatiquement, «le processus d’élargissement de l’UE». Il est question ni plus ni moins que de dérober de nouveaux pays en les mettant sous la tutelle de Bruxelles au risque de provoquer l’implosion de l’UE.
L’UE élabore ses plans d’expansion territoriale. La nouvelle communication de l’UE vise à culpabiliser l’action de la Russie sur l’Ukraine en l’accusant de prendre de nouvelles terres. Pourtant les responsables politiques de Bruxelles ont décidé d’élaborer des plans pour conquérir d’autres pays. «Des démarches sont en cours pour amener jusqu'à huit nouveaux membres dans le bloc des 27 pays», annonce Politico qui avertit que «la dynamique historique d’élargissement comporte ses propres risques pour l’UE». «L’ajout de nouveaux États – y compris potentiellement la puissance agricole de l’Ukraine – ouvrirait une boîte de Pandore pleine de défis. Des réformes internes radicales seraient nécessaires, ce qui déclencherait probablement des années de luttes intestines toxiques entre les membres actuels de l’UE», continue le média anglophone.
L'excuse du conflit en Ukraine. «C'est maintenant le moment d'être audacieux et de changer notre approche de l'élargissement – pour intégrer clairement les six pays des Balkans occidentaux, chacun d'entre eux, ainsi que l'Ukraine et la Moldavie, dans notre famille», a déclaré le ministre autrichien des Affaires étrangères Alexander Schallenberg à Politico. «L’élargissement n’est pas une entreprise bureaucratique, il s’agit d’exporter et de sauvegarder un certain modèle de vie de démocraties occidentales libres et ouvertes», a poursuivi le responsable politique autrichien. L’excuse pointant du doigt la Russie pour entamer le processus d’expansion territoriale hors UE n’est pas récente.
Déjà avant le conflit en Ukraine, Alexander Schallenberg, a demandé à inclure les pays des Balkans dans l’UE. «L’avenir des pays des Balkans occidentaux doit être européen», avait-il affirmé en juin 2021. «Dans son discours, Alexander Schallenberg avait regretté que 2020 ait été une année perdue pour le rapprochement de la région avec l'UE, mais a également réaffirmé que les six États des Balkans occidentaux, l'Albanie, la Macédoine du Nord, la Serbie, le Monténégro, la Bosnie-Herzégovine et le Kosovo, sont 100% européens». Aujourd’hui, il a rajouté l’Ukraine et la Moldavie.
L’UE lorgne sur les pays des Balkans, officiellement depuis 2014 comme le rappelle le site du ministère d’ Alexander Schallenberg: «Le processus de Berlin est une initiative diplomatique lancée en 2014 qui vise à renforcer les relations entre les Balkans occidentaux et certains pays de l'UE. L’objectif est de soutenir le processus d’élargissement de l’UE. Outre l'Autriche, l'Allemagne, la France, la Bulgarie, la Croatie, l'Italie, la Pologne, la Slovénie et la Grèce ont également participé à la réunion virtuelle au sein de l'UE». Les ambitions de l’UE de s’emparer de nouveaux pays ont débuté avant le conflit en Ukraine, ne serait-ce que par la décision – non validée par l’ONU – de bombarder en 1999 la Serbie par le ministre allemand des Affaires des étrangères d’alors, Joschka Fischer, autorisant une guerre de l’OTAN contre la Serbie.
Pour Politico, l'élargissement devrait être un thème récurrent du discours sur l’état de l’Union 2023 de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le 13 septembre. Le média anglophone fait savoir que «les ministres des Affaires européennes des 27 capitales du bloc devraient, également, se pencher sur la question lors d'une réunion fin octobre», selon «deux hauts diplomates de l'UE qui ont gardé l'anonymat pour discuter de questions confidentielles», précisant que «l’Allemagne et la France semblent être d’accord».
Politico retrace, «la candidature du chancelier allemand, Olaf Scholz, plus tôt cette année pour une Europe élargie ainsi que les signaux optimistes de Paris», où la secrétaire d’État chargée de l’Europe, Laurence Boone, a déclaré que «l'UE devrait envoyer un message cohérent aux pays candidats concernant l'adhésion à l'Union – notamment pour les aider à repousser les campagnes d’influence russes».
«Le conflit sur les frontières de l'Europe commence», titre le Süddeutsche Zeitung de ce 1 septembre, mentionnant le fait que «la chef de la Commission UE, Ursula von der Leyen et le président du Conseil de l'UE, Charles Michel, s'entretiennent souvent avec le président Volodymyr Zelensky, de l'éventuelle adhésion de l'Ukraine à l'UE». Le quotidien allemand va plus loin que Politico dévoilant que «dix pays candidats veulent rejoindre l'UE».
Diktat de l’UE sur les pays. Le quotidien affirme que «le discours du président du Conseil de l'UE, qui «déclare un élargissement d'ici à 2030», prononcé lors d'une conférence en Slovénie sur l'élargissement de l'Union a suscité de nombreuses désapprobations à Bruxelles», même de «la colère» car «la grande majorité des gouvernements de l’UE étaient absolument horrifiés» puisque le travail de Charles Michel est de «refléter les opinions des 27 États membres» et non pas de les surpasser. C’est une attitude qui surprend d’autant que la Commission EU vante dans l’annonce de son discours sur l'état de l'UE 2023 «la défense de la démocratie» et que Charles Michel a, aussi, répété en Slovénie que «notre Union est fondée sur les valeurs fondamentales que sont les droits de l'homme et la dignité, la démocratie et la solidarité».
Des annonces qui montrent déjà des fissures dans l’unité et la stabilité des pays de l’UE. Le Süddeutsche Zeitung note que «le mandat de Charles Michel se termine l'année prochaine, bien avant 2030» et que «cela a – d'autant plus – agacé de nombreux représentants de gouvernement à Bruxelles de voir ce dernier tirer des plans sur la comète sur une question politique aussi difficile et compliquée que l'admission de nouveaux membres de l'UE». «L'expansion [territoriale] repose sur des critères que les pays doivent respecter, pas sur des données», critique un diplomate cité par le Süddeutsche Zeitung. «En fixant une date limite, Charles Michel enlève la pression sur les pays candidats et la déplace vers l'UE. Si l'on considère tout ce que les candidats doivent encore accomplir, il s'agit d'une évolution dangereuse», prévient-il. En outre, le site de l’UE préparant le discours sur l’état de l’UE 2023 remet en mémoire qu’ «il s’agira, aussi, du dernier discours de ce mandat, avant les élections européennes de 2024 pour Ursula von der Leyen».
Philippe Rosenthal
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