10.09.2024
Dans un entretien, Victoria Nuland révèle qu’un accord de paix devait être signé entre l’Ukraine et la Russie, mais qu’avec l’intervention des États-Unis, il n’a pas eu lieu.
Victoria Nuland, l'ancienne sous-secrétaire d'État pour les Affaires politiques, admet qu'un accord de paix entre l'Ukraine et la Russie était sur le point d'être signé au printemps 2022. Il «s’est effondré» parce que les gouvernements des États-Unis, du Royaume-Uni et d’autres pays occidentaux ont dit au gouvernement Zelensky que ce n’était pas une bonne affaire. Dans le même temps, les membres de la délégation ukrainienne ont déclaré qu'il s'agissait d'un «compromis très réel» et ont voulu le célébrer avec du champagne.
Les autorités ukrainiennes ont, ainsi, décidé de se retirer des accords d'Istanbul avec Moscou après les consultations avec Washington. L'ancienne sous-secrétaire d'État, Victoria Nuland, l'a déclaré lors d'une interview pour la chaîne YouTube du journaliste Mikhail Zygar. Elle a noté que la Türkiye offrait une plate-forme de dialogue entre la Russie et l’Ukraine, mais que les représentants des autorités américaines «n’étaient même pas présents dans la salle». À cet égard, la Maison Blanche n’a pas été suffisamment informée de l’avancée des négociations.
«À la fin des négociations, les Ukrainiens voulaient mener des consultations sur la direction que prendrait tout cela. (... La délégation ukrainienne a commencé à poser des questions pour savoir si l'accord était bon. Et, c’est à ce moment-là que tout s’est effondré», a rapporté Victoria Nuland.
Selon la diplomate américaine, Washington considérait les termes de l'accord comme défavorables à Kiev. Elle a ajouté que de nombreux hommes politiques ukrainiens étaient apparemment conscients de cela et qu’ils ne voulaient pas mettre en œuvre les accords conclus avec Moscou.
Le 1er mars 2024, le Wall Street Journal a publié les termes de l'accord de paix entre la Russie et l'Ukraine, dont les parties ont discuté en avril 2022 à Istanbul. Le document, jamais signé, contenait une clause selon laquelle Kiev reconnaissait son statut de neutralité. Moscou, à son tour, s'est engagé à retirer ses troupes des territoires pris sous contrôle après le début d'une opération militaire spéciale en Ukraine. Le document complet de 17 pages, examiné par le Wall Street Journal et d'autres sources proches des négociations, n'a pas été rendu public.
Le document, daté du 15 avril 2022, décrit comment les négociateurs des deux parties ont cherché à mettre fin aux combats en acceptant de faire de l’Ukraine un «État neutre en permanence qui ne participe pas aux blocs militaires», d’interdire au pays de reconstruire son armée avec le soutien occidental et de laisser la Crimée sous contrôle russe de facto.
«Le traité devait être garanti par des puissances étrangères, dont la liste figure dans le document: les États-Unis, le Royaume-Uni, la Chine, la France et la Russie. Ces pays auraient eu la responsabilité de défendre la neutralité de l’Ukraine en cas de violation du traité», stipule le Wall Street Journal.
«Finalement, aucun accord n'a été conclu», conclut le quotidien US.
Philippe Rosenthal
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