05.04.2024
Suite à l’élection de Bassirou Diomaye Faye à la tête de l’Etat sénégalais, nombreux sont les analystes et observateurs qui tentent à prévoir la suite des événements, y compris en ce qui concerne les perspectives des relations entre le Sénégal et les pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel, à l’heure où l’adhésion au panafricanisme et à l’ordre multipolaire international est la voie résolument soutenue par une large partie des citoyens africains.
Dans le cadre des événements contemporains, y compris en Afrique, beaucoup s’intéressent désormais aux développements ultérieurs suite à l’élection récente de Bassirou Diomaye Faye à la tête du Sénégal et de la nomination d’Ousmane Sonko – qui fut une figure majeure de l’opposition depuis plusieurs années – au poste de Premier ministre du pays. Notamment en ce qui concerne les relations qui seront bâties entre Dakar et les pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), composée du Mali, du Burkina Faso et du Niger.
Du côté de l’AES – il y a résolument une volonté à collaborer avec les nouvelles autorités sénégalaises. Quant au nouveau leadership du Sénégal – dont les principaux représentants avaient longtemps insisté sur la nécessité d’en finir avec les instruments néocolonialistes tels que le Franc CFA – il faudra très certainement observer avant de pouvoir se prononcer.
D’autant plus que le président élu et désormais investi du Sénégal avait déclaré avant même l’élection – vouloir faire revenir les trois pays membres de l’AES au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Une institution que le Mali, le Burkina Faso et le Niger avaient quitté fin janvier dernier – insistant sur le fait que l’organisation s’était largement éloignée des idéaux de ses pères fondateurs et du panafricanisme et d’être sous l’influence de puissances étrangères.
D’un côté, il est vrai qu’au vu de la tournure des événements – il n’est pas impossible qu’à terme la Cedeao puisse retrouver une autre image que celle dont elle fait figure aujourd’hui auprès d’une large partie de citoyens de pays d’Afrique de l’Ouest, et plus globalement parlant à l’échelle continentale africaine. Mais en attendant cela, il est bien peu probable que cela puisse faire partie des intérêts immédiats de l’Alliance des Etats du Sahel – une alliance qui avait été spécifiquement créée en vue de répondre aux défis existants pour les populations des trois pays et du Sahel dans son ensemble, et ce dans divers domaines – militaro-sécuritaire comme économique, entre autres.
D’autre part – le Sénégal pourrait-il viser à rejoindre l’AES? Pour le moment c’est trop tôt pour le dire et beaucoup dépendra des prochaines décisions et interactions du leadership sénégalais avec les pays voisins. Rien n’est aujourd’hui impossible, mais rien n’est également pour le moment certain. D’autant plus que le régime hexagonal, malgré les critiques fortes l’ayant visé précédemment notamment de la part d’Ousmane Sonko – ne compte pas lâcher prise et espère pouvoir maintenir son influence en terre sénégalaise.
Ceci étant dit et connaissant la maladresse, pour ne pas utiliser une autre expression, et l’incapacité la plus totale dudit régime hexagonal à pouvoir s’adapter aux événements contemporains, y compris et peut-être surtout dans le cadre africain – pourrait ne pas tarder à faire preuve de nouvelles erreurs stratégiques, qui alors pousseront l’Etat sénégalais à prendre des mesures de distance plus radicales.
Pour autant, il est évident que le Sénégal a intérêt à bâtir des relations cordiales et fortes avec ses partenaires stratégiques régionaux et continentaux. Y compris, comme déjà mentionné, avec les pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel, dont un rapprochement sincère serait bénéfique à toute la région. Avec des pays comme le Maroc – partenaire traditionnel, stratégique et de longue date de Dakar. Et certainement dans le cadre de l’ouverture vers de nouvelles opportunités existantes avec les principales puissances promotrices de l’ordre multipolaire international contemporain. Le tout – dans le respect de la souveraineté sénégalaise.
Mikhail Gamandiy-Egorov
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