Ce vendredi 4 septembre, le Conseil de l'Europe a réclamé de nouveau la «libération immédiate» d'Osman Kavala, mécène turc défenseur des droits de l'homme, après une décision définitive de la CEDH condamnant la Turquie pour cette détention pour le «réduire au silence».
L'institution a, dans un communiqué, annoncé que «le Comité des Ministres du Conseil de l'Europe a exhorté la Turquie à garantir la libération immédiate de l'homme d'affaires». Mehmet Osman Kavala, soupçonné de «tentative de renversement du gouvernement» pour avoir soutenu des manifestations antigouvernementales en 2013, avait été arrêté le 18 octobre 2017 à Istanbul et placé en détention.
La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) avait estimé en décembre 2019 que sa détention avait lieu «en l'absence d'éléments de preuve à charge suffisants» et poursuivait en fait un autre objectif consistant à «le réduire au silence et intimider d'autres défenseurs des droits de l'homme». Elle avait requis sa libération immédiate. Le 11 mai dernier, la décision de la CEDH est devenue définitive lorsque l'appel des autorités turques a été rejeté.
La justice turque avait, en février 2020, finalement acquitté Mehmet Osman Kavala et ordonné sa libération. Avant même de pouvoir quitter la prison, il avait, cependant, été placé en garde à vue dans le cadre d'une autre enquête qui portait sur la tentative de coup d'Etat de juillet 2016. Une nouvelle fois, il avait été placé en détention. Puis, une troisième série de chefs d'inculpation a été prononcée à son encontre le 9 mars.
Le Comité des Ministres du Conseil de l'Europe a, soulignant «l'urgence» de la situation, déjà annoncé son intention de «reprendre l'examen de cette affaire» du 29 septembre au 1e octobre lors d'une prochaine réunion. Le président de la CEDH, Robert Spano, en visite à Ankara, avait rappelé jeudi au chef de l'Etat turc Recep Tayyip Erdogan «l'obligation des Etats d'exécuter les arrêts de la Cour».
Le Conseil de l'Europe avait déjà réclamé en mai la libération d'Osman Kavala, soulignant, outre les aspects légaux, que le détenu se trouvait exposé au Covid-19. L'homme d'affaires et philanthrope est devenu le symbole de la répression organisée contre la société civile en Turquie, surtout depuis une tentative de putsch en 2016 suivie de purges massives. Jamais libéré depuis octobre 2017, date de son arrestation, il a passé plus de 1050 jours en détention.