Se trouvant à la tête du pays de 1968 à 1991, condamné à mort en 1992 et en 1999, l'ancien chef de l'Etat malien est décédé à 83 ans dix jours avant son 84e anniversaire et sept jours avant la proclamation de l'indépendance du Mali à Bamako.
Son neveu Mohamed Traoré a déclaré à l'APF ce mardi: «Moussa Traoré est décédé ce jour à 12h05 chez lui à Bamako. Nous sommes vraiment en deuil». Les raisons du décès de l'ancien général, qui avait été condamné à mort par deux fois après sa chute, ne sont pas connues. Il avait déclaré, en tant que militaire, qu'il était «préparé à l'idée de ne pas mourir dans son lit».
Moussa Traoré, né le 25 septembre 1936 à Sébétou dans la région de Kayes n'était qu'un lieutenant-instructeur à l'école militaire de Kati (à 20 km au nord de Bamako) quand il se prépare à prendre la tête d'un groupe d'officiers prêts à renverser le président Modibo Keïta, au pouvoir depuis l'indépendance du pays en 1960. Ce premier coup d'Etat a lieu le 19 novembre 1968. Un an plus tard, Moussa Traoré devient président de la République. Lui-même sera renversé le 26 mars 1991 par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré.
Les années Traoré à la tête du Mali sont marquées par les arrestations d'opposants, la répression des manifestations, les décès suspects comme celui de l'ancien président Modibo Keïta en détention, ainsi que, par exemple, les accusations de détournement de l'aide internationale qui rattraperont cet homme qui coulait en fait une retraite paisible.
Avant de jouer un rôle important dans les crises sénégalo-mauritanienne et tchado-libyenne, ainsi qu'entre les parties belligérantes au Liberia, il a présidé le Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (1980-83), puis l'Organisation de l'unité africaine (OUA) en 1988-1989. En janvier 1990, il avait même obtenu un accord de paix avec la rébellion armée des Touaregs du Mali, auxquels il a consenti d'importantes concessions.
Son décès survient aussi alors que son pays, plongé depuis des années dans une profonde crise sécuritaire, économique et politique, vient de connaître son quatrième coup d'Etat depuis l'indépendance et cherche avec difficulté les suites à donner au putsch du 18 août.