L’annulation de l’élection européenne de 2005 et la surmédiatisation en faveur d'Emmanuel Macron ont vite été oubliées par les mêmes élites politiques actuelles et les média qui accusent la Biélorussie d'avoir truqué ses élections.
«Le président sortant de Biélorussie, Alexandre Loukachenko, a été reconduit pour un sixième mandat, dimanche 9 août, à l’issue d’un scrutin dénoncé comme frauduleux par l’opposition lors de manifestations réprimées par les forces de l’ordre», écrit Ouest-France https://www.ouest-france.fr/europe/bielorussie/bielorussie-un-mort-et-des-dizaines-de-blesses-apres-la-victoire-de-loukachenko-a-la-presidentielle-6933193. Et en Union européenne?
Angela Merkel est chancelière depuis le 22 novembre 2005 et se lance sur la même voie qu’Alexandre Loukachenko qui, lui, entame sa sixième élection comme président. Pourtant, les média français ou d'autres pays se trouvant sous le parapluie de l'Otan, ciblent seulement le président biélorusse en le dénonçant d'occuper trop longtemps son poste tel un despote. La Biélorussie à côté de l’Allemagne fait figure d’une petite province. Angela Merkel est ses près de quinze ans de règne à la tête du pays le plus puissant de l’Europe, cela a du poids. Pour les élections non respectées selon les règles démocratiques, ces média et responsables politiques de l'Union européenne, peuvent repasser car les chefs politiques d’Etats de l’UE restent aussi trop longtemps en poste ou usent du jeu de chaises musicales, comme, par exmple, Von der Leyen.
Pour rappel, comme l'écrit 20Minutes https://www.20minutes.fr/politique/1618475-20150528-non-referendum-europeen-dix-ans-apres-enseignements-tirer , «le 29 mai 2005, les Français rejetaient largement par référendum le projet de traité constitutionnel européen. Avec 54.67 % des votes, le «non» entraînait l’Union européenne dans une crise majeure. En 2007, Nicolas Sarkozy faisait ratifier le traité de Lisbonne, peu ou prou identique, par voie parlementaire», sans l’avis du peuple français et en annulant son vote. La France n'a pas respecté le choix du peuple français.
L'Allemagne, elle, n'avait pas invité ses citoyens à participer au vote sur le traité constitutionnel européen en 2005. Les média allemands se taisaient lourdement sur ce viol démocratique. Pourtant, c'est aujourd'hui, l'ancienne ministre allemande de la Famille et de la Défense, l'actuelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, CDU, qui a condamné ce lundi 10 août «la répression en cours en Biélorussie» et réclamé un décompte «exact» des votes exprimés pour la présidentielle. Sur Twitter, précise Ouest-France, elle a demandé à compter les votes: «Le harcèlement et la répression violente des manifestants pacifiques n'ont pas leur place en Europe. J'appelle les autorités du Bélarus à veiller à ce que les votes de l'élection d'hier (dimanche) soient comptés et publiés avec exactitude». Ouest-France parle d'une victoire écrasante par «le régime» de Loukachenko. Et le «régime» de Merkel? Ou le régime de l’UE?
«Un sommet extraordinaire de l'UE consacré aux relations internationales doit avoir lieu les 24 et 25 septembre prochains. La situation en Biélorussie devrait y être évoquée», tambourine Ouest-France. Ce même quotidien, qui est à l'image de la masse des autres média en France, s'est bien tenu d'avoir dénoncé les violences de l'Etat français sous le «régime» d'Emmanuel Macron lors de la répression effectuée sur les Gilets jaunes ou de dénoncer la couverture dominante du candidat alors à la présidentielle française. On se souvient. L'actuel président français, apparaissait alors en titre sur tous les grands média et sur les quotidiens régionaux comme Ouest-France, monopolisant ainsi la communication et la couverture médiatique que pour un seul candidat. C'est bien simple. En rentrant dans un kiosque à journaux,le visage d'Emmanuel Macron, pas encore élu, apparaissait en première page sur tous les journaux français.
Ce lundi, l'Otan, après la déclaration de Ursula von der Leyen et les articles de la presse mainstream contre Alexandre Loukachenko, a pris position dans les élections de l'Etat souverain biélorusse en joignant sa voix aux critiques formulées par l'Union européenne «sur l'honnêteté du scrutin». Le secrétaire général de l'Alliance, Jens Stoltenberg, a annoncé que «les Alliés de l'Otan ont exprimé de sérieuses préoccupations concernant le déroulement de l'élection présidentielle au Bélarus» et rajouté que ««l'Otan condamne la violence contre les manifestants pacifiques. Les droits fondamentaux doivent être respectés, y compris la liberté d'expression et le droit de manifester pacifiquement».
Franchement, les élections européennes, françaises ou allemandes, n'ont rien de mieux à présenter que celles qui viennent d'avoir lieu en Biélorussie avec un président qui cumule. D'ailleurs, Ursula von der Leyen, vous, par exemple, qui cumulez les postes comme ministre, que pensez-vous de la répression menée dans votre pays notamment lors de la manifestation http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=1842 du premier août contre les mesures sanitaires appliquées en raison du Covid-19? Les média du régime -pour reprendre le mot utilisé par Ouest-France- Merkel n'ont-ils pas volontairement sous-estimé le nombre de manifestants? Les opposants n'ont-ils pas été embarqués par la police?
Même si la Biélorussie n’est pas une image parfaite d’une démocratie, la France, l’Allemagne ou l’UE ne le sont certainement pas et ne peuvent pas se hisser comme des éducateurs et gronder un pays souverain comme celui-ci surtout que ce pays n’appartient pas à l’UE.
Olivier Renault
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