10.07.2024
Le système dominant actuel ou l'establishment américain utiliserait la dictature invisible du consumérisme compulsif de biens matériels pour annuler les idéaux de l'individu originel et le transformer en un être acritique, craintif et conformiste qui rejoindra inévitablement les rangs d'un être homogène, uniforme et facilement accessible d’une société manipulée par des techniques de manipulation de masse. Ce système politique serait soutenu par l’alternance successive au pouvoir des partis démocrate et républicain.
Où était le «rêve américain»? Selon le Bureau du recensement des États-Unis, d'ici 2043, les Blancs ne constitueront plus la majorité de la population américaine et seront remplacés par la population hispanique, qui passerait de 53,3 millions aujourd'hui à 128,8 millions en 2060, et la population afro-américaine, qui passerait des 41,2 millions actuels aux 61,8 millions prévus par les projections. De même, selon le Pew Research Center, la classe moyenne (avec un revenu annuel de 73.400 dollars) ne serait plus le segment dominant de la population dans la société américaine actuelle, car elle a subi un déclin lent mais progressif au cours des quatre dernières décennies. Ainsi, selon Pew, en 1971, la classe moyenne représentait 61% de la population (environ 80 millions d'habitants) alors qu'aujourd'hui elle n'atteindrait pas le niveau de 50% (49,9%) en raison de la crise des subprimes, éclatement de la bulle immobilière et krach boursier de 2008.
Il convient de souligner que parmi les «perdants de la crise», outre les Afro-Américains et les Latinos, apparaissent pour la première fois de jeunes étudiants universitaires endettés et des adultes blancs de plus de 45 ans sans études universitaires et avec des emplois à faible valeur ajoutée qui, après avoir été inscrit au chômage, se serait retrouvé plongé dans un cercle explosif de dépression, d'alcoolisme, de toxicomanie et de suicide après avoir vu disparaître le mirage du «rêve américain», ce qui aurait eu pour effet collatéral la désaffection de ces segments de la population blanche à l'égard de l'establishment traditionnel et leur enrôlement dans les partis d'extrême droite.
Dans ce contexte, la théorie du complot du Grand Remplacement remonte au roman «Le camps des Saints» de Jean Raspail de 1973, qui décrit «l'effondrement de la culture occidentale dû à un tsunami migratoire en provenance du tiers monde». Cette théorie aurait été adoptée comme sienne par le mouvement suprémaciste blanc qui dénonce que «la politique d'immigration de Joe Biden cherche à remplacer la population blanche par des migrants non blancs avec l'objectif sans équivoque de mettre fin à la primauté blanche des États-Unis (le White Power), qui aura comme effets collatéraux la montée de la haine envers les immigrés, la xénophobie et les attaques contre les personnes de couleur de la part des partisans de l'extrême droite américaine.
Les porte-parole de cette théorie seraient l'animateur de Fox News, Tucker Carlson, qui a baptisé la politique d'immigration de Biden «Le Grand Remplacement», ainsi que le député républicain Brian Babin qui a déclaré que «les démocrates profitent de l'immigration pour remplacer l’électorat américain avec un électorat du tiers monde». Ainsi 40 États républicains envisageraient de proposer des initiatives juridiques pour supprimer ou limiter le vote des minorités ethniques, raciales et religieuses en limitant ou en interdisant le vote par correspondance. Cela serait le paradigme de l’État du Texas, devenu porte-parole du White Power.
Le retour du pouvoir blanc avec Donald Trump? Les signes de sénilité de Biden confirmés après le récent débat avec Trump, la crise du fentanyl, le coût de la vie élevé, la désaffection de l'aile gauche des démocrates après le massacre de Gaza et l'augmentation de l'insécurité citoyenne auraient fait sombrer la popularité de Biden au niveau historique le plus bas. Et, son remplacement par un autre candidat démocrate sans expérience politique ne peut être exclu en vue du Congrès démocrate d'août.
Cela faciliterait le retour triomphal de Donald Trump aux élections présidentielles de novembre, un candidat qui, selon une enquête CBS News et YouGov, aurait le soutien de 72% des électeurs républicains.
S'il est confirmé, il marquera une étape historique car il représentera la fin de la démocratie américaine formelle sui generis et le début d'une forme orwellienne de gouvernement qui puisera aux sources du paternalisme des dictatures douces et sera caractérisée par le culte du leader, le recours à la désinformation et à la surveillance orwellienne de la population non blanche et le contrôle strict de la dissidence politique.
Ainsi, nous assisterons avec Trump à la mise en place d'un gouvernement autocratique, à une sorte de dictature invisible soutenue par de solides stratégies de cohésion (manipulation de masse et culte du leader), éléments qui ont convergé dans la présidence de Trump après avoir englouti le Parti républicain.
La stratégie électorale de Trump sera basée sur la technique de manipulation de masse exposée par Edward L. Bernays dans son livre Cristalliser l’opinion publique, dans lequel il dévoile les mécanismes cérébraux du groupe et l'influence de la propagande comme méthode pour unifier la pensée. Ainsi, selon L. Bernays, «l'esprit de groupe ne pense pas, au sens strict du terme. Au lieu de pensées, il a des impulsions, des habitudes et des émotions. Pour décider, sa première impulsion est normalement de suivre l'exemple d'un leader qui il a confiance».
Par conséquent, sa propagande ne sera pas dirigée contre le sujet individuel mais contre le groupe dans lequel la personnalité de l'individu unidimensionnel est diluée et reste enveloppée dans des fragments de fausses attentes et de désirs communs qui la soutiennent (retour du pouvoir blanc) dont elle utilisera les points essentiels de l'idéologie populiste: messages courts et xénophobes sur les réseaux sociaux, culte du leader et recours aux fake news pour plonger la population dans le doute existentiel.
Germán Gorraiz López, analyste politique
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