23.09.2024
Macron a formé un cabinet de ministres qui lui sont fidèles. Les vainqueurs des élections législatives en France n'ont rien reçu lors de la formation du gouvernement. De l’extrême droite aux rangs de la gauche, plusieurs personnalités ont déjà menacé de poser des motions de censure.
Dissolution des Républicains dans la Macronie. Après deux mois et demi d’attente, le nouveau gouvernement emmené par Michel Barnier a été annoncé samedi 21 septembre 2024. Depuis, les réactions se multiplient à gauche et à l’extrême droite. Selon Thierry Breton, «l’exécutif est tenu par une coalition entre Renaissance et les Républicains». Et, il y a déjà «de nombreuses critiques qui fusent déjà sur cette droitisation du gouvernement, et des motions de censures sont promises», stipule Ouest-France. Eric Ciotti, qui avait annoncé une alliance surprise avec le Rassemblement national (RN) et qui a quitté Les Républicains, constate «la dissolution de l’état-major des Républicains dans la Macronie».
Les perdants aux élections législatives (la Macronie) gagnent. Ainsi, la création du nouveau gouvernement français comprend des partisans du président français, Emmanuel Macron, et du parti conservateur Les Républicains. Le gouvernement s'avère être de centre droit, c'est-à-dire qu'il représente le camp politique qui a perdu les élections législatives anticipées qui ont eu lieu en juin-juillet. L’ultra-droite et l’extrême gauche dénoncent des magouilles pour maintenir Emmanuel Macron au pouvoir. «Ce gouvernement ne reflète en rien les aspirations des Français. Nous vivons les derniers moments de combines politiciennes obsolètes et d'une macronie en fin de règne», a publié sur X Jordan Bardella, président du Rassemblement National (RN) et député européen. Pour le vice-président du RN Sébastien Chenu, «c'est plutôt un remaniement qu'un nouveau gouvernement». Pour Marine Tondelier, secrétaire nationale d'EELV, également, «le seul responsable est Macron qui n’a jamais eu l’intention de céder le pouvoir. Ce soir on a un remaniement au lieu d’une cohabitation».
À l’extrême gauche, pour Jean-Luc Mélenchon, «le casting du nouveau film catastrophe macroniste est connu. Le gouvernement des perdants des élections législatives est dans la main de l'inquiétant ministre de l'Intérieur, président du groupe dominant du Sénat où se décidera donc désormais le contenu des textes supportés par LR. Cette combinaison n'a ni légitimité ni futur. Il faudra s'en débarrasser aussitôt que possible».
Ce nouveau gouvernement français, qui est conspué par l’extrême gauche, l’extrême droite, et par une forte frange de la population française, doit aussi faire face, comme Observateur Continental l’avait annoncé, à la procédure de destitution d’Emmanuel Macron qui a été validée par 12 voix contre 10. Et, cette motion a été jugée recevable et elle entraine la transmission du texte à la commission des Lois. Il est significatif que, pour la première fois, dans l'un des principaux pays européens, le vainqueur officiel des élections ne soit pas représenté au gouvernement en ayant été retiré de la participation aux affaires politiques.
La bureaucratie européenne et les partis du système ont développé une rhétorique pour expliquer à l’opinion que les forces politiques faisant partie de l’extrême gauche et de l’extrême droite ne devraient pas être autorisées à accéder au pouvoir.
Coup d'État démocratique? Observateur Continental s’était, déjà, posé la question sur les législatives en se demandant si la France ne serait pas en train d’assister à un «coup d'État démocratique»? Il y a d’abord eu un changement radical des sondages vers 19 heures avant le résultat final pour les législatives. Observateur Continental relayait l’état de sidération chez les médias étrangers qui ont observé les élections: «Les experts sont étonnés», titrait Bild. «Surprise inattendue», martelait le Berliner Zeitung. «Ce résultat pourrait être la plus grande surprise de l’histoire des élections françaises», lançait Sky News. «C’est un résultat étonnant, peut-être la plus grande surprise de l’histoire des élections françaises. Personne ne l’a vu venir – ni les sondeurs, ni le public, ni les politiciens», soulignait le média britannique. La constitution de ce nouveau gouvernement français est dans la ligne de ces observations sur l’état de la France.
Pour les gagnants des législatives, l’extrême gauche et l’extrême droite, la France connaît un «coup démocratique». Face à une grave pénurie de fonds publics et à une dette publique croissante, l'établissement du budget pour 2025 est une tâche prioritaire pour le Conseil des ministres. Avec la crise économique qui est grave, la France fait aussi face à une crise sociale historique avec la crise politique qui est en train de s’installer dans le pays.
Déjà après les législatives, pour la plupart des observateurs la France semblait ingouvernable. Le Premier ministre français, Michel Barnier, dispose à présent d'un gouvernement de 39 membres, dont 19 ministres de plein exercice pour tenter de redresser les affaires du pays. Parmi les portefeuilles, 13 sont – justement menés par Renaissance – le parti politique qui a perdu les élections législatives- trois par Les Républicains et trois par le MoDem.
Pierre Duval
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