Edouard Snowden, le célèbre lanceur d’alerte, celui qui a dénoncé le contrôle de la NSA sur nos communications et déplacements, réfugié en Russie et inculpé en 2013 par le gouvernement américain, sous les chefs d’accusation d’espionnage, vol et utilisation illégale de biens gouvernementaux, a pris la parole pour dénoncer la mise en service des applications de géolocalisation pour traquer les contaminés et les non contaminés au Covid-19.
Edward Snowden, déclare dans un entretien au média israélien Yediot Aharonot que «ce que fait Netanyahou en utilisant les bases de données du Shin Bet est plus dangereux que le Covid-19», car «l’idée que Netanyahou ou que n’importe quel gouvernement puisse actionner un interrupteur pour localiser les personnes infectées par le coronavirus est intolérable».
«L’humanité n’a jamais fait face à une telle capacité technologique pour la surveillance comme elle le fait aujourd’hui et nous sommes en train d’assister passivement à la construction de l’architecture d’oppression», continue Snowden. «Il est très surprenant que le public israélien ne comprenne pas à quel point que des données comme celles-là, qui puissent se retrouver entre les mains du Shin Bet, soient dangereuses. Certes, Israël est un pays en guerre, mais il faut se rappeler qu’une grande partie de la population israélienne est en Israël à la suite d’une tragédie, une atrocité intentionnelle qui a été alimentée par l’abus de documents publics détenus par les nazis en Allemagne», s'interroge le lanceur d’alerte.
«Dans toute crise, que ce soit le terrorisme, la guerre ou une question de santé, les gouvernements cherchent une justification pour s’autonomiser et étendre leurs pouvoirs. Et donc le gouvernement Netanyahou n’attend même pas d’avoir l’approbation du Parlement, mais déclare simplement qu’il est déjà en cours de mise en œuvre», souligne Snowden et affirme que «la crise du Covid-19 a été aggravée par les défaillances des systèmes de santé de divers pays».
Selon lui, il est déjà clair que l’épidémie «a été affrontée trop tard et de manière très imparfaite. C’est pourquoi les autorités préfèrent utiliser des méthodes comme celle-ci et les justifier par leur ‘’efficacité’’. Mais le prétexte d’efficacité était au centre de la croissance des pires régimes du siècle dernier».
Le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF) écrit sur son site internet: «Le Shin Bet (service de sécurité intérieure israélien) a confirmé au Jerusalem Post qu'il avait commencé la surveillance des citoyens infectés par le coronavirus».
Les dirigeants du Parti Bleus Blancs Benny Gantz et Gabi Ashkenazi ont qualifié cette décision de «manquer de transparence» et d'être un «vol politique». La députée travailliste-Meretz Merav Michaeli a critiqué plus fortement la décision, qui, selon elle, a été faite pour servir Benjamin Netanyahou et non pour servir la lutte contre le Covid-19: «Les citoyens d'Israël ne sont pas des terroristes»; «rien ne justifie de telles mesures extrêmes et dangereuses».
Benjamin Netanyahou, faisant référence à l'Italie et à d'autres pays, soutient la mise en place rapide de l'application pour contrôler rapidement toute la population «parce que la pandémie se propage à un rythme incroyablement rapide» et que «le report de l'utilisation de ces outils pourrait provoquer la mort d'un très grand nombre d'Israéliens». Le Premier ministre a donc publié une déclaration défendant la décision de son gouvernement d'autoriser la surveillance du Shin Bet des citoyens concernant le Covid-19.
Il est à noter que le député français Meyer Abib, actuellement confiné en Israël soutient dans un Tweet le dépistage massif et le contrôle par la géolocatisation: «Urgence! Faire un dépistage massif et contrôler par géolocalisation les porteurs du Covid-19».
Le fait que le monde occidental dans sa totalité mette en place le contrôle numérique des êtres humains a poussé l'ex-consultant de l'Agence américaine de sécurité (NSA) Edward Snowden à demander la prolongation d'un permis de séjour pour une nouvelle période de trois ans en Russie. Selon son avocat russe Anatoli Koutcherena, la question de l'obtention de la nationalité russe n'a pas été discutée pour le moment.
Olivier Renault