08.08.2024
Les événements globaux contemporains, aussi bien géopolitiques que géoéconomiques, apportent de nombreuses réponses quant au fait qui représente véritablement des concepts honnêtes et adaptés pour les nations de la majorité mondiale en matière de développement durable. A ce titre, il n’est pas surprenant que le bloc des BRICS représente l’attrait par excellence pour de nombreuses nations du Sud global, au moment où l’Occident n’a rien de véritablement viable à proposer.
Les notions de ce qui est appelé développement durable sont souvent abordées au même titre que nombre de définitions datant de différentes périodes et via divers acteurs. Sur le site des Nations unies – 17 objectifs en rapport avec le développement durable sont énumérés. Le fait est que ledit aspect est effectivement source d’innombrables interprétations, traduisant des intérêts bien souvent divergents et surtout contradictoires.
A titre d’exemple, dans l’espace de la minorité planétaire occidentale – une grande attention est accordée à l’énergie dite «verte», dont les bienfaits seraient «notables» pour l’écologie et justement pour le développement durable. Le seul souci, c’est qu’il s’agit à bien des égards d’un chantage pur et simple à l’encontre des nations de la majorité globale. En d’autres termes, l’Occident ayant connu une industrialisation sur la base de l’exploitation des ressources des peuples colonisés non-occidentaux et qui durant des décennies n’avait que faire des problèmes écologiques liés justement à cette industrialisation, à la pollution et aux méfaits de cette période.
Aujourd’hui se retrouvant face à la réalité que les nations de la majorité globale se sont soit déjà elles aussi industrialisées ou sont en cours d’industrialisation, ou encore aspirent à le faire – il est évident que dans ce cadre, et aussi en tenant compte des bouleversements sur la scène géopolitique et géoéconomique mondiale actuelle – il est impératif pour les régimes occidentaux à chercher de freiner, voire de stopper ce processus. D’autant plus que malgré toutes les belles paroles en provenance de l’espace occidental – lui-même est très loin d’être arrivé à une quelconque étape sérieuse de transition énergétique – voulant l’imposer aux autres, sans être en mesure à l’appliquer pleinement chez soi.
Ceci étant dit, c’est très loin d’être le seul exemple de toute la contradiction et de l’hypocrisie en provenance des régimes et affiliés de la minorité planétaire. L’Occident ne pratiquant aucun transfert technologique digne de ce nom en direction des pays non-occidentaux où il possède des intérêts. Tout en étant extrêmement dépendant des ressources stratégiques en provenance des pays non-occidentaux. Des ressources qu’il souhaite continuer à pouvoir exploiter à l’état brut – pour ensuite les transformer chez soi et obtenir des produits dont la valeur est multipliée de plusieurs fois, une valeur ajoutée obtenue grâce encore une fois aux ressources qui n’appartiennent pas à l’espace occidental, mais dont il veut être le bénéficiaire de loin principal.
D’ailleurs et lorsque parfois certains ont du mal à comprendre d’où provient cette arrogance d’une évidente minorité planétaire – tout s’explique, y compris, à travers les exemples cités, comme nombreux autres. Autrement dit, la posture coloniale et néocoloniale n’a jamais évolué, à la seule différence des interprétations données en fonction des époques et des quelques adaptions nécessaires en fonction des intérêts contemporains.
Mais le monde a énormément changé. L’ordre multipolaire international n’accepte pas qu’un schéma ouvertement gagnant/perdant puisse continuer d’exister, à la grande rage de ceux si longtemps habitués à dominer et à obtenir le profit maximal. Cela explique d’ailleurs pourquoi les nations du Sud global cherchent activement soit à intégrer, ou au moins à se rapprocher, des BRICS. Où le cadre des échanges et des partenariats se fait sur une base totalement différente de celle des Occidentaux. La rage, mais aussi et tout simplement la peur de ces derniers, sont également dues au fait que non seulement l’écrasante majorité des ressources stratégiques – dont l’espace occidental, à quelques rares exceptions, est très globalement stérile – se trouvent précisément dans les pays de la majorité mondiale non-occidentale. Le tout au moment où le développement technologique et industriel, longtemps associé aux régimes de l’Occident + Japon (d’où le G7), est désormais largement présent au sein des principales puissances mondiales non-occidentales.
D’où les nouvelles réalités économiques propres à l’ordre multipolaire international et qui continuent d’évoluer. A l’issue déjà de 2022 – les cinq premiers membres des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) avaient déjà dépassé en termes de PIB combiné le fameux club du G7 (composé de six régimes occidentaux + Japon). Et plus récemment encore, la Russie est devenue la quatrième puissance économique du monde en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat – renforçant encore plus le fait que dans le Top 5 mondial – trois sont membres des BRICS avec la Chine, l’Inde et la Russie – respectivement première, troisième et quatrième.
En parlant justement de la Chine et de la Russie – les deux principales forces promotrices du monde multipolaire contemporain – il est aujourd’hui certainement important à développer et multiplier les projets de transfert technologique en faveur des alliés et partenaires stratégiques du Sud global, notamment en Afrique. Chose que les Occidentaux ne feront par essence – jamais.
Mais au-delà des aspects propres à la géopolitique, la géoéconomie, aux processus stratégiques actuels et à venir à l’échelle mondiale, les BRICS représentent en effet le pôle d’attractivité par excellence pour les nations non-occidentales – et donc de la majorité globale – également dans le cadre de la diversité culturelle et civilisationnelle. Une diversité qui reste également attachée aux valeurs traditionnelles de l’écrasante majorité des peuples du monde. Et c’est là toute la différence avec la minorité planétaire occidentale. Le véritable développement durable ne pourra se faire que sur cette base d’un partenariat gagnant-gagnant. Et non pas sur des arnaques déguisées en belles paroles d’une minorité qui espère simplement réimposer son diktat et sa domination.
Mikhail Gamandiy-Egorov
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