«Le 29 janvier 2019, j'ai poussé un cri de détresse mais en vain (...) pour qu'ils viennent à mon aide auprès du préfet en vue d'être régularisé», indiquait le réfugié rwandais, Emmanuel A., dans un courrier envoyé à des membres du diocèse avant l'incendie.
Le bénévole du diocèse, qui a avoué avoir mis le feu à la cathédrale de Nantes, avait gagné la confiance de tous jusqu'à son acte. Il était décrit comme un homme «courtois», marqué par l'histoire de son pays d'origine, le Rwanda.
Avec ces révélations, les religieux et les fidèles qui le fréquentaient au quotidien se trouvent sous le choc.
Le recteur de la cathédrale, Hubert Champenois, en apprenant les aveux du réfugié rwandais de 39 ans mis en examen dimanche pour «destructions et dégradations par incendie» a dit: «Je suis désarmé, je suis désolé» devant ce qu'il «s'est passé, dans la tête et dans l'attitude d'Emmanuel».
Lorsque ce bénévole chargé de fermer la cathédrale avait été placé en garde à vue avant d'être relâché faute de preuves le 19 juillet, le père Champenois avait assuré avoir «confiance en lui comme en tous les collaborateurs».
Après que les enquêteurs aient notamment identifié des «traces d'un produit inflammable» dans l'édifice, le bénévole, arrêté une seconde fois, a été «soulagé» d'avouer, selon son avocat Quentin Chabert, qui évoque un homme «coopérant», «apeuré» et «en quelque sorte dépassé».
Hubert Champenois, évoquant un geste «dramatique pour tout le monde», estime qu' il a certainement été «marqué par les événements qui ont marqué son pays».
Selon le procureur de la République de Nantes, Pierre Sennès, précisant qu'une «expertise psychiatrique sera ordonnée», le réfugié rwandais - qui «ne s'est pas étendu en détails sur ses motivations» - avait reçu en novembre 2019 une «obligation de quitter le territoire». Sa situation administrative serait, d'après le contenu d'un mail dont le quotidien Presse-Océan a publié des extraits, à l'origine de frustrations. Le réfugié du Rwanda y explique se trouver dans «un cercle vicieux déplorable».
Des fidèles de Nantes décrivent un homme qui «était digne de confiance», mais «à la fois doux et souffrant». Michel Boursier, l'un des organistes du grand orgue détruit par les flammes, parle de quelqu'un «de charmant, de calme, apparemment très raisonnable, courtois et sympathique» et «digne de la confiance». L'extrême droite, elle, voit encore la preuve que les réfugiés doivent être renvoyés dans leur pays d'origine.