Mercredi, la Chambre haute française est devenue, la première instance officielle dans le monde à reconnaître la république autoproclamée du Haut-Karabakh, bien que l'indépendance de cette enclave peuplée d'Arméniens en Azerbaïdjan ne soit même pas reconnue par Erevan et qu'elle ait perdu les trois quarts de son territoire, conquis par Bakou après six semaines de combats meurtriers.
Le projet de résolution, qui n'a pas de valeur contraignante envers l'exécutif français, a été voté par 305 voix pour, une seule contre et 30 abstentions à la Chambre haute, dominée par l'opposition de droite. Cinq des 8 présidents de groupe, l'avait cosigné: Bruno Retailleau (LR), Hervé Marseille (centriste), Patrick Kanner (PS), Eliane Assassi (CRCE à majorité communiste) et Guillaume Gontard (écologiste).
Le patron du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau a indiqué que le texte voté au Sénat qui «invite le gouvernement à reconnaître la République du Haut-Karabakh», vise à faire de cette reconnaissance «un instrument de négociation en vue de l'établissement d'une paix durable». Ces négociations n'ont toutefois aucune chance d'être lancées au vu de la réalité militaire sur le terrain. Bakou a reconquis les trois quarts du Haut-Karabakh qu'il considère comme faisant partie de son territoire depuis qu'il lui a été rattaché en 1921 au début de l'URSS.
En 1994, après un conflit victorieux sur l'Azerbaïdjan qui avait fait 30.000 morts dans les décombres de l'URSS, la république du Haut-Karabakh a été auto proclamée. Après les conquêtes de l'armée azérie, équipée de manière puissante avec l'argent du pétrole et le soutien de la Turquie au nom de la solidarité entre pays musulmans, cette république est désormais réduite à un carré de 35 km de côté et se trouve seulement reliée à l'Arménie par un mince corridor sous contrôle russe. Cette république n'est, surtout, reconnue par personne, même pas par l'Arménie qui souhaitait de cette non demande en faire un joker dans des négociations avec Bakou.
Les sénateurs d'En Marche n'ont pas pris part au vote, étant d'avis que s'ils partagent les motivations du texte de l'opposition, une reconnaissance unilatérale serait «porteuse de difficultés supplémentaires». D'après Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d'Etat, la reconnaissance du Haut-Karabakh ferait perdre à la France «toute capacité d'influence» et Paris «ne serait plus d'aucun secours pour ceux-là même auxquels vous voulez porter secours». L 'Azerbaïdjan et son allié turc accusent maintenant la France de ne pas être impartiale en raison du poids de la diaspora arménienne et des relations tendues entre le président Macron et le régime turc.
Les députés LREM et les sénateurs associés du groupe RDPI ont déposé au même moment leur propre projet de résolution, mais ayant une envergure plus limitée qui , en particulier, appelle «tous les acteurs régionaux, et surtout la Turquie, à s'abstenir de toute ingérence, déclaration ou action belliqueuse».