Les dirigeants de l'UE n'ont pas réussi à s'entendre sur les candidatures aux principaux postes en UE. Un sommet informel s'est déroulé à Bruxelles, où les politiciens européens ont évoqué les candidats éventuels pour diriger les principales institutions de l'Union. Ces postes clés sont au nombre de quatre: le président de la Commission européenne, qui dispose des plus larges pouvoirs, le président du Parlement européen, le président du Conseil européen et le haut représentant de l'Union aux affaires étrangères.
Le mandat des occupants actuels de ces postes expire cet automne. Mais pour l'instant les dirigeants européens ne parviennent même pas à tomber d'accord sur les candidatures à ces postes. Le principal débat s'est déroulé autour de celui ou celle qui succédera à Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne. Les premiers différends sont survenus entre Angela Merkel et Emmanuel Macron. Les présidents de la Hongrie, de la Pologne et de l'Italie se sont immédiatement immiscés en déclarant que c'était à eux d'en décider, puisque seulement dans leurs pays les législatives européennes ont été reportées par la majorité au pouvoir.
Pour finir, les députés déjà élus ont jeté de l'huile sur le feu en déclarant fermement qu'ils seraient les seuls à décider qui sera nommé aux postes clés, et que les dirigeants européens devaient se calmer, se résigner et accepter leur décision.
La confrontation était si dure que les dirigeants européens n'ont tout simplement pas osé discuter des candidatures concrètes. Il a été décidé de reporter cette question à juin, quand au prochain sommet de l'UE le président du Conseil européen Donald Tusk présentera les candidats pour son propre poste, pour le poste du chef de la Commission européenne, du chef de la diplomatie européenne et de la Banque centrale européenne.
Donald Tusk, président du Conseil européen: «Le Conseil européen remplira son rôle dans l'élection du chef de la Commission européenne conformément au traité. Le chef de la Commission européenne ne sera pas désigné automatiquement via la procédure de têtes de listes («Spitzenkandidat»). Dans le même temps, personne ne peut être exclu du processus. Être un «Spitzenkandidat» ne disqualifie pas, au contraire cela peut accroître les chances.»
Angela Merkel, chancelière de l'Allemagne: «Nous n'avons pas parlé de noms concrets. J'ai également eu un entretien bilatéral avec Emmanuel Macron. On sait qu'il ne soutient pas le principe du «Spitzenkandidat», mais nous devons tous accepter la situation telle qu'elle est. Il est évident que le Parti populaire européen est le groupe le plus fort au parlement, mais il ne possède pas la majorité des voix. Chacun devra revoir sa position, mais il est important que nous conservions notre capacité d'agir.»
Qui sont les principaux prétendants au poste de chef de la Commission européenne? Angela Merkel insiste sur le président du groupe PPE Manfred Weber, qui est connu pour l'instant seulement pour son opposition, contrairement à la chancelière, à la construction du gazoduc Nord Stream 2. Les socialistes (la deuxième force au Parlement européen) exigent de nommer à ce poste le commissaire européen Frans Timmermans. Enfin, la fraction libérale, qui a augmenté le nombre de ses sièges de 40 députés grâce à la liste du président Emmanuel Macron, voudrait que ce poste revienne à la Danoise Margrethe Vestager.
Emmanuel Macron, président de la France: «La clé est que les gens qui seront aux postes les plus sensibles partagent le projet, qu'ils soient les plus charismatiques, inventifs, compétents possible. C'est tout. Je n'ai pas d'autres critères. Sur les quatre postés clés nous devons en fin de compte trouver un équilibre. Il est important pour moi d'assurer un équilibre hommes-femmes, pour qu'il y ait deux hommes et deux femmes, ainsi qu'un équilibre géographique et d'affiliation politique.»
Le premier ministre du Luxembourg Xavier Bettel a indiqué que les dirigeants de l'UE ne s'étaient pas réunis pour élire Miss ou Mister Europe. Mais ces propos sont restés une bonne plaisanterie, ses collègues de l'UE sont disposés à se battre jusqu'au bout et à ne faire aucun compromis. D'où une question logique: quelle est l'utilité des élections au Parlement européen quand les nouveaux députés sont exclus du processus de prise de décisions?