Emmanuel Leroy, analyste politique, conférencier, politologue et dissident français, figure engagée dans l'aide humanitaire dans le Donbass et en Syrie a donné une interview à l'Institut SITA (site géopolitique libanais) sur le résultat des élections européennes.
Quelles vont être les conséquences de ce vote?
E.L: Il est clair que les partis politiques traditionnels de «droite» et de «gauche», tout du moins en France, n’ont plus de légitimité. Je crois que les Français ont enfin compris que ces partis leur ont menti pendant des décennies en promouvant l’idéologie mondialiste et l’ouverture des frontières à la libre circulation des hommes et des marchandises qui devait assurer leur bonheur et qui n’a apporté que la ruine. La vision du monde libérale, soutenue par les partis du Système, de gauche et de droite, est aujourd’hui parfaitement incarnée par LREM (La République en Marche) qui représente désormais le parti des profiteurs de la mondialisation - essentiellement les habitants des grandes villes – qui ont pour la plupart abandonné le Parti socialiste (PS) et Les Républicains (LR) pour soutenir le mouvement d’Emmanuel Macron. Désormais, ceux qui continuent à profiter véritablement de la mondialisation représentent environ 22% des Français et soutiennent la majorité présidentielle et ceux qui rejettent cette politique représentent les 78% restant avec une forte composante populiste, principalement incarnée par le Rassemblement national de Marine le Pen avec plus de 23% des suffrages.
Dans un premier temps tout du moins, rien ne bougera. Le Président de la république et son Premier ministre ont d’ailleurs annoncé l’un et l’autre, qu’ils garderont le cap qu’ils se sont fixé et que leur programme ne serait pas modifié par le résultat de ces élections. D’autre part, le Rassemblement national, s’il est bien devenu en nombre de voix le premier parti de France est loin d’avoir l’influence politique qu’il devrait avoir, car il est très mal implanté dans les lieux de pouvoir, qu’ils soient politiques ou syndicaux, médiatiques ou financiers.
Fin de l'Union européenne?
E.L: Je ne crois pas en revanche que cette élection constitue la fin de l’Union européenne car au niveau européen, même si les vieux partis du Système ont subi une érosion, ils restent néanmoins en position dominante au Parlement européen, et ils pourront poursuivre la même politique de dérèglementation libérale qu’ils pratiquent depuis de longues années. Leur majorité est désormais relative dans les instances européennes, mais ils sauront trouver les alliances nécessaires pour faire avancer leurs projets. Les populistes à Bruxelles se sont en revanche renforcés mais ils pourront au mieux tenter de freiner et de gêner le travail de la Commission européenne, mais ils n’arriveront pas à imposer leurs vues, notamment sur les questions de l’immigration ou de la libéralisation de l’économie. Pour répondre à votre question de manière lapidaire, je dirais que l’Union européenne n’est pas morte, mais elle a pris du plomb dans l’aile.
Enfin le réveil des peuples européens? Mise en cause de la façon de gouverner l'Europe et la manière d'élaborer les lois?
E.L: Les peuples européens semblent se réveiller en donnant parfois des majorités aux partis populistes, mais ce sursaut n’est pas encore suffisant pour renverser le cours des choses. Il faudra encore beaucoup d’épreuves pour que les peuples en Europe comprennent véritablement que l’Union européenne n’a pas été construite pour faire leur bonheur mais qu’elle a été construite par les puissances atlantistes pour empêcher que se constitue un bloc sur le continent eurasiatique ce qui serait le cauchemar absolu pour Washington. Quant à votre question sur la façon de gouverner l’Europe, les vieux partis du Système sauront s’allier avec leurs supplétifs écologistes pour poursuivre la même politique qui vise à briser les nations, leur cadre de vie et les traditions des peuples européens.
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