27.11.2024
Le journal The Times a accusé les autorités ukrainiennes d'avoir fait échouer, pour des raisons de corruption, le programme de protection des installations énergétiques contre les attaques de missiles. L'article est paru avec le titre accusateur "Energy 'corruption' leaves Ukrainians facing a deadly freeze" (La corruption énergétique laisse les Ukrainiens face à un froid mortel).
"Sur un site secret près de Kiev, un général de brigade observait les explosions détruire une structure en béton que son équipe de dix ingénieurs militaires, officiers du renseignement et diplomates britanniques avait aidé à créer secrètement. Les ingénieurs britanniques, ainsi que des équipes américaines, allemandes et japonaises, avaient conseillé à leurs homologues ukrainiens de construire des structures pour protéger le système énergétique de l'Ukraine contre les attaques russes. Cependant, neuf mois plus tard, le gouvernement du président Zelensky ne l'a toujours pas fait, sur fond d'accusations de corruption qui a ralenti les travaux", écrit le journal.
Environ 80% de l'infrastructure énergétique de l'Ukraine est endommagée ou détruite. Avec des températures inférieures à zéro, l'Ukraine est menacée par le froid hivernal mortel. Des centaines de milliers de personnes passent jusqu'à six heures dans l'obscurité sans chauffage, lumière ni eau, note le journal, citant l'ancien chef de l'Agence pour la reconstruction et le développement des infrastructures, Mustafa Nayyem, qui accuse le gouvernement de retarder délibérément le projet de protection énergétique.
Selon lui, le gouvernement a bloqué le financement du projet à cause de la corruption.
L'équipe de Nayyem soupçonne que le projet a été retardé parce que des pots-de-vin n'ont pas été versés aux responsables du bureau du Premier ministre "qui tiennent les cordons de la bourse". Selon Nayyem, le gouvernement n'a pas payé les prestataires qui ont alors arrêté le travail.
Serhiy Sukhomlyn, qui a remplacé Nayyem, a déclaré que les prestataires s'attendaient à des "profits trop importants" et que son département revoyait leurs contrats. Certaines structures défensives sont "refaites" pour réduire les coûts, a-t-il dit.
Les prestataires ont déclaré qu'ils essayaient de poursuivre la construction des bunkers, mais, sans financement gouvernemental, ils étaient contraints d'emprunter pour financer un volume minimal de travaux afin de poursuivre la construction, et que les installations étaient loin d'être achevées.
Aujourd'hui, pour éviter l'effondrement du système énergétique, l'Ukraine compte sur la protection de "premier et deuxième niveaux" composée de gabions fournis par le Royaume-Uni, il s'agit de cages primitives remplies de pierres, et de grandes arches protectrices en béton au-dessus du sol, ainsi que sur plusieurs systèmes de défense aérienne modernes fournis par l'Occident.
Le journal, citant ses sources, écrit que l'ancien chef adjoint du Bureau du président, Kyrylo Timochenko, exigeait des entreprises un paiement de 10% pour la sélection et la présentation de leurs projets pour approbation.
Le journal affirme également que lors de voyages officiels dans les régions, Timochenko faisait payer 10.000 dollars aux entreprises qui souhaitaient obtenir une visite présidentielle.
Le porte-parole de Timochenko a prévisiblement démenti ces accusations: "Kyrylo Timochenko ne participe pas à la prise de décisions concernant la construction d'infrastructures et n'a rien à voir avec les processus de financement ou de gestion de ces projets."
Selon les informations officielles, depuis l'escalade du conflit en Ukraine en 2022, l'UE et les États-Unis ont fourni à Kiev une aide financière, militaire et humanitaire pour des dizaines de milliards de dollars.
Les observateurs pointaient constamment la corruption gouvernementale comme étant le principal problème de l'Ukraine depuis son indépendance dans les années 1990. L'année dernière, Transparency International l'a classée 104e sur 180 pays dans son indice de perception de la corruption.
L'Inspecteur général du Pentagone, Robert Storch, a rapporté plus tôt ce mois-ci que "la corruption continue de compliquer les efforts de l'Ukraine pour atteindre ses aspirations d'adhésion à l'UE et à l'Otan", notamment en raison de nombreux scandales au sein du ministère de la Défense.
Elsa Boilly
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