29.08.2024
Les alliés de l'Ukraine sont divisés en ce qui concerne frappes en profondeur sur le territoire russe avec des armes occidentales. Le Royaume-Uni et la France sont favorables à l'idée de permettre à Kiev d'attaquer des cibles en Russie, tandis que les États-Unis et l'Allemagne s'y opposent, craignant une escalade du conflit.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a renouvelé ses appels à ses alliés pour qu'ils lèvent toutes les restrictions concernant l'utilisation des armes occidentales contre des cibles en Russie. Cette demande est intervenue après de récentes frappes de missiles et des attaques aériennes visant l'Ukraine, parmi les plus importantes depuis février 2022.
Zelensky a fait de la levée de ces restrictions une priorité diplomatique, cherchant à convaincre Washington et d'autres capitales occidentales de permettre aux forces armées ukrainiennes de frapper des bases aériennes et d'autres installations militaires en Russie d'où partent les attaques contre l'Ukraine.
"Les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et d'autres partenaires disposent de la force nécessaire pour nous aider à stopper cela", a déclaré le dirigeant ukrainien.
Cependant, cette question a divisé les alliés de Kiev: le Royaume-Uni et la France soutiennent l'idée de permettre à l'Ukraine d'attaquer des cibles militaires en profondeur sur le territoire russe, tandis que les États-Unis et l'Allemagne s'y opposent, écrit le Financial Times.
Quelles sont les capacités sous-entendues pas Zelensky?
L'Ukraine a déjà reçu des missiles avec une portée allant jusqu'à 300 km, mais leur utilisation pour frapper des cibles en Russie est interdite.
Il s'agit principalement des systèmes de missiles tactiques à longue portée ATACMS fournis par les États-Unis au début de l'année, et des missiles de croisière air-sol Storm Shadow (connus sous le nom de Scalp-EG en France), fournis par Paris et Londres depuis l'année dernière. Kiev est également intéressé par les missiles Taurus fabriqués en Allemagne, avec une portée de 500 km (deux fois supérieure à celle du Storm Shadow) et une ogive plus puissante. Cependant, Berlin refuse pour l'instant de donner son accord.
L'Ukraine souhaite également obtenir l'autorisation d'utiliser ses chasseurs F-16 récemment acquis (de fabrication américaine, mais fournis par le Danemark et les Pays-Bas, bientôt rejoints par la Norvège et la Belgique) pour bombarder des cibles en Russie.
Pourquoi l'Ukraine a-t-elle besoin de ces missiles?
Zelensky a déclaré que les forces armées ukrainiennes devaient être capables de mener des frappes profondes pour "protéger l'Ukraine contre les missiles russes et les bombes aériennes guidées, empêcher le déploiement des troupes russes et contrer l'offensive dans des secteurs clés du front". Les bases aériennes, les hubs logistiques, les centres de commandement et les formations militaires seraient ainsi visés.
Pourquoi les alliés de Kiev hésitent-ils encore?
L'administration Biden et le chancelier allemand Olaf Scholz sont préoccupés par le risque d'escalade si des armes occidentales frappaient le territoire russe. Washington et Berlin ont longtemps hésité à fournir des missiles de précision, des chars et des chasseurs F-16, invoquant la crainte de provoquer le Kremlin.
Et qu'en est-il du Royaume-Uni et de la France?
Londres a passé des mois à convaincre Washington que l'Ukraine devait avoir la possibilité de lancer des missiles britanniques Storm Shadow contre des cibles sur le territoire russe.
Le président français Emmanuel Macron a soutenu en mai les frappes ukrainiennes en profondeur contre la Russie avec des missiles français. "On doit permettre [aux Ukrainiens] de neutraliser les sites militaires d’où sont tirés les missiles, les sites militaires depuis lesquels l’Ukraine est agressée", a-t-il déclaré, tout en soulignant l'importance de ne pas viser d'autres cibles ou des civils.
À la question de savoir si la position de la France avait changé depuis, un porte-parole de l'Élysée a de nouveau fait référence aux commentaires du président.
L'Ukraine obtiendra-t-elle finalement l'autorisation de frapper la Russie avec des missiles à longue portée?
C'est tout à fait possible. Par le passé, le Royaume-Uni et la France avaient déjà ouvert la voie, malgré la prudence des États-Unis.
Thierry Bertrand
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