Le comportement de Berlin à l'Onu agace certains membres permanents existants du Conseil de sécurité de l'Onu. La diplomatie allemande a-t-elle montré son incapacité à pouvoir obtenir un siège permanent à l'Onu?
Lors de la discussion sur l'aide humanitaire aux Syriens, Christoph Heusgen, le représentant allemand, a violemment attaqué la Chine et la Russie en les accusant d'avoir provoqué la mort de Syriens. Est-ce que l'Allemagne, n'ayant pas encore obtenu son siège permanent à l'Onu, montre déjà son côté agressif, arrogant et dominateur alors qu'elle réclame un siège permanent à l'Onu?
L’Allemagne, qui possède un siège non-permanent, a vivement critiqué le comportement de la Chine et de la Russie en Syrie, provoquant les foudres de ces dernières. Une discussion sur la Syrie a provoqué des échanges vifs entre l’Allemagne, la Russie et la Chine. La violence des propos du diplomate allemand ont été si violents que Moscou et Pékin sont même allés jusqu’à remettre en cause le siège permanent de l’Allemagne, explique 20 Minutes. «Christoph Heusgen, l’ambassadeur allemand, a affirmé qu' ''il est très cynique de déplorer que les biens humanitaires ne puissent pas entrer dans le pays'' après la fermeture en juillet imposée par la Russie et la Chine de points d’entrée en Syrie» en rajoutant qu' «au lieu de se plaindre à chaque fois des sanctions, la Russie et la Chine devraient revenir sur leur décision et autoriser l’ouverture de davantage de points de passage afin que les gens puissent réellement obtenir la nourriture et les médicaments dont ils ont besoin».
Die Welt indique qu' «au Conseil de sécurité de l'Onu, la Russie et la Chine ont attaqué l'ambassadeur allemand avec une violence inhabituelle», en accusant le gouvernement fédéral d'être responsable de la situation humanitaire en Syrie». Du côté allemand, comme rapporté par Die Welt, «il y a un calcul très spécifique derrière l'attaque et le timing».
Du côté de Berlin «il est question d'un différend qui est presque aussi vieux que la guerre civile syrienne, à savoir si un régime meurtrier tel que [Bachar al] Assad, qui enfreint constamment le droit international, est autorisé à contrôler les livraisons d'aide, qui sont également destinées aux sections de la population contre lesquelles [Bachar al] Assad est combattu dans le sang».
L’ambassadeur russe adjoint auprès de l’Onu, Dmitry Polyanskiy a rétorqué que «si le Conseil a laissé tomber la Syrie, c’est la faute des ''comportements hypocrites'' de l’Allemagne et des Occidentaux». Ce dernier a rajouté que «vous avez fait de cette réunion votre chant du cygne (…) mais pour tout vous dire, vous n’allez pas nous manquer» et que «grâce à vous, de nombreux membres de l’Onu, qui, avant, avançaient que l’Allemagne devrait être membre permanent du Conseil de sécurité, se posent maintenant des questions en se demandant si on doit permettre autant de cynisme dans cette enceinte».
Le représentant chinois permanent du Conseil de sécurité de l'Onu, Yao Shaojun, a été encore plus catégorique envers l'Allemagne quand celui-ci a lancé que «l'apparition de l'Allemagne au Conseil de sécurité n'a pas répondu aux attentes du monde et aux attentes du Conseil» et que, par conséquent, «le chemin allemand pour devenir membre permanent serait "difficile"».
L'Allemagne quitte le 31 décembre le Conseil de sécurité après deux ans comme membre non permanent. 20 Minutes rappelle que «durant ces deux années, des confrontations régulières ont eu lieu entre Berlin et Moscou sur le dossier syrien» tout en relatant les accusations de l'ambassadeur allemand, Christoph Heusgen, qui a reproché au Conseil de sécurité son impuissance: «Après deux ans de présence au Conseil de sécurité, nous devons être honnêtes, ce Conseil a laissé tomber le peuple syrien». Le diplomate a accusé la Russie de soutenir, comme rapporté par Die Welt, «non seulement le dirigeant syrien [Bachar al] Assad dans la guerre civile, mais [aussi de] contribuer également à ''la souffrance et la mort'' du peuple lui-même».
Pierre Duval
Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs