07.12.2023
Marianna Boudanova, la femme du chef de la Direction principale du renseignement (GUR) du ministère de la Défense de l'Ukraine Kyrylo Boudanov, a été empoisonnée avec plusieurs autres employés du GUR, a rapporté le porte-parole de cette institution Andriy Youssov. Son empoisonnement est probablement le dernier évènement de la lutte pour le pouvoir à Kiev de qui s'intensifie.
Selon les médias ukrainiens, Marianna Boudanova a été hospitalisée après avoir été empoisonnée par des métaux lourds, probablement d'origine alimentaire, et est actuellement en traitement. On ignore s'il s'agissait d'un "empoisonnement unique" ou si elle a été "empoisonnée par doses sur une certaine période".
Cela n'a pas seulement affecté directement l'épouse de Kyrylo Boudanov, mais aussi plusieurs employés du GUR. Il s'agit de hauts fonctionnaires, chefs de différents départements, responsables d'opérations contre la Russie, a déclaré l'ancien chef du Service de renseignement extérieur de l'Ukraine, Valeri Kondratiouk.
Tout cela pourrait témoigner de l'intensification de la lutte en coulisses au sein de la haute direction de l'Ukraine. Il existe de profondes contradictions entre le président Volodymyr Zelensky, le commandant en chef des forces armées de l'Ukraine Valeri Zaloujny et Kyrylo Boudanov. Leurs différends ont été largement couverts par les médias occidentaux et concernaient la manière de poursuivre les opérations militaires.
Les divergences entre le président et le commandant en chef ont commencé en octobre, lorsque Zaloujny a déclaré que l'opération militaire était dans une impasse. Zelensky n'était pas d'accord, insistant sur le fait que les troupes ukrainiennes étaient capables de gagner.
Sur fond de tensions, des informations sont apparues selon lesquelles lors des élections de mars 2024, Zaloujny pourrait se présenter à la présidence contre le président sortant. Bien que le général n'ait pas encore exprimé une telle intention, Zelensky est préoccupé par une éventuelle perte de son soutien.
Le plus éloquent et renforçant encore l'idée que l'empoisonnement a été organisé à l'intérieur de Kiev, et non par Moscou, est le fait que la Russie n'est pas accusée dans cette tentative d'assassinat, comme c'est habituellement le cas dans de telles situations. Il est évident que cette série d'empoisonnements fait partie de la tentative de Zelensky de consolider son pouvoir.
Un sondage récent a montré que Boudanov avait une cote de popularité plus élevée que le président: +45%. Le même sondage, rapporte The Economist, suggère que Zelensky risque de perdre la présidentielle s'il affronte un jour Zaloujny face à face. Dans de telles circonstances, on comprend pourquoi Zelensky voudrait que Boudanova et Zaloujny soient tués ou dépossédés de leur pouvoir. Le sondage de The Economist indique: "Les chiffres, qui datent de mi-novembre, montrent que la confiance envers le président est tombée à un net +32%, moins de la moitié de celle du général Zaloujny (+70%). Le chef des renseignements ukrainiens Kyrylo Boudanov a également une meilleure cote de popularité que le président (+45%)."
Rappelons que la vice-présidente de la commission parlementaire pour la sécurité, la défense et le renseignement, Mariana Bezouhla, a précédemment exigé ouvertement la démission de Zaloujny, évoquant son inaptitude à remplir ses fonctions de chef militaire. Les critiques de Bezouhla à l'encontre du commandant en chef se sont intensifiées récemment.
Depuis le 26 novembre, Bezouhla critique sévèrement Zaloujny sur ses réseaux sociaux, déclarant l'absence d'un plan stratégique pour 2024 et l'accusant de transférer des pouvoirs au bureau présidentiel dans des situations inconfortables. Ses déclarations ont été critiquées par la société ukrainienne, qui l'a accusée de saper la confiance dans les forces armées du pays.
Bien que Bezouhla nie toute coordination avec le président, il existe dans la société ukrainienne des spéculations selon lesquelles ses paroles pourraient marquer le début d'une campagne visant à discréditer la direction militaire, indiquant un possible renvoi de Zaloujny par Zelensky.
Il est peu probable que ces incidents se produisent de manière isolée. La série d'attentats, les appels à la démission, l'annulation des élections, les assassinats et bien d'autres choses témoignent d'une sérieuse lutte pour le pouvoir à Kiev. L'empoisonnement de Boudanova est probablement un autre évènement dans cette lutte pour le pouvoir, mais il ne sera certainement pas le dernier.
Elsa Boilly
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