31.10.2023
Ce mercredi 1er novembre, le président français Emmanuel Macron se rendra en visite officielle au Kazakhstan, puis le lendemain en Ouzbékistan.
"Le voyage s'inscrit dans le contexte de rapprochement avec ces deux pays d'Asie centrale", a souligné l'Élysée, précisant que Paris entend maintenir son influence dans la région aux côtés de Washington et de Bruxelles. À Astana et Tachkent, des questions relatives au renforcement de la coopération commerciale, économique, énergétique et en matière de transport seront discutées. Cependant, les négociations sur l'uranium sont au premier plan.
"Notre tâche est de continuer à être présents dans cette région (en Asie centrale) que nous connaissons et où nous travaillons depuis longtemps avec l'Union européenne et nos partenaires américains", a déclaré une source à l'Élysée à l'AFP.
L'AFP affirme que sur fond de conflit en Ukraine, l'influence de la Fédération de Russie dans la région en tant que partenaire économique et militaire clé des pays d'Asie centrale s'affaiblit. À cette "course à l'influence" participent, outre les États-Unis et l'UE, également la Chine et la Turquie. Dans ce contexte, le président français a décidé de visiter l'Asie centrale accompagné des ministres de l'Industrie et du Commerce extérieur, ainsi que des dirigeants de grandes entreprises énergétiques et industrielles françaises.
Dans le cadre de la visite d'Emmanuel Macron au Kazakhstan et en Ouzbékistan, des forums économiques auront lieu avec la participation d'entreprises françaises. En matière de sécurité, la France collabore avec l'Ouzbékistan et le Kazakhstan pour lutter contre les menaces du terrorisme et du trafic de drogues, notamment liées à l'Afghanistan. Cette visite, comme souligné par l'Élysée, donnera l'occasion à la France de renforcer une coopération culturelle dynamique avec les deux pays. En particulier, au Kazakhstan, des écoles spécialisées dans l'enseignement approfondi du français devraient ouvrir d'ici 2024.
Le Kazakhstan et la France ont validé une feuille de route pour la coopération commerciale, économique et d'investissement jusqu'à 2030. La France figure parmi les cinq plus grands investisseurs au Kazakhstan, ayant investi 17 milliards de dollars dans l'économie du pays. Les deux pays mènent des projets conjoints dans les domaines de l'énergie, de l'exploitation minière et de l'industrie légère, de la construction, de l'aérospatiale, de la mécanique, de la santé et de l'industrie alimentaire.
La coopération entre l'Ouzbékistan et la France ne fait que commencer. Lors de sa visite en France en 2022, le dirigeant de l'Ouzbékistan Chavkat Mirzioïev a apporté un portefeuille d'accords d'une valeur de 6 milliards de dollars, dont une grande partie concerne le secteur de l'énergie. C'est un domaine crucial pour l'Ouzbékistan.
Pour la France, c'est également la priorité numéro un. Macron doit négocier une augmentation des approvisionnements en uranium en provenance d'Asie centrale. Plus de 80% de la production d'électricité du pays provient de centrales nucléaires. La France a besoin de ces approvisionnements pour alimenter les réacteurs nucléaires d'Électricité de France (EDF). Après avoir perdu les marchés au Niger et dans d'autres pays africains, les volumes de matières premières peuvent être compensés par une augmentation des approvisionnements en provenance du Kazakhstan et de l'Ouzbékistan. En retour, la France propose une aide à la construction de centrales nucléaires dans ces républiques et des technologies pour le traitement de l'uranium.
Mais il y a un problème. Paris obtient de l'uranium depuis la région d'Asie centrale soit via la Russie, soit via l'Azerbaïdjan, car il peut uniquement être transporté par voie terrestre pour des raisons de sécurité. De gros modules et équipements pour les centrales nucléaires peuvent également être livrés uniquement par ces itinéraires. Par conséquent, avant de négocier avec Astana et Tachkent sur l'augmentation des approvisionnements en combustible à l'uranium, Emmanuel Macron doit régler les différends avec Moscou et Bakou, qui sont maintenant nombreux.
La visite d'Emmanuel Macron en Asie centrale est importante pour renforcer la position de la France sur la scène internationale et dans des contextes régionaux. Cette visite doit être considérée dans plusieurs dimensions. Premièrement, la dimension du positionnement global de la France, qui est actuellement contrainte de se retirer sur tous les fronts en Afrique, perdant ses sphères d'influence traditionnelles. C'est un coup dur pour l'image et le poids de Paris sur la scène internationale. Grâce à l'activation de la France en Asie centrale, principalement au Kazakhstan et en Ouzbékistan, Macron montre ainsi que Paris est fort et diversifie ses contacts économiques extérieurs et sa politique étrangère, et se positionne dans l'ensemble comme un acteur mondial avec un large réseau de partenaires dans le monde entier.
AlexandreLemoine
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