Des responsables politiques genevois ont demandé au gouvernement helvétique de délivrer un visa humanitaire au fondateur de WikiLeaks.
Le canton de Genève pourrait demander à la Confédération qu'elle délivre un visa humanitaire à Julian Assange. Le fondateur et journaliste d'investigation de WikiLeaks, âgé de 48 ans, est actuellement détenu dans la prison britannique de de haute sécurité de Belmarsh au Royaume-Uni, un centre pénitentiaire réputé pour détenir des criminels et des djihadistes.
Jean Rossiaud, député des Verts au Grand Conseil genevois, est à l'origine de cette demande de visa humanitaire et il a d'ailleurs confirmé à la télévision alémanique SRF avoir rencontré le conseiller d'Etat genevois Mauro Poggia pour lui soumettre son projet. Le magistrat lui a apporté son soutien.
D'autres députés ont également déposé avec Jean Rossiaud, auprès du Grand Conseil genevois une proposition de résolution inviter le gouvernement genevois à agir auprès de Berne. Le texte devrait peut-être être discuté lors de la prochaine séance parlementaire.
John Shipton, le père du journaliste d'investigation a aussi rencontré Mauro Poggia avec Jean Rossiaud. Un entretien a eu lieu sur la possibilité d'admettre Julian Assange dans un hôpital universitaire de Genève (HUG) car l'état de santé du journaliste s'est fortement dégradé.
Nils Melzer, le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture, s'est lui-même inquiété pour Julian Assange qui est détenu en confinement depuis avril 2019 même si la direction de la prison dit avoir décidé de stopper sa situation d'isolement. Nils Melzer soulevait des soupçons selon lesquels Assange aurait été drogué lors de ses interrogatoires.
Les Etats-Unis réclament l'extradition de Julian Assange et ont dressé 17 chefs d'inculpation contre lui et un tribunal britannique doit statuer à partir de la semaine prochaine sur son extradition.
Jean Rossiaud a souligné que la Suède a classé les enquêtes pour inconduite sexuelle, voire viol, visant Julian Assange en expliquant que plus aucune charge ne pèse sur lui: «On ne peut pas reprocher au fondateur de WikiLeaks d'avoir dénoncé des crimes de guerre commis par l'armée américaine en Irak notamment». Le député écologiste a rappelé que «si Julian Assange est extradé aux Etats-Unis, il risque la prison à perpétuité, ou pire, la peine de mort».
Laurent Paoliello, le porte-parole de Mauro Poggia, a toutefois fait savoir que dans ce dossier la décision finale appartient à la Confédération.
Le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) a expliqué qu' un visa humanitaire peut être délivré si «la vie ou l'intégrité physique d'une personne est directement, sérieusement et concrètement menacée dans son pays d'origine ou dans le pays de provenance». La personne doit se trouver dans une situation d'urgence qui rend l'intervention des autorités «absolument nécessaire et justifie l'octroi d'un visa». Cependant pour qu'une demande soit prise en considération, Julian Assange ou son avocat doit déposer une demande à l'ambassade de Suisse à Londres.