Le Pentagone n’arrive pas à empêcher les suicides dans l’armée US
05.10.2023
Le nombre de suicides dans l'armée américaine a dépassé ses pertes dans les guerres en Irak, en Afghanistan et ailleurs depuis le 11 septembre. Le Pentagone a, à plusieurs reprises, annoncé des mesures pour empêcher les suicides parmi ses soldats. À nouveau, il relance le sujet car rien ne change et l’armée des États-Unis a la particularité de s’autodétruire dans l'ensemble des forces armées. La santé mentale des soldats US est en question car c’est elle qui les pousse à se suicider.
Le nombre des suicides dépasse les guerres Irak, en Afghanistan et ailleurs depuis le 11 septembre. Le site du Watson Institute a annoncé en juillet 2021 que «plus de 7000 militaires américains et plus de 8000 sous-traitants sont morts dans les guerres qui ont suivi le 11 septembre en Irak, en Afghanistan et ailleurs», rajoutant: «Plus de 30.177 militaires et vétérans américains des guerres d’après le 11 septembre se sont suicidés».
Le Pentagone a présenté plus d'une centaine de mesures visant à résoudre ce problème. Cependant, l’efficacité de ces mesures suscitent de sérieux doutes parmi les experts. Observateur Continental faisait, déjà, savoir en 2022 que ce problème préoccupe sérieusement le secrétaire américain à la Défense Lloyd J. Austin III, qui a évoqué ce sujet lors de sa visite à la base d'Eielson en Alaska car c'est dans cette base que les militaires américains mettent le plus souvent fin à leurs jours. Les annonces du Pentagone se succèdent, mais rien ne change.
A nouveau, ce 28 septembre dernier, le Pentagone a relancé le sujet: «Le ministère de la Défense US annonce de nouvelles actions pour prévenir le suicide dans l'armée». «Le secrétaire américain à la Défense Lloyd J. Austin III a publié une note ordonnant des actions urgentes pour lutter contre le suicide dans la communauté militaire, s'appuyant sur deux années de travail important en faveur de la prévention du suicide au sein du ministère de la Défense (DoD)», est-il annoncé.
Le Comité d'examen indépendant sur la prévention et la réponse au suicide (SPRIRC) a étudié le phénomène. Les experts ont formulé 127 recommandations à court et à long terme pour résoudre ce problème critique au sein des rangs.
Le communiqué de presse du Pentagone affirme: «Le Département reste déterminé à réduire le nombre de décès par suicide dans l'ensemble des forces armées et suit un calendrier ambitieux pour la planification et la mise en œuvre des cinq axes d'action du Secrétaire, en donnant la priorité aux actions les plus efficaces afin d'établir une base solide pour des progrès à long terme. Le sous-secrétaire à la Défense chargé du personnel et de l'état de préparation supervisera les efforts de mise en œuvre dans l'ensemble du ministère et veillera à ce que la mise en œuvre soit menée de manière rapide et méthodique. Le DoD vise à mettre en œuvre pleinement chaque axe d’effort d’ici la fin de l’exercice 2030».
Cinq axes d'effort, qui ont été déterminés pour réduire les suicides, sont: «favoriser un environnement favorable, améliorer la prestation des soins de santé mentale, lutter contre la stigmatisation et autres obstacles aux soins, réviser la formation en prévention du suicide et promouvoir une culture de sécurité des moyens létaux».
«Chaque jour, l’armée américaine perd des hommes et des femmes courageux qui se suicident. Chaque décès est une perte dévastatrice pour les familles, les autres militaires et l’ensemble de nos forces. Nous tous au ministère de la Défense, nous devons faire davantage pour prévenir ces tragédies», commence la note du ministère US de la Défense.
Déjà en 2022, le Pentagone annonçait des mesures pour éviter les suicides. Déjà, les questions concernant la santé mentale des soldats était soulignée. A lire le rapport de 2023, rien n’a changé, même si «au cours des deux dernières années et demie, le Pentagone a pris», selon ses dires, «des mesures sans précédent pour lutter contre les comportements préjudiciables sous toutes ses formes, y compris le suicide».
A lire le rapport du Pentagone via l’étude du SPRIRC, l’armée des États-Unis visent à «moderniser le contenu, la prestation et le dosage de la formation sur la prévention du suicide»; «à former les techniciens en santé comportementale aux pratiques fondées sur des données probantes»; «à intégrer les leaders à tous les niveaux dans la formation en prévention du suicide»; «à centraliser le programme de formation de base en prévention du suicide». Le contenu reste théorique et qu’une construction de mots, semblant totalement être dans l’incapacité de résoudre, justement, la question des suicides dans l’armée US. C’est que le rapport US stipule qu’ «il a été prouvé que les pratiques de stockage sécurisées des armes à feu permettent de sauver des vies» car «environ 70% des militaires qui se suicident utilisent des armes à feu». Ainsi, les soldats de l’armée US, qui utilisent diverses armes pour leur travail, ont l’interdiction d’y avoir accès au quotidien pour les empêcher de se suicider. Ils recommandent «d’appliquer les restrictions existantes sur les armes à feu privées dans les casernes».
En conclusion le Pentagone considère encore en 2023 que «la prévention du suicide est un effort à long terme», que « le changement ne se produira pas du jour au lendemain, et que nous n’avons pas de temps à perdre» car «les hommes et les femmes qui se mobilisent pour servir notre pays en uniforme sont les suivants». Lloyd J. Austin III, le secrétaire américain à la Défense, affirme dans la note que «l'atout le plus important du département», c’est «la santé et le bien-être de ce public extraordinaire domestique et de leurs familles», «c’est une obligation que je prends au sérieux et personnellement. J'attends des dirigeants à tous les niveaux du Département pour faire de même et solliciter votre soutien pour adopter et exécuter ces efforts de prévention».
«Un rapport de l'armée montre une augmentation des suicides chez les soldats en service actif en 2023», a dénoncé en juillet dernier Military.com. «Entre janvier et mars [2023], l'armée US a vu les suicides dans sa composante active passer de 37 sur la même période l'année dernière à 49, selon les données publiées du Pentagone», continue le site militaire US. «Le premier trimestre 2023 a été le troisième pire en matière de suicides dans l'armée depuis 2017. Les chiffres ne sont qu'un instantané, mais ils dressent un tableau inquiétant pour l'armée en service actif alors que les commandants attendent de nouvelles politiques à l'échelle du service sur la prévention du suicide qui étaient initialement censées sortir en 2021», avertit Military.com, mettant le doigt sur le fait que «les États-Unis sont confrontés à une pénurie nationale de travailleurs en santé mentale».
«Selon les données militaires, les soldats les plus à risque sont les hommes de moins de 30 ans et les sergents d'état-major de grade inférieur. La plupart des suicides sont liés à des problèmes personnels tels que le stress financier ou les relations amoureuses difficiles, même si les experts affirment que la cause des idées suicidaires peut rarement se limiter à une seule chose», relate, plus loin, Military.com, donnant une image plus précise sur les suicidés.
La situation est si dramatique au sein de l’armée US qu’il existe une hotline pour les soldats et les anciens soldats pour qu’ils ne mettent pas un terme à leur vie. Il semble que les Etats-Unis préfèrent voir ses soldats mourir au combat que seul avec leur arme sans livrer un combat pour le pays.
Philippe Rosenthal
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