Les 4 et 5 mars, l'agence de l'Onu en charge de la propriété intellectuelle élit son directeur général. Washington, ayant vu d’autres organisations passer sous direction chinoise, veut empêcher l’élection de la candidate de Pékin.
L’élection du nouveau directeur général de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), agence de l’ONU chargée de la régulation des brevets et des droits d’auteurs dans le monde, qui doit se tenir les 4 et 5 mars tourne au «feuilleton diplomatique». Parmi les sept candidats, il encore dans la course, Daren Tang, le patron de l’agence satellite de l’OMPI de Singapour et la Chinoise Wang Binying, actuelle numéro deux chargée du secteur des marques, des dessins et des modèles sont toujours en piste.
Cette dernière candidature a provoqué la colère de Washington qui a décidé de miner le sentier à Wang Binying, qui pourtant cumule près de trente ans de fonction à l'OMPI sans avoir fait parler d'elle. L' expert américain de politique étrangère, Josh Rogin, a déclaré: «Ce n’est pas introduire le loup dans la bergerie, c’est carrément mettre le cambrioleur à la tête de la banque».
La déclaration de l'expert américain s'explique par le fait qu' à Washington les responsables sont sur les nerfs en raison de la candidature chinoise. Les Etats-Unis craignent que Wang Binying puisse être une taupe ou le cheval de Troie qui pourrait donner à Pékin les serveurs qui abritent des millions de brevets. Les craintes américaines semblent se baser sur les déclarations récentes de Peter Navarro, conseiller de Donald Trump pour le commerce et auteur de pamphlets antichinois. Ce dernier s’est fendu d’une tribune dans le Financial Times dans laquelle il estime que les vols de la propriété intellectuelle par la Chine coûtent entre 225 et 600 milliards de dollars (entre 203 et 543 milliards d’euros) par an à l’économie américaine.
Pour empêcher le succès de la candidature chinoise, la Maison Blanche utilise son réseau diplomatique américain pour faire poids dans cette élection. D'après Pekin, les services américains n’hésiteraient pas à menacer d’annuler des prêts auprès de la Banque mondiale ou du Fonds monétaire international pour faire pression. Le département d’Etat, qui est très friand d'une diplomatie transactionnelle, menacerait aussi de réduire ses relations au minimum avec les pays qui ne soutiendraient pas le candidat de Singapour.
Ces pressions sont une violation de la procédure prévue par l’OMPI pour élire un candidat au poste de Directeur général de l'agence de l'Onu comme indiqué dans la procédure de désignation