Cette année, le général James Mattis a célébré son 70e anniversaire. Il a été à la tête du fameux Commandement central des forces armées américaines entre 2010 et 2013, et de 2017 à 2019 il a occupé le poste de secrétaire américain à la Défense.
Chien, Arabe et deux Mamies
Dans le dos et même dans la presse américaine, lorsque James Mattis était général d'infanterie de marine, il a été surnommé "Mad Dog": chien enragé ou chien fou. Ce surnom lui a été donné pour son attitude impitoyable envers les ennemis et la langue qu'il ne gardait pas dans sa poche: le général s'est souvent permis des déclarations assez dures. Par exemple, que "ses mains le démangeaient pour tirer avec joie sur certaines personnes".
Ce n'est pas le seul surnom de James Mattis, également appelé Monk: moine. C'est dû au fait que malgré son âge aussi avancé il n'avait aucune progéniture ni famille. Le général aurait été soupçonné d'être homosexuel s'il n'avait pas déclaré ceci: "Je serais parti au monastère s'il y avait de la bière et des filles."
Par ailleurs, James Mattis est loin d'être le seul militaire américain haut placé à avoir des surnoms étranges. Par exemple, l'histoire des forces armées américaines connaît déjà deux "Mamies". C'est précisément le surnom attribué au célèbre général de la Guerre civile américaine Robert Lee, ainsi qu'au général Elwell Stephen Otis, connu pour avoir participé aux guerres en Espagne et aux Philippines. Robert Lee était également surnommé "Homme de marbre" pour ses études à West Point.
Si James Mattis était surnommé de chien enragé, son autre contemporain, le général John Abizaid, d'ailleurs le seul militaire américain aussi haut placé d'origine arabe (originaire de Jordanie), a été surnommé "Mad Arab". Âgé de 69 ans, le général Abizaid a commandé de 2003 à 2007 l'US Central Command. C'est un chef militaire qui a participé aux opérations à la Grenade, en Irak et en Yougoslavie.
Pendant quatre ans, de 2015 à 2019, le Comité des chefs d'état-major des forces armées américaines était dirigé par le Fighting Joe, ou Joe l'agressif – c'est ainsi qu'a été surnommé le général Joseph Dunford. Issue de l'infanterie de marine et général de père en fils, Joseph Dunford a reçu ce surnom pour sa manière de mener les opérations pendant la guerre en Irak en 2003.
Il va encore d'être un Arabe fou, un Joe agressif ou encore un Chien enragé, mais la "vieille tête de bois" c'est assez vexant. Or c'est le surnom attribué au général de la Guerre civile américaine John Bell Hood, qui était considéré comme l'un des chefs militaires les plus braves de la Confédération des Etats du Sud et, d'ailleurs, pas si âgé que cela – il est décédé à l'âge de 48 ans, et il a reçu ce surnom encore bien plus tôt.
Tigre de Malaisie, Loutre et Pêche
Le général de corps d'armée italien Annibale Bergonzoli, qui a commandé pendant la Seconde Guerre mondiale le 23e corps d'armée, n'a pas non plus eu de chance avec le surnom, baptisé "Barbe électrique". Le général de division italien Achilla Starace, Chemise noire et collaborateur proche de Benito Mussolini, a eu plus de chance avec "Homme panthère". Ce qui est bien mieux qu'une "Loutre", surnom du général britannique Orde Wingate, connu pour avoir créé des unités irrégulières spéciales au Moyen-Orient, en Birmanie et en Ethiopie.
Le général japonais Tomoyuki Yamashita avait un surnom plus impressionnant. Ses confrères l'appelaient respectueusement "Tigre de Malaisie", car c'est lui qui commandait les forces japonaises pendant la prise de Malacca, puis a obtenu le poste de gouverneur militaire des Philippines.
Le général américain David Petraeus, qui a dirigé la CIA en 2011-2012, et avant cela il a commandé les troupes américaines en Afghanistan et le Commandement central américain, est surnommé "Peaches" ou "Pêches". Mark Esper, qui a occupé pendant peu de temps le poste de secrétaire à la Défense sous Donald Trump, a reçu le surnom méprisant de "Mister Yes", car il cherchait à ne pas contredire le président et était toujours d'accord avec ce dernier. C'est probablement son absence d'initiative et de son propre avis qui a conduit à une présence aussi brève de Mark Esper à ce poste.
Dans l'ensemble, les surnoms attribués aux militaires haut placés sont dus soit aux particularités de leur personnalité, soit à certains événements importants auxquels ils ont participé. Ces surnoms peuvent être aussi bien respectueux que dédaigneux. Sachant qu'ils sont loin de refléter toujours les véritables succès des généraux au combat.
Alexandre Lemoine
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